mercredi 25 mai 2011
Source Code
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Belote et re. Après l’excellent Moon, le jeune Duncan Jones récidive avec Source Code, un film d’action Dickien qui se passe dans un train.
Problème : soit vous savez de quoi ça retourne, et ça ne sert à rien de le répéter ; soit vous ne savez pas, et ça serait bête de vous ôter ne serait-ce qu’un millimètre de surprise.
Vous irez donc voir Source Code pour la seule et bonne raison que le Professsore vous a dit d’y aller.
Vous pouvez disposer.
samedi 21 mai 2011
Mitterrand-Chirac
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
Paris Première avait eu la bonne idée, il y a quelque temps, de rediffuser Le Choc des Titans, euh, pardon, le débat de 1988 Mitterrand-Chirac.
Ce n’est pas tant du cinéma, c’est plutôt le contraire, c’est l’objet de cette chronique.
Car la mise en scène, volontairement pauvre, ne se réduit qu’a deux plans par candidat, un plan pour le tandem de journalistes (la pauvre Michèle Cotta, et le pompeux Elie vannier, réduits à compter les coups… euh pardon le temps imparti), et c’est tout.
Pas de plans de coupe.
C’est à dire pas de plan sur l’adversaire quand l’autre parle. Interdit. C’est bien dommage. On voudrait voir la mine de Mitterrand quand il se fait démolir par Chirac sur la Nouvelle Calédonie. C’est l’un des rares moments où Chirac est bon, en vrai passionné de cultures primitives (une qualité que l’on découvrira bien plus tard.) On voudrait surtout voir Chirac déconfit quand Mitterrand réplique juste après ; on se demande ce que Mitterrand peut répondre, tant Chirac a prouvé sa connaissance du dossier, sa passion pour le problème Caledonien (11 voyages là bas, tout de même). Cotta vient de donner deux minutes à Mitterrand, et celui-ci, sec comme une trique : « Ce n’est pas la peine de perdre deux minutes pour répondre à de telles bêtises »
Pas besoin de Jean-Pierre Jeunet, quand on a de tels acteurs, et de tels dialoguistes ; Audiard d’un côté « ce soir, vous n’êtes pas Président, et je ne suis pas Premier Ministre. Nous sommes juste deux candidats, devant les français », et Henri Jeanson de l’autre : « Mais vous avez raison M. Le Premier Ministre ! » Ou « Je serai ravi de travailler à ces sujets, avec M. Le Premier Ministre, quand il sera retourné à la vie politique normale, après le 8 Mai. C’est à dire, sans les responsabilités »…
mercredi 18 mai 2011
Le Théorème de Rabillon
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
« Vu le thème rarissime mais combien cher à nos cœurs quand il s’agit d’Antiquité, de Quête Médiévale et d’Epopée Sombre » ; c’est par ces mots que commencent le fameux Théorème de Rabillon, connu aussi comme la Loi de l’Obligation Maximum.
Ledit Rabillon est un ami du Professore, et théoricien CineFaster à ses heures. Pour faire simple, son théorème démontre que si la droite RC (i .e. la Rareté Cinéphilique d’un thème donné) rejoint en un point la droite TF (i.e. la Trajectoire d’un Film sur le même sujet), et quel que soit sa qualité intrinsèque, toutes choses égales par ailleurs, le spectateur est obligé d’aller voir le film en question.
Par exemple quand la droite (Rome/Guerre Punique/Thermopyles/Gladiateurs/Pyramides) rejoint Gladiator, 300, Troie, tu es obligé d’y aller ! Quand la droite Templier/Cathare/Quête du Graal rejoint Le Dernier Templier, Indiana Jones et la Dernière Croisade, Da Vinci Code, tu es obligé d’y aller ! etc…
Même si ce théorème a été élaboré de manière empirique, à base d’échanges avinés, à la sortie d’une « Assiette du Sud Ouest » ou d’une « Calzone 4 fromages » à Bercy Villages, il se trouve qu’il se vérifie toujours.
Sinon, comment expliquer que nous sommes allés voir (et revoir) Dune, de David Lynch ou Le Seigneur des Anneaux remix de M. Jackson ?
mardi 17 mai 2011
Tree of Life, l’Arbre médiatique qui cache la forêt critique
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -
Pour en finir avec ... ]
Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensons de La Ligne Rouge, le chef d’œuvre militaro-rousseauiste de Terrence Malick. Nous avons aussi, ensuite découvert le reste de l’œuvre – parait-il culte – de Malick, Badlands, Les Moissons du Ciel… Comme nous avons dénoncé la pauvreté scénaristique d’Un nouveau Monde.
Nous n’avons pas encore vu Tree of Life, et nous irons le voir, évidemment, mais il est étonnant de voir la propension naturelle de parler d’un film que personne n’a vu. « Nouveau chef d’œuvre », « 2001 de Malick », « œuvre prophétique », : que n’avons nous pas entendu sur ce film que personne n’avait pu voir. Il y a deux jours, L’Express crevé l’abcès, avant la projection à Cannes ; le film est lourdingue, matinée de philosophie New Age, et trop long.
Tout ça pour ça.
C’est oublier que les films de Malick, en dehors de La Ligne Rouge, ne sont pas géniaux. Ils sont très beaux, élégiaques, pastoraux, tout ce que vous voulez, mais pas géniaux.
Mais la presse, et le public – son meilleur complice – ne veut pas rater la prochaine hype.
Voilà donc Malick bombardé Kubrick.
On attendra encore un peu pour se prononcer.
mercredi 11 mai 2011
L’Aigle de la Neuvième Légion
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Un film de rêve. J’en ai rêvé, Kevin Macdonald (Le Dernier Roi d’Ecosse) l’a fait : un peplum ré-a-liste ! Dès le départ, Le Professore est aux anges. Tout colle : la boue sur le casque du centurion, l’angoisse dans les yeux des soldats, le blé qui ondule dans le vent : L’Aigle de la Neuvième Légion réussit là où un paquasse de films a échoué : le film subtil sur l’antiquité. Pas une bouillie scénaristique façon Gladiator, pas de clichés américano-américains façon Troie, et pas un peplum-baston version 300. Non, L’Aigle de la Neuvième Légion est un film ambitieux.
Le pitch… Marcus Aquila, centurion romain, s’est engagé là où personne ne veut aller : en Bretonnie, sous la menace permanente des tribus celtes, qui, près du Mur d’Hadrien, lancent des raids contre l’envahisseur romain. Mais Marcus Aquila a une cause, secrète : restaurer l’honneur perdu de son père, qui a combattu ici, et a disparu, avec le symbole de la Neuvième Légion : un Aigle en or massif.
Marcus Aquila va se faire aider par Esca, un jeune esclave qu’il a sauvé des arènes. Mais celui-ci le déteste, car il appartient aussi à cette histoire : sa famille a été massacrée par ces mêmes romains. Lié par son code de l’honneur, il accepte néanmoins de le servir : les voilà tous les deux en quête de l’Aigle.
Pendant une heure, le film est formidable. Formidable, d’érudition, de subtilité, et d’ambition. Formidables par ses acteurs, Channing Tatum, Jamie Bell et notre Tahar Rahim ! L’Aigle de la Neuvième Légion reste évidemment un film d’aventure, mais qui pose, comme un futur classique, des questions essentielles : qui est le Civilisé ? Qui est le Barbare ? Qui est le Maître ? Qui est l’Esclave ? Car en terre étrangère, qui connaît les chemins, la langue, distingue l’ami de l’ennemi ? Tout cela évidemment, entre en résonance avec quelques thématiques modernes : un soldat US perdu dans les montagnes afghanes avec son guide pourrait faire l’affaire…
Mais malheureusement, le film est adapte d’un livre, pour ado, parait-il. Et voila que petit à petit, on sent que le livre tire son adaptation cinématographique vers le bas. L’intrigue devient de plus en plus prévisible, les clichés de plus en plus gros, et la conclusion, très décevante.
Décevante ? Après tous les compliments que l’on vient d’en faire ? C’est que tout simplement, on ne pardonne rien à un film ambitieux, mais tout à un film modeste.
Prenez Le Roi Arthur, par exemple : tout le contraire de L’Aigle de la Neuvième Légion : gros budget, Jerry Bruckheimer aux commandes, Clive Owen beau comme un dieu, Kheira Knightley à moitié à poil (mais maquillée en bleu), des dialogues qui tuent, de la grosse baston. Dès que Le Roi Arthur va faire preuve d’un tout petit peu de subtilité (irruption du christianisme, fin des romains comme des celtes…), on applaudit à deux mains. Nous voilà tout content de voir un pour cent d’intelligence offerte gratuitement dans un Blockbuster.
À l’inverse, un film ambitieux comme L’Aigle de la Neuvième Légion, ou Battlestar Galactica (voir plus bas) qui déraille cinq minutes avant la fin, et nous voila déçus comme des pierres : c’est la malédiction du CineFaster.
Que ces quelques mots amers ne vous découragent pas ; comme je l’expliquerais prochainement devant vos yeux ébahis, en démontrant le fameux « Théorème de Rabillon » : vous n’avez pas le choix.
Et vous ne regretterez vos dix euros.
mardi 10 mai 2011
Battlestar Galactica gagne la finale
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Voilà, c’est fini. On tant ressassé les mêmes mélodies… Battlestar Galactica (BSG pour les intimes) s’est clos sur cet épisode interminable (deux heures et quelque, sans compter les sauts spatio-temporels), à l’image de cette quatrième et ultime saison, un peu longuette elle aussi.
BSG meurt comme elle a vécu : un anti-Lost. Une série ambitieuse, mais mal faite, versus une série parfaite, mais sans aucune ambition.
Mal faite, Battlestar Galactica l’est assurément, from Day One. Sans unité graphique (des épisodes sublimes, d’autres carrément flous), sans dramaturgie solide, sans suivi, le Battlestar de l’Amiral Adama a fini par d’échouer dans les marais des séries. La quatrième saison est à cette image : trop longue, cacophonique, au genre oscillant, à la trame hésitante. Pire, Ronald D. Moore donne parfois l’impression de s’attaquer à l’Himalaya avec un piolet, c’est à ça qu’on reconnaît les cons, ils osent tout.
Dans cette hypothèse, Moore est le plus gros con que la terre des séries ait porté : il ose absolument tout. Le mélo, la bataille spatiale, le combat de rue, la citation dylanienne, le débat philosophique, l’exégèse religieuse, l’herméneutique paléolithique, rien ne l’arrête. Mais voila, BSG a beau être mal faite, mal jouée, brumeuse et trop longue, la série – et ses personnages magnifiques – ont accumulé un tel capital de sympathie qu’on leur pardonne tout.
Ronald D. Moore a aussi le génie, et ce n’est pas du tout négligeable – à l’aune de toute l’histoire de la télé – de proposer une solution très originale à son postulat de départ. Trouveront-ils la Terre ? Beaucoup auraient répondu bêtement à cette question eschatologique. Par un procès (X Files). En pétant le bouzin (Le Prisonnier). La Vie, la Mort et le Reste (Lost).
Non, Moore s’est au contraire creusé la tête pour trouver autre chose, que je vous laisse découvrir. Une conclusion originale, ambitieuse : à l’image de la série, donc. Mieux, il prend son temps pour l’exposer, cette solution, alors que beaucoup aurait torché le final en cinq minutes.
Tout ça pour dire qu’il sera beaucoup pardonné à BSG, qui restera comme un événement, tant télévisuel que SF : une série aura prouvé, après toutes ces années de disette, qu’on peut faire intelligent à la télé, intelligent avec de la science fiction, intelligent avec peu d’argent, et même avec peu de talent. Regarder BSG reste donc un must, quatrième saison comprise.
C’était le Professor Ludovico, reporter embedded à bord du Battlestar Galactica. A vous Caprica…
lundi 9 mai 2011
Le Jour le Plus Long
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films -
Pour en finir avec ... ]
Enfant, j’ai trois souvenirs de cinéma : le premier, c’est Les Aventures de Bernard et Bianca, en salle – à Paris ! – avec mon parrain et ma marraine. Ensuite c’est Cléopâtre, à la télé, alors que j’étais censé être couché. Et ensuite, c’est les films de guerre, avec papa, au cinéma de Dourdan.
Probablement qu’il ne se forçait pas trop pour y aller, mais il n’en demeure pas moins qu’il m’a emmené en voir beaucoup : Le Pont de la Rivière Kwai, Les Canons de Navaronne, et Le Jour le Plus Long. C’est à mon tour, maintenant, de montrer le film de Daryl Zanuck, au Professorino. Je ne me force pas trop non plus.
Avouons-le, Le Jour le Plus Long est un film nul. Ce qui passe dans le livre (une suite d’anecdotes tour à tour croustillantes ou émouvantes) ne passe pas du tout en film. Pas de début, pas d’enjeux, pas de fin. Juste un défilé insupportable de cabotinages anglo-américano-franco-allemands.
Et surtout, une belle dose de propagande yankee.
Dans le film, les allemands sont bêtes, disciplinés, et antinazis évidemment (Guerre Froide oblige, il faut se réconcilier avec l’ennemi d’hier, qui gardent maintenant le Rideau de Fer). Les allemands n’ont pas prévu le débarquement, les allemands sont mal organisés, les allemands ne veulent pas réveiller le Führer.
Rien n’est moins vrai, bien sûr. On sait aujourd’hui que les allemands se doutaient d’un possible débarquement en Normandie, mais qu’ils n’y ont pas cru le 6 juin, et que leur objectif principal était de rejeter les alliés à la mer, ce qu’ils ont failli faire. Car contrairement à la légende propagée par les films américains des années 60, les allemands se sont battus avec courage et acharnement. Pendant tout le mois de juin dans le bocage, ils ont infligé de lourdes pertes aux anglais et aux américains, et désorganisant gravement le ravitaillement allié.
Ça, évidemment, Le Jour le Plus Long n’en parle pas, tant il se concentre sur l’enfilage de perles, c’est à dire les actions héroïques isolées. Ainsi les français (Bourvil, Jean-Louis Barrault, George Wilson) sont résistants et concons, les anglais, courageux mais un peu coincés, les écossais têtes brûlées, les portugais sont gais, les espagnols sont gnols…. et les américains… courageux et cools. On mâche du chewing gum, on balance des vannes (John Wayne, Mitchum), et surtout : on n’attache pas son casque !! Sommet de la coolitude ! Si j’ai appris quelque chose dans les cinquante semaines que j’ai passé dans cette vénérable institution qu’est l’armée francaise, c’est qu’on attache son PUTTTTAAIN de casque !
Moralité, le gratin d’Hollywood passe trois heures à mettre son casque, enlever son casque, ramasser son casque, remettre son casque… Rires garantis…
Passez donc votre chemin, même si, comme moi, la nostalgie vous y a poussé.
dimanche 8 mai 2011
Zack et Miri Tournent un Porno
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Avec Zack et Miri Tournent un Porno, c’est encore l’occasion pour le CineFaster de s’interroger sur les mystères de la psyché américaine. Encore plus ici, apparaît le paradoxe entre hypersexualité et puritanisme, le duo infernal qui semble irriguer le cinéma américain et, partant, la société US. Ce n’est pas un scoop de dire que si la violence est omniprésente dans le cinéma US, à un niveau quasi pornographique, le sexe y est cruellement absent. (Voir ci-dessus, chronique à venir)
Pitchons Zack et Miri Tournent un Porno : deux colocs : un canon laser, Miri (Elisabeth Banks), et un gros nounours, Zack (Seth Rotgen) se partagent un misérable appartement près de Pittsburgh, et tentent, en vain, de joindre les deux bouts, dans toutes les acceptations possibles. Mais évidemment, ils sont amis, et même si Zack entreprendrait bien Miri, elle ne rêve que de retrouver son amour de collège.
Deux événements vont résoudre tous leurs problèmes : 1/ lors de la Fête des Anciens, ils retrouvent l’ex amour de Miri… Qui est gay ! Pire, star du porno gay. 2/ Miri se fait filmer en petite culotte, à son insu, par deux ados. La vidéo fait évidemment le tour du Net. Aussitôt dit, aussitôt fait, profitons de cette nouvelle et involontaire célébrité, tournons nous aussi un film de fesses pour payer les factures ! Mais est-ce si facile de s’exposer, surtout qu’évidemment, ces deux-la s’aiment, et vont le découvrir ?
Jusque là, le film est une friandise : Kevin Smith est à son meilleur, dans la description chaleureuse de ses losers de la cote Est, une misère américaine qu’il connaît et décrit si bien, à la Springsteen. Smith sait écrire des dialogues réalistes et saignants, graveleux et drôles, il dépasse tout le monde dans ces cas-là. Il sait aussi être subtil quand il le faut. Une sorte de John Hughes pour adulte.
Mais les valeurs américaines, telles la gravitation universelle, le rattrape pile à ce rte apogée, et le film ne fera plus que descendre la pente. Effaré devant tant d’audace, (frontal nudity et F Word), Smith recule. Zack et Miri Tournent un Porno devient alors gnangnan. Si on s’aime, on fait l’amour : rien à voir avec le sexe, donc. Le film devient sage comme ses héros et donc très ennuyeux. Il reste quand même de beaux moments et de belles performances d’acteurs, et Banks comme Rotgen ont de beaux jours devant eux.
Kevin Smith, quant à lui, reste un talent incroyablement gâché : depuis le formidable Clerks, découvert grâce aux Weinstein Brothers (producteurs fidèles, jusqu’à ce Zack et Miri Tournent un Porno), le Jersey Boy n’a fait que gâcher son talent : Mallrats, Silent Bob Strike Back, Jersey Girl, ahurissant mélo avec Jennifer Lopez et Ben Affleck. Seules subsistent quelques scènes de Dogma et un diamant noir : Méprise Multiple, sur les amours contrarié d’un dessinateur de comics (Ben Affleck) et son équivalent lesbien (la merveilleuse Joey Lauren Adams). Chasing Amy, en toute logique, n’est disponible qu’en téléchargement illégal.
vendredi 6 mai 2011
Apocalypse, enfin Now!
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Pour en finir avec ... ]
J’ai failli attendre, comme disait Napoléon ou Louis XIV à je ne sais plus qui. Mais voilà : Apocalypse Now!, pas Redux, est enfin disponible ! Le chef d’œuvre de Coppola, le seul, l’unique, et aussi l’unique objet de mon ressentiment, car l’auteur du Parrain nous a joué une mauvaise farce. Voyant son ex-ami George Lucas (ex-ami, depuis que Coppola s’est foutu de sa gueule en créant, dans Apocalypse Now! – justement -, le personnage du foutraque Colonel Lucas, joué par… Harrison Ford), son ex-ami, disais-je, se faire des Etoiles Noires en platine avec son Star Wars’ Director’ cut, Coppola décida d’en faire autant avec son diamant vietnamien.
Las ! Ce diamant était déjà très pur, et difficile à tailler (ce qui n’était pas compliqué avec Star Wars : gnark ! gnark!) Apocalypse Now! Redux fut donc la daube que l’on sait : complexité pour rien (le monologue lourdement explicatif de Brando, in extenso), élargi sans raison (les scènes interminables dans la plantation française), changeant même de sens (Willard devenant un sympathique voleur de surf), bref une perversion totale de l’équivalent cinématographique du Voyage au Bout de la Nuit.
Pour vingt quatre malheureux euros (ça fait combien en francs, mademoiselle Le Pen?), vous disposerez donc d’un Blu-ray d’Apocalypse Now! Redux (vous pouvez l’offrir à quelqu’un qui n’aime pas le cinéma), un livre sur « les secrets du tournage » (idem), et surtout deux trésors absolus : Apocalypse Now!, l’unique, et Heart of Darkness, a Filmmaker Apocalypse, le seul veritable making of que je connaisse, réalisé par madame Coppola elle-même. Un doc à ne rater sous aucun prétexte : l’infarctus de Martin Sheen, les délires de Brando, Coppola baisant les Playmates, l’équipe qui carbure au défoliant, tout y est.
Seul problème : je n’ai pas de Blu-Ray.
jeudi 5 mai 2011
La phrase du jour
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
Christoph Waltz, acteur génial d’Inglourious Basterds et du Village Français, interviewé dans Libé sur De l’Eau pour les Éléphants, descend en flamme les making of : « Quel que soit le spectacle, il ne faut pas montrer les coulisses. Jamais. Ce n’est pas l’affaire du spectateur. Il faut que cela reste un secret. Je ne regarde jamais les bonus d’un DVD. D’ailleurs, j’appelle ça les «malus»… »
On est d’accord.
A ajouter à une longue litanie, peu écoutée malheureusement, des contempteurs de Making Of : Kubrick, qui expliquait ne pas donner d’interview pour ne pas devenir un médiateur entre l’œuvre et son public, Lynch, qui dit « filmer ses rêves, et rien d’autre » (une bonne façon de se foutre du monde), ou la phrase immortelle de Cathy Deneuve, que l’on questionnait sur ses conflits avec Lars von Trier sur Dancer in the Dark : « On ne demande pas à une danseuse si elle saigne des pieds. »
On t’aime, Catherine.