Voilà, c’est fini. On tant ressassé les mêmes mélodies… Battlestar Galactica (BSG pour les intimes) s’est clos sur cet épisode interminable (deux heures et quelque, sans compter les sauts spatio-temporels), à l’image de cette quatrième et ultime saison, un peu longuette elle aussi.
BSG meurt comme elle a vécu : un anti-Lost. Une série ambitieuse, mais mal faite, versus une série parfaite, mais sans aucune ambition.
Mal faite, Battlestar Galactica l’est assurément, from Day One. Sans unité graphique (des épisodes sublimes, d’autres carrément flous), sans dramaturgie solide, sans suivi, le Battlestar de l’Amiral Adama a fini par d’échouer dans les marais des séries. La quatrième saison est à cette image : trop longue, cacophonique, au genre oscillant, à la trame hésitante. Pire, Ronald D. Moore donne parfois l’impression de s’attaquer à l’Himalaya avec un piolet, c’est à ça qu’on reconnaît les cons, ils osent tout.
Dans cette hypothèse, Moore est le plus gros con que la terre des séries ait porté : il ose absolument tout. Le mélo, la bataille spatiale, le combat de rue, la citation dylanienne, le débat philosophique, l’exégèse religieuse, l’herméneutique paléolithique, rien ne l’arrête. Mais voila, BSG a beau être mal faite, mal jouée, brumeuse et trop longue, la série – et ses personnages magnifiques – ont accumulé un tel capital de sympathie qu’on leur pardonne tout.
Ronald D. Moore a aussi le génie, et ce n’est pas du tout négligeable – à l’aune de toute l’histoire de la télé – de proposer une solution très originale à son postulat de départ. Trouveront-ils la Terre ? Beaucoup auraient répondu bêtement à cette question eschatologique. Par un procès (X Files). En pétant le bouzin (Le Prisonnier). La Vie, la Mort et le Reste (Lost).
Non, Moore s’est au contraire creusé la tête pour trouver autre chose, que je vous laisse découvrir. Une conclusion originale, ambitieuse : à l’image de la série, donc. Mieux, il prend son temps pour l’exposer, cette solution, alors que beaucoup aurait torché le final en cinq minutes.
Tout ça pour dire qu’il sera beaucoup pardonné à BSG, qui restera comme un événement, tant télévisuel que SF : une série aura prouvé, après toutes ces années de disette, qu’on peut faire intelligent à la télé, intelligent avec de la science fiction, intelligent avec peu d’argent, et même avec peu de talent. Regarder BSG reste donc un must, quatrième saison comprise.
C’était le Professor Ludovico, reporter embedded à bord du Battlestar Galactica. A vous Caprica…