Paris Première avait eu la bonne idée, il y a quelque temps, de rediffuser Le Choc des Titans, euh, pardon, le débat de 1988 Mitterrand-Chirac.
Ce n’est pas tant du cinéma, c’est plutôt le contraire, c’est l’objet de cette chronique.
Car la mise en scène, volontairement pauvre, ne se réduit qu’a deux plans par candidat, un plan pour le tandem de journalistes (la pauvre Michèle Cotta, et le pompeux Elie vannier, réduits à compter les coups… euh pardon le temps imparti), et c’est tout.
Pas de plans de coupe.
C’est à dire pas de plan sur l’adversaire quand l’autre parle. Interdit. C’est bien dommage. On voudrait voir la mine de Mitterrand quand il se fait démolir par Chirac sur la Nouvelle Calédonie. C’est l’un des rares moments où Chirac est bon, en vrai passionné de cultures primitives (une qualité que l’on découvrira bien plus tard.) On voudrait surtout voir Chirac déconfit quand Mitterrand réplique juste après ; on se demande ce que Mitterrand peut répondre, tant Chirac a prouvé sa connaissance du dossier, sa passion pour le problème Caledonien (11 voyages là bas, tout de même). Cotta vient de donner deux minutes à Mitterrand, et celui-ci, sec comme une trique : « Ce n’est pas la peine de perdre deux minutes pour répondre à de telles bêtises »
Pas besoin de Jean-Pierre Jeunet, quand on a de tels acteurs, et de tels dialoguistes ; Audiard d’un côté « ce soir, vous n’êtes pas Président, et je ne suis pas Premier Ministre. Nous sommes juste deux candidats, devant les français », et Henri Jeanson de l’autre : « Mais vous avez raison M. Le Premier Ministre ! » Ou « Je serai ravi de travailler à ces sujets, avec M. Le Premier Ministre, quand il sera retourné à la vie politique normale, après le 8 Mai. C’est à dire, sans les responsabilités »…