Encore un bel exemple de fainéantise française : Les Invités de Mon Père a tous les atouts dans sa manche, mais échoue néanmoins.
Une idée rigolote : un père, (Michel Aumont) grande conscience de gauche, décide d’abriter une famille de sans-papiers. A la consternation de son fils de droite (Fabrice Luchini) et à l’enthousiasme de sa fille de gauche (Karin Viard). Mais la famille de maliens envisagée se révèle être plutôt une grande blonde moldave bien roulée. Tout est en place pour une excellente comédie à la française. D’ailleurs, c’est ce qui était dans la bande annonce, c’est à dire les cinq répliques qui tuent. Mais cette comédie n’accouchera pas, faute de talent, de travail ou des deux.
Le débat droite/gauche, lancé sur les chapeaux de roues, est finalement à peine esquissé, et tourne vite à la caricature de part et d’autre (Pétain, Vichy, les Droit-de-l’Hommistes)
Le film devient, d’ailleurs progressivement cette caricature. Après avoir critiqué la délation, les enfants d’Aumont s’y résolvent… Puis regrettent. Anne Le Ny fait alors sombrer son film dans la tragédie, mais voilà, il faut être très fort pour réussir cela (Bruno Podalydès dans Liberté Oléron, par exemple).
Mais là, non, les dialogues sont insipides, les dialogues téléphonés et lourdement explicatifs… Un indice qui ne trompe pas : Aumont, Luchini et Viard jouent faux, comme s’ils n’y croyaient pas. Quand on a des acteurs AAA qui déjouent, c’est bien qu’il y a problème : depuis quand avez vous vu Karin Viard mal jouer ? En zappant sur La Nouvelle Eve hier soir, le chef d’œuvre Christine-Angotesque de Catherine Corsini, on pouvait voir la Viard dans toute sa splendeur : l’Annie Girardot des années 2000.
Entre Les Invités de Mon Père et La Nouvelle Eve, le contraste était éclatant.