C’est l’histoire d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître… Une Amérique pré Ben Laden, sûre d’elle même et dominatrice, qui produisait de la GCA sans complexe. Dimanche soir, TF1 diffusait Les Ailes de l’Enfer, Con Air en VO, Air Con pour les intimes*
Eh bien à ma grande surprise, ça n’a pas trop vieilli. Pas mal pour un film déjà pas terrible à l’époque. Loin derrière pourtant des autres productions du tandem roi de la décennie, Don Simpson-Jerry Bruckheimer ; loin derrière The Rock, Armageddon, USS Alabama…
Mais bon, c’est peut-être le dernier bon Nicholas Cage, et c’est surtout le film d’une réplique, culte forever :
– « Repose le lapin dans la boîte »
*© James Malakansar
JJ Abrams, c’est le type qui, à l’école, recevait toujours la mention « peut mieux faire« . C’était l’élève à potentiel, qui aurait pu être premier de la classe, mais qui ne travaillait pas assez. C’était vrai avec Alias, avec Lost, avec Star Trek, et c’est vrai maintenant avec Super8.
La première demie heure est excellente, comme d’habitude, car JJ a dégotté un sujet en or : Steven Spielberg lui-même. Le film, produit par l’intéressé, parle évidemment de la jeunesse du petit Steven, comme il l’a souvent raconté : sa vie avec un père divorcé et mutique, sa passion pour les maquettes, pour les trains, et pour les histoires terrifiantes d’extraterrestres qu’il racontait à ses sœurs…
JJ a dans la poche son Exile on Main Street ; c’est à dire une occasion unique de payer ses dettes artistiques, comme les Stones le firent avec le blues… Le film commence donc comme ça, une ode à l’enfance, au seventies (Electric Light Orchestra et Blondie à la BO), au midwest, et au cinéma. Et l’on sait qu’Hollywood n’est jamais meilleur que quand il parle de lui-même (Sunset Boulevard, Mulholland Drive, Ca tourne à Manhattan…) Super 8 donc part donc en beauté, car Abrams est doué pour lancer des films : trente minutes sans pyrotechnie, sans alien ou Projet Dharma, mais un drame intimiste, la mort d’une mère, le désespoir du père, l’amitié et l’espoir de l’enfance, et la magie du cinéma. Puis il nous lance, de manière époustouflante, dans l’action. Un train déraille, pourquoi, comment, cela va être le sujet du film…
Mais à partir de là, l’histoire, elle, va peu à peu décliner. De Stand by Me, on va passer aux Goonies… Tout les atouts qu’il avait en main, JJ va les laisser passer, comme un vulgaire beloteur débutant : l’analogie spielbergienne, le contexte 70’s (effleuré, mais pas réellement utilisé), le super8 (qui aurait pu être le McGuffin du film), tout ça est mis de côté, oublié, comme on en a malheureusement l’habitude avec l’élève Abrams. Il tisse même un incroyable problème familial, qui devait amener une montagne, et n’accouche que d’une souris.
Pendant tout le film – et c’est son grand malheur – on pense à son inspirateur : qu’aurait fait Spielberg d’une telle mine d’or ?