C’est l’histoire d’une bande de trentenaires qui montent une cabane à leur copain récemment séparé. Et qui amènent une jeune et jolie institutrice à ce week-end au bord de la mer, on ne sait jamais… Des jeunes mecs à la coule, des petites nanas canons, 4×4, portables et sacs Vuitton, tout l’attirail de ces ex-étudiants en Droit est là… Sauf que la scène ne se passe pas à Cabourg ou au bord du Lac Tahoe, mais à Chalous, sur la rive iranienne de la Mer Caspienne.
Car le Professore est allé voir son troisième film iranien, A Propos d’Elly, of course. Qu’arrive-t-il au Professore ? A-t-il cédé aux sirènes du Grand Satan iranien ? Que nenni ! Non seulement A Propos d’Elly est le second film de Asghar Farhadi, auteur de la fabuleuse Séparation, mais la vérité oblige à dire qu’à sa sortie en 2009, le Professore avait déjà failli y aller, probablement à cause de la magnifique Golshifteh Farahani.
Eh bien n’y allons pas par quatre chemins : A Propos d’Elly est aussi bien, si ce n’est mieux que son cadet. On y retrouve non seulement ses deux acteurs d’Une Séparation (Shahab Hosseini et Peyman Moaadi), mais surtout les thématiques, et la structure fétiche des films de Farhadi. A partir d’un petit rien (un week-end à la mer), Fharadi fait partir l’intrigue en vrille, sans avoir besoin de requérir de grands effets de manche. Car chez ce cinéaste, comme chez Haneke, comme chez Kubrick, l’enfer est pavé de bonnes intentions : on invite une copine pour consoler un copain, on ment au propriétaire de la maison, à ses amis, à ses parents, on cache un sac, et l’empilement de ces petits mensonges du quotidien peuvent conduire à la catastrophe… Comme dans Une Séparation, et comme chez Hitchcock, le plus simple serait de dire la vérité, mais comme chacun sait, nous préférons généralement nous arranger avec.
Les deux parties d’A Propos d’Elly, l’une joyeuse, l’autre cruelle, montre les effets dévastateurs de cette conduite : personne ne sortira indemne de ce week-end. Le spectateur non plus…