Une fois retombées les commémorations et analyses du 9/11, on peut légitimement se poser la question. L’islam n’est il pas, objectivement, plus présent dans nos vies que dans les années 90 ? Malgré les circonstances déchirantes (11 septembre, guerres d’Afghanistan et d’Irak), malgré les clivages « français contre musulman », (comme si on ne pouvait être les deux !), l’islam modéré s’est imposé dans nos vies.
Émissions sur le ramadan à la télé, intellectuel musulmans dans les débats, organisme de représentation de la communauté (Conseil Français du Culte Musulman, par exemple), toutes ces manifestations sont imparfaites, mais elles n’existaient pas dans les années 90. On pourrait même dire que les musulmans n’existaient pas. Aujourd’hui, comme dans Une Séparation, et malgré les reportages racoleurs façons TF1, France 2 ou M6, on préfèrera une femme voilée modérée à une femme voilée ultra. Même si il n’est pas inconvenant de dire qu’on pourrait préférer pas de femmes voilées du tout.
C’est la victoire – paradoxale – d’Ousama Ben Laden. Il promettait un Islam de mort, il fait éclore un Islam modéré. Il voulait la destruction de l’Amérique, les américains préfèrent changer. Car c’est là l’objet de cette chronique. Si on accepte (et c’est un une obligation si on suit ce blog), si on accepte l’idée que le cinéma est l’âme d’une nation, alors, oui il est évident que les USA ont changé. Leur cinéma n’est plus le même, et ne le sera jamais plus. La GCA, à base de Capitole en flammes, de terroristes faisant sauter le World Trade Center, et de Président US se bastonnant à bord de Air Force One, ce cinéma a disparu. Fini Armageddon, Independance Day, Air Force One, Le Pacificateur, et autres productions Simpson Bruckheimer.
Depuis le 11/9, ce type de film n’est tout simplement plus possible.
On notera que les buildings ont mis du temps à réexploser (Transformers, 2012, …) et que leur explosion laisse un gout amer dans la bouche. L’étonnant Déjà Vu, ou Source Code n’ont plus ce ton triomphaliste… A l’instar de ces deux tours qu’elle a mis 10 ans à reconstruire, le cinéma américain est-il en pleine reconstruction, ou se cherche-t-il encore dans les décombres. Depuis 2001, de grands films ont traité le sujet : Syriana, Jarhead, W, WTC, Brothers, et bientôt l’adaptation de Extremely Loud And Incredibly Close, de l’excellent Jonathan Safran Foer.
L’Amérique est entrée dans l’ère post-11 septembre : pour le meilleur, ou pour le pire ?