mercredi 30 novembre 2011
Drive
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Avant de m’attirer les foudres du Framekeeper, je me lance : Drive est un excellent film ; je ne dis pas encore chef d’œuvre, car j’ai deux réserves que j’exposerais plus bas, et je laisse donc la postérité juger…
Mais sinon…
Nicolas Winding Refn signe ici son meilleur film (le Professore n’en a vu que deux), après l’intrigant Valhalla Rising. Polar à l’ancienne, sublimé par le talent éclatant, anti-tarantinesque, de Winding Refn, et par des comédiens excellents.
Autour d’une trame très seventies*, le réalisateur danois brode sa Tapisserie de Bayeux personnelle, dans la meilleure tradition du polar : une histoire squelettique, qui sert seulement de support à des personnages, à une ambiance. Au centre, un mécano quasi-mutique, sans nom, sans passé, un loner type du film noir, qui arrondit ses fins de mois en convoyant des gangsters. Avec des règles strictes qui pourrait résumer le film : « Je suis à vous, entièrement à vous pendant 5 mn. Mais je n’ai pas d’arme. Je ne participe pas au braquage. Après 5 mn, je m’en vais, vous ne me reverrez jamais »
Après une séquence d’ouverture millimétrée exposant ce concept, Nicolas Winding Refn enchaîne sur dans la grande tradition du polar social : une voisine, un gamin, un mari en taule, et le drame : inéluctable.
Qu’est-ce qu’a de plus Drive ? C’est d’opposer, toute simplement, une fin de non-recevoir aux pseudo-exigences du cinéma actuel : les poursuites doivent être survitaminées ? Refn préfère une froide et plate efficacité. Il faut des dialogues fleuves, des réparties, une bonne vanne à chaque fin de page (Tarantino) ? Non, le silence, la vibration de la ville, un sourire, un mot. La communication, chez Refn, ne sert à rien, à l’image de son Guerrier Silencieux sans ligne de dialogue de Valhalla Rising**. Il est servi en cela par un comédien exceptionnel, qui petit à petit mène sa barque au milieu des gros paquebots Hollywoodiens, mais qui petit à petit trace une route exigeante et sûre d’elle même… ce comédien, c’est Ryan Gosling. Avocat hystérique dans La Faille, prof à la dérive dans Half Nelson, présent à la fois chez Clooney (Les Marches du Pouvoir) ou dans des grosses comédies (Crazy Stupid Love), il joue ici à la limite de l’autisme, avec une capacité étonnante à faire évoluer le personnage en cent petites minutes. Un parfait personnage de Manchette***… Sans parler de Carey Mulligan, craquante en jeune mère paumée, et mes chouchous utilisés à contre emploi (Oscar Isaac (Agora) et Christina Hendricks (Mad Men)…
Après, on admettra que l’intrigue est squelettique, avant tout un prétexte, comme souvent dans le polar, pour poser cette ambiance. On sent bien que Nicolas Winding Refn se contente de surfer à la périphérie de cette intrigue, pour mieux se concentrer sur le mise en scène : chaque plan est travaillé, allongé à l’extrême, refusant la facilité du cut. Esthétisant à mort, on reconnaîtra le style Refn entre mille : visages rouges, musique hypnotique, sourdes vibrations lynchiennes. C’est la force de ce cinéma, c’est aussi sa faiblesse. Ses tournures de style seront peut-être désuètes dans vingt ans, comme 37,2 Le Matin ou La lune dans le Caniveau.
Deuxième regret, une fin étonnante, qui ne satisfait pas l’européen qui sommeille dans le Professore, mais qui colle au personnage, à son parcours, à ses enjeux dramatiques.
Il est encore temps d’aller voir Drive.
*Le livre de James Sallis a pourtant été écrit en 2005
**Mais au contraire de ce film quasi expérimental (comme Bronson, à ce qu’il parait), Refn est ici dans le film grand public, plus facile. Et il n’en est que meilleur…
*** Martin Terrier était pauvre, esseulé, bête et méchant, mais pour changer tout ça, il avait un plan de vie beau comme une ligne droite.
Jean-Patrick Manchette – La Position du Tireur Couché
lundi 28 novembre 2011
Tintin et le Secret de la Licorne
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
L’adaptation est un dur métier. C’est pourquoi le bon Stanley recommandait de ne s’attaquer qu’à des romans de gare. L’escalade de chef d’œuvre, même par beau temps, n’est pas recommandée.
Quand un livre, une BD, est portée au pinacle par une bande de fans hardcore, qu’il s’agisse du Seigneur des Anneaux, de Dune, de Lolita ou du Festin Nu, peu importe le nombre, c’est eux qui ont raison : ils seront les premiers experts vers qui l’on se tournera dès lors qu’il s’agira de recueillir un avis. Et s’ils prononcent une fatwa, malheur à l’adaptateur sacrilège !
Le problème avec Tintin, c’est qu’il y a beaucoup de monde dans cette communauté hardcore. Tout un chacun (européen) a eu son premier Tintin pour ses sept ans, un bien plus joli cadeau que le pull à grosses mailles offert par Mémé. Et, des années après, c’est cette première image de Tintin, bien plus que l’histoire, qui nous reste : deux traits, une houpette, deux points pour faire les yeux, voilà notre héros. Il a une voix dans notre tête, des expressions, qui n’existe que pour nous, et pour nous seuls.
En adaptant un projet vieux de trente ans, Spielberg a évité ces problèmes de débutants : il s’est garanti (et cela a pris du temps) de la neutralité de la veuve Hergé, et a tout fait pour se la mettre dans la poche (avec probablement cette superbe introduction). Il s’est évité bien des ennuis en refusant d’adapter n’importe quel Tintin, mais en choisissant dans les diptyques, et peut-être le plus facile d’entre eux (Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge). Mais surtout, il a choisi de NE PAS ADAPTER Tintin, en proposant une aventure à part, situé dans cet univers mais avec une histoire relativement différente, en mélangeant les deux avec une pincée de Crabe aux Pinces d’Or…
Le résultat est excellent, même si l’on en convient, ce n’est pas Tintin, mais plutôt un jeune Indiana Jones qui serait reporter et belge, un prequel en quelque sorte. Spielberg utilise sa maestria et sa créativité habituelle pour livrer des poursuites de toute beauté, le tout servi par une réalisation en image de synthèse exceptionnelle… On reprochera juste le manque de temps morts, ce qui laisse peu de place à l’émotion… et pourtant il y en a, dans Tintin !
Mais le plaisir est là… Vivement la suite…
samedi 26 novembre 2011
The Walking Dead
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
The Walking Dead, c’est d’abord une excellente série BD, qui en est déjà à son 13ème volume en France. C’est maintenant une série sur Orange Cinéchoc et en DVD. Les deux séries partagent les mêmes qualités, dont la principale est de renouveler la thématique, plutôt ado-régressive, des zombies. The Walking Dead joue en effet la carte du réalisme plutôt que celle du genre : plutôt que la carte supermarché-blonde écervelée-hélicoptère salvateur, la série se propose de jouer la carte Après. Comment survit-on dans un monde post-apocalyptique : comment manger, dormir, aimer, alors que la mort règne partout. Cet aspect-la des deux séries les rendent particulièrement passionnantes, comme si l’ont explorait un territoire vierge. Il justifie à lui seul de découvrir cet univers.
Le seul reproche que l’on puisse adresser à The Walking Dead, (et ce qui suit va m’attirer les foudres de Rupelien et Ludo Fulci, qui dirigent, comme chacun sait, la Direction Bandes Dessinées d’une grande entreprise française de loisirs), c’est son côté « gentillet ».
C’est quoi « être gentillet » ? C’est partager une vision naïve, , idéaliste, irréaliste de la vie. Garder une forme de foi boy-scout en l’humanité. Et ça n’a rien à voir avec le genre. Prenons par exemple la sitcom. Friends et Seinfeld évoquent le quotidien de trentenaires new-yorkais et bourgeois… Mais l’une est gentillette, l’autre pas. Pourquoi ? Si les personnages de Friends font preuve de défauts très communs, (bêtise, avarice, égoïsme…), mais à la fin de chaque épisode, ils montrent une vraie volonté de réparer les dégâts causés, de s’améliorer, de grandir. On conviendra que cette posture est peu réaliste, et éloignée de la nature humaine traditionnelle. A l’opposé, les personnages de Seinfeld sont très semblables : avares, idiots, égoïstes, mais rien ne viendra jamais compenser cette attitude. Comme chez Kubrick, l’homme est, sans happy end rédempteur.
Il n’y a pas de happy end rédempteur dans Walking Dead, mais on est loin quand même de La Route. Dans cette Amérique livrée aux morts vivants, il y a certes de la place pour le réalisme : supprimer un ami infecté, par exemple, ou poursuivre dans la racisme et l’intolérance alors que la communauté humaine, réduite, devrait plutôt resserrer les rangs. Mais la BD et la série laisse tous les deux places à des rédemptions très américaines, qui sonnent comme autant de fausses notes dans cette belle symphonie : le gang latino qui s’occupe de l’hospice de vieux dans l’épisode 4 en est un bon exemple…
Que cela ne vous décourage de dévorer The Walking Dead, BD ou TV, car la série reste à ce jour la seule tentative sérieuse de film de zombies.
Rien que pour ça, debout les morts !
lundi 21 novembre 2011
Grosse flemme
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Ben voilà, malgré un programme chargé (Drive, Les Marches du Pouvoir, Tintin, Contagion), impossible d’extraire ses fesses de la chaleur cocoonique du foyer familial. 15 000 bonnes raisons s’offrent à nous : notre deux-mâts de Virtual Regatta en difficulté au large d’Auckland, le Rugby européen sur France2, PSG-Nancy (si on avait su !) Surtout, c’est l’absence d’élément moteur (le petit camarade qui te relance sur Drive…) qui nous fait lâcher l’affaire…
Finalement, ça sera The Walking Dead sur la télé…
D’ailleurs, on y reviendra.
dimanche 20 novembre 2011
Bus Palladium
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Nous ne pensons pas grand bien de Christopher Thompson : acteur médiocre, le plus souvent cantonné à des rôles chez sa talentueuse mère (Danièle Thompson), il n’a pas vraiment impressionné la pellicule jusqu’ici.
Avec Bus Palladium, il signe son premier film, qui, loin d’être parfait, se révèle pourtant prometteur. Car s’il enchaîne les clichés plus rapidement que Desperate Housewives, Bus Palladium brille par son absolue sincérité.
Pour les moins de vingt ans, rappelons ce que fut le « Bus » : un club branché de la rue Fontaine, qui connut son heure de gloire dans les années 60, puis les années 80, en hébergeant la scène rock française. Thompson raconte l’odyssée d’un de ces groupes, et ça sent le vécu. On suivra ces quatre copains au travers de ce biopic rock classique : deux têtes pensantes (chant-guitare) qui se rencontrent, le copain sans talent qui s’improvise manager, les repets, les premiers contacts avec une maison de disque, la tournée, la drogue, etc.
Le premier coup de génie de Thompson est de suivre les théories de McKee, le ponte du scénario américain, et (et sûrement les conseils de sa mère), c’est à dire de ne partir que de son expérience personnelle, même si vous écrivez une histoire d’extraterrestres. Au lieu d’essayer de raconter Téléphone, Trust ou Taxi Girl, Thompson parle de Lust, un faux groupe, mais qui sonne vrai. L’histoire est bien bâtie, sur un traditionnel flashback, les comédiens sont excellents (Marc-André Grondin, Arthur Dupont,
Jules Pelissier, Abraham Belaga), jouent vraiment des instruments (ce qui apporte beaucoup à ce genre de film). On reprochera donc seulement au réalisateur ses scènes à l’emporte-pièce, ses emprunts grossiers (la cravate de The Big Chill, la citation de Jagger), l’irréelle maturité de ses personnages adolescents.
Mais à la fin du film, on en veut plus, ce qui est si rare au cinéma… On guettera donc la prochaine œuvre de Mr Thompson…
jeudi 10 novembre 2011
Le style Fontana
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Au début des Borgia, j’avais laissé entendre que Tom Fontana, le créateur de la Cérihévéneman de Canal+, avait seulement griffonné quelques idées sur le papier et était ensuite parti avec la caisse.
Il semble qu’il ait fait un peu plus que cela : après dix épisodes des « Aventures d’Alexandre VI », on ne peut s’empêcher de constater les similarités avec Oz, le chef d’œuvre de Mr Fontana. Est-ce que son style carcéral (grosses burnes, sexe contrarié et violence à tous les étages) s’applique aux luttes de pouvoir dans la Renaissance Italienne, That is the Question….
Le showrunner tatoué traite en effet ses personnages comme des détenus : Château Saint Ange ou Emerald City, c’est pareil. Il les fait jaillir en permanence face à l’écran, souvent filmés grand angle (ça agrandit le décor à peu de frais, et ça rend les personnages légèrement anxiogènes) Le plus souvent, iles jouent la même scène : menacer un membre de la famille Borgia puis s’en prendre une en retour.
Ces effets de manche, très efficaces dans le confinement de la prison contemporaine de Oz, trouvent ici leurs limites. D’abord parce que l’histoire des Borgia est plus subtile que ça, comme on le comprend dans l’épisode 10 : pour battre Charles VIII, le Roi de France, le paladin sans peur et sans reproche, Alexandre VI ne peut faire appel qu’à la ruse : gagner, mais sans jamais combattre. Dans ce contexte, faire hurler en permanence les acteurs des Borgia n’a pas de sens, ne permet pas de les différencier, de comprendre leurs enjeux, ou de leur donner la moindre épaisseur. On retrouve ce sens de la caricature dans Oz, et ça s’y prête bien : des gangs s’affrontent (Bikers, Latinos, Noirs, Aryens…) : la caricature permet de les différencier. Mais là, traiter les Medici ou les Orsini comme de vulgaires condottieres ne satisfait pas nos regards européens, qui ont toujours un minimum de culture historique dans la tête. Autres exemples, les combats de rue, ou les français qui défilent au pas dans Rome sont ridicules, parce que c’est un Américain qui les regarde ainsi…
Fontana est un grand Showrunner, mais il ne sait pas tout faire…
PS on notera a contrario un personnage enfin correctement caractérisé : Charles VIII, joué par un acteur incroyable (impossible de trouver son nom sur IMdB), et qui met tout le monde d’accord dans ces deux derniers épisodes…
PS2 on a retrouvé, il s’agit de Simon Larvaron, un jeune comédien de 23 ans, de Cholet , qui interprète le rôle de Charles VIII.
lundi 7 novembre 2011
L’Exercice de l’Etat
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Comme le dit le Président de la République, dans L’Exercice de l’Etat, « Il faut savoir prendre les cadeaux que les dieux laissent sur notre chemin… »
Quand on a deux heures à tuer, on va au cinéma. Mais que voir ? On veut aller voir Drive, la sensation Ryan Gosling du moment, mais elle passe à 16:15. Tant pis, on patientera trois quarts d’heure au Starbuck, devant un Espresso Tall et un Cookie Chocolat Blanc. Sauf que cette foutue carte UGC Solo ne fonctionne pas, ou alors c’est la borne… Les dieux, malicieux, viennent de nous donner quelque temps pour réfléchir. Changeons de borne. Et si plutôt nous allions voir … Les Marches du Pouvoir, encore et toujours Ryan Gosling ou encore… L’Exercice de l’Etat, film français, ouille ouille ouille, mais à 15:45, c’est à dire maintenant, et dont la bande annonce nous a tapé dans l’oeil ? Allez c’est parti…
Eh bien, les dieux sont cléments, car L’Exercice de l’Etat, c’est une perle ! Un chef d’œuvre hivernal caché au milieu des Tintin, Intouchables et L’Incroyable Histoire de Winter le dauphin, 3D. Un film fin, subtil, ambitieux, comme il n’en sort pas deux par an.
L’histoire, a priori, est sexy comme un édito du Figaro sur la dette grecque : quelques jours dans la peau de Bertrand St-Jean, Ministre des Transports de la République. Waouh ! voilà un projet excitant ! un Sucker Punch à la française ! Mais non, Pierre Schoeller va dérouler pendant deux heures un huis clos angoissant sur la vie quotidienne des cabinets ministériels. A la Maison Blanche, version noire. Faut-il privatiser la SNCF ? Le ministre est contre. Mais dans l’ombre, certains pensent le contraire… Comment concilier sens de l’état, loyauté gouvernementale, éthique personnelle : voilà le thème du film.
Sur ces sujets casse-gueule, le cinéma se casse généralement la gueule, et, très souvent, le cinéma français récent : sujet fétiche des années 70 (Le Juge Fayard, L’Etat Sauvage), le traitement de ces sujets est devenu un peu concon. Mais là, Schoeller tient les gageures de nous passionner pour son sujet, de ne jamais franchir la ligne jaune de la démagogie, de ne pas s’enferrer dans une pédagogie lourdingue, et surtout, de ne s’interdire de rien, même la poésie ou une scène onirique. Car la politique a ceci de commun avec la poésie, ou la religion, c’est que le mot y devient geste : il suffit de dire que l’on va privatiser les gares pour que soudain, la machine de l’état se mette en branle au service de cette parole. C’est ce que filme Schoeller, la difficulté de parler (que dire après un terrible accident de car scolaire, sinon des banalités), que dire à la radio (et risquer de dire une connerie qui engagerait le gouvernement), que dire à un enterrement, quand on vous interdit de parler ?
Le film pourrait tomber dans cette pédagogie lourde (L’Etat façon Michel Chevalet, comment ça marche ?) si un orfèvre n’était à la manœuvre, exemple : au milieu du terrible accident introductif, la chargée de com lui fait changer de cravate. Même au cœur de la tragédie, la com, toujours la com. Cette anecdote, qui pourrait être largement développée, expliquée, explicitée, passe en quelques secondes… Autre exemple : le jargon. Schoeller, visiblement bien informé, ne cherche pas la facilité, il cherche à faire vrai. On parle ainsi du péhère, tout au long du film, sans trop comprendre de quoi il s’agit, jusqu’au moment où l’on comprend qu’il s’agit de PR, Président de la République !
Autre point fort, les acteurs, tous excellents : Gourmet dans le rôle-titre est criant de vérité en Ministre, mais aussi en gars proche du peuple, Michel Blanc est glaçant en Machiavel* de service, Zabou Breitman chargée de com efficace, Laurent Stocker, le jeune énarque conseiller du ministère, Didier Bezace, etc. Et même quand cela se relâche un peu (le chauffeur-contrat de qualif censé exprimer « la parole du peuple »), ça reste encore tout à fait acceptable…
Du coup, L’Exercice de l’Etat is a serious contender for the Toutahauzeneleveune Topten… même si, coup de Jarnac final : à la lecture du générique, le Professore s’aperçoit que le film est produit par… Les frères Dardenne. Et là, ça fait mal !
* dans la bouche du Professore, c’est toujours un compliment : conseiller, coach, Apôtre de la Nécessité, tout ce que voudrez, tant que vous n’ajouterez pas l’adjectif machiavélique
lundi 7 novembre 2011
Centurion
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Le Théorème de Rabillon nous fait faire bien des bêtises. Regarder, par exemple, Centurion, sous prétexte qu’il y a des gars en jupettes qui appartiennent à la Neuvième Légion.
C’est pourtant un nanard d’une ringardise absolue, malgré la présence fugace de notre héros Dominic « McNulty » West. Héroïnes court vêtues (mais maquillées l’Oréal, qu’il neige ou qu’il vente), héros bourrus (mais courageux), casting politiquement correct (patrouille romaine avec un noir et un arabe ; je vous rassure, le traître est arabe), et répliques culte piquées à Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion? : « Pourquoi aller au nord, notre garnison est au sud ?? – parce que c’est justement ce à quoi ils s’attendent !! »
Rien à sauver donc, le Professore s’y est repris une dizaine de fois pour arriver au bout de Centurion…
CinFast, sûrement, sinécure, sûrement pas…
dimanche 6 novembre 2011
The Tourist
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
The Tourist, c’est l’archétype du nanar, qu’on croyait perdu dans les profondeurs des fifties, c’est aussi l’incarnation de la Loi d’Olivier. Revue de détail.
L’intrigue de The Tourist est pourtant rigolote, au début. Une beauté fatale (Angelina Jolie), visiblement surveillée par la police française, reçoit un mystérieux message qui lui enjoint à prendre le Paris-Venise en s’asseyant face à « quelqu’un qui me ressemble« . Qui ressemble en fait au rédacteur de ce message, le fameux Alexander Pearce, escroc de haut vol, recherché par toutes les polices. La belle monte donc dans le TGV, et s’assoit face à… Johnny Depp. Ça dragouille gentiment jusqu’à Venise, et là, les ennuis commencent. Pas la peine d’en dire plus, ça risquerait de vous gâcher un dimanche soir sur M6, mais sachez que l’on saura à la fin qui est ce fameux Alexander Pearce.
Le problème est d’abord là, brillamment exposé par le professeur Olivier, depuis sa chaire de Filmologie Comparée de Lausanne. La Loi d’Olivier dit ceci : « Un réalisateur n’est pas le maître omniscient de son univers. Il peut réserver des surprises au spectateur, mais se doit de maintenir une certaine connivence avec lui, afin de le laisser chercher par lui même des pistes de résolutions de l’intrigue » Et justement, The Tourist se veut hitchcockien, mais ne l’est pas du tout. Car à aucun moment, il est possible de deviner qui est le fameux Pearce. Et au moment de la révélation finale, nous voilà esclaves du réalisateur. C’est lui. Bon d’accord. Rien ne nous permettait de le deviner, ni de deviner le contraire…
Le deuxième souci de The Tourist, c’est sa ringardise absolue. Jouer la carte du duo classique Hollywoodien, c’est bien, mais n’est pas Cary Grant-Eva Marie Saint qui veut. Angelina n’est plus très jolie depuis quelle a atteint le point de non retour de la chirurgie esthétique, appelé aussi Point Kidman* Angelina est donc hideuse, et on se demande qui pourrait tomber sous le charme d’une copie taïwanaise de Barbie. Qui, sinon Johnny Depp, qui à force d’avoir abusé du Jack Daniels avec Keith Richards sur le tournage de Pirates des Caraïbes, a pris un joli pneu autour de la taille. Pire, autour de ce couple qui n’a rien de glamour, tout sonne faux : le TGV d’opérette qui nous mène à Venise, le Danieli placé sur le Grand Canal, et l’aéroport en face de la gare, je vous en passe et des meilleures**… Détails, me direz-vous… Mais ce qui passait dans les films des années 60-70 n’est plus acceptable aujourd’hui. Des réalisateurs comme Paul Greengrass, des films comme la trilogie Jason Bourne, ou même les Mission Impossible ont modernisé le thriller ; ils répondent à une plus grande exigence du public, mieux informé, connecté à Internet et qui sait trouver le Danieli sur Googlemaps.
Il en va de même pour le reste du film : Florian Henckel von Donnersmarck (réalisateur de La Vie des Autres) s’est visiblement égaré à Hollywood, et particuliers dans une faille spatio-temporelle située au croisement de Van Nuys et Ventura Boulevard. Il se croit en 1953, sur le tournage de Vacances Romaines, avec de grands posters du Tibre figurant Rome derrière Gregory Peck.
* Nicole Kidman était une jolie fille, sans plus, à ses débuts. Il suffit de la voir dans le magnifique Calme Blanc : beau corps, mais visage quelconque. Son arrivée à Hollywood (Horizons Lointains), son mariage avec Cruise (Eyes Wide Shut) coïncide avec quelques modifications de la carrosserie : des yeux plus grands, un nez moins long, des sourcils mieux dessinés. Mais comme chacun sait, la chirurgie esthétique est une drogue dont il n’existe pas de méthadone : il n’y a pas de sortie de secours, et une fois que l’on se rend compte qu’on est allé trop loin (le fameux point Kidman), il est trop tard pour faire demi-tour.
**et notamment les cigarettes électroniques (sic) de Johnny Depp…
samedi 5 novembre 2011
Lone Star
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
A ne pas rater, lundi 7 sur Arte, la projection, trop rare, du chef d’œuvre de John Sayles. Lone Star, c’est la devise du Texas, et l’intrigue tourne autour de la frontière, où de nouveaux crimes réveillent les fêlures du passé. Une exploration des relations complexes Mexique-USA, sans concession de part et d’autre, et servi par des comédiens exceptionnels.
Vous savez quoi faire lundi soir…
Lone Star
lundi 7 sur Arte, 20h40