lundi 28 novembre 2011


Tintin et le Secret de la Licorne
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

L’adaptation est un dur métier. C’est pourquoi le bon Stanley recommandait de ne s’attaquer qu’à des romans de gare. L’escalade de chef d’œuvre, même par beau temps, n’est pas recommandée.

Quand un livre, une BD, est portée au pinacle par une bande de fans hardcore, qu’il s’agisse du Seigneur des Anneaux, de Dune, de Lolita ou du Festin Nu, peu importe le nombre, c’est eux qui ont raison : ils seront les premiers experts vers qui l’on se tournera dès lors qu’il s’agira de recueillir un avis. Et s’ils prononcent une fatwa, malheur à l’adaptateur sacrilège !

Le problème avec Tintin, c’est qu’il y a beaucoup de monde dans cette communauté hardcore. Tout un chacun (européen) a eu son premier Tintin pour ses sept ans, un bien plus joli cadeau que le pull à grosses mailles offert par Mémé. Et, des années après, c’est cette première image de Tintin, bien plus que l’histoire, qui nous reste : deux traits, une houpette, deux points pour faire les yeux, voilà notre héros. Il a une voix dans notre tête, des expressions, qui n’existe que pour nous, et pour nous seuls.

En adaptant un projet vieux de trente ans, Spielberg a évité ces problèmes de débutants : il s’est garanti (et cela a pris du temps) de la neutralité de la veuve Hergé, et a tout fait pour se la mettre dans la poche (avec probablement cette superbe introduction). Il s’est évité bien des ennuis en refusant d’adapter n’importe quel Tintin, mais en choisissant dans les diptyques, et peut-être le plus facile d’entre eux (Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge). Mais surtout, il a choisi de NE PAS ADAPTER Tintin, en proposant une aventure à part, situé dans cet univers mais avec une histoire relativement différente, en mélangeant les deux avec une pincée de Crabe aux Pinces d’Or

Le résultat est excellent, même si l’on en convient, ce n’est pas Tintin, mais plutôt un jeune Indiana Jones qui serait reporter et belge, un prequel en quelque sorte. Spielberg utilise sa maestria et sa créativité habituelle pour livrer des poursuites de toute beauté, le tout servi par une réalisation en image de synthèse exceptionnelle… On reprochera juste le manque de temps morts, ce qui laisse peu de place à l’émotion… et pourtant il y en a, dans Tintin !

Mais le plaisir est là… Vivement la suite…