jeudi 24 mai 2012


Gentillet, Part Deux
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Gentillet. On me demande souvent d’expliciter ce commentaire méprisant qui ponctue les chroniques du Professore. Je vais donc essayer de développer encore plus ici le concept de Gentillettitude, qui pourrit trop de bonnes idées, trop de pitch audacieux : « Une poignée d’américains essaient de reconstruire une communauté dans une Géorgie infestée de zombies » ; « Un horloger juif rejoint la Résistance et met sa famille en danger » …

Si on devait la définir, me disais-je ce matin dans ma salle de bains (c’est souvent dans les salle de bains que naissent les grandes théories, cf. Archimède), la Gentillettitude apparaît généralement dans un film quand une action très positive affecte le Personnage Principal, à contre-courant absolu de la dramaturgie en cours.

Ainsi, quand les héros de Walking Dead se confondent en excuses parce qu’ils ont trompé leur femme ou oublié d’acheter le pain, alors que des zombies ont boulotté la moitié d’Atlanta, on est Gentillet. Quand la Résistance essaie de sauver la petite Crémieux sous le fallacieux prétexte qu’elle est la fille d’un personnage principal d’Un Village Français, on est Gentillet.

Au contraire, quand Tintin décide de sauver Haddock dans Tintin au Tibet, alors que c’est – en théorie – la mort assurée, on n’est PAS dans le Gentillet.

Pourquoi ?

Parce que Tintin est un archétype, l’incarnation quasi-parfaite du Héros, ses aventures sont délirantes, et irréalistes. Il n’y a donc aucune incongruité à ce qu’il commettre un acte suicidaire pour sauver son meilleur ami, alors que ce serait ridicule dans beaucoup de films. C’est au contraire un acte très commun dans les Aventures de Tintin.

A contrario, quand madame Larcher, ex-girlfriend d’un SS, décide de sauver la servante juive qui a pris sa place dans le lit conjugal, on aimerait bien quelques explications psychologiques. Ce revirement est possible, mais il doit être étayé par des événements qui justifient ce revirement.

C’est bien l’opposition entre situation et/ou personnages réalistes et un soudain et improbable retournement positif que nait l’odieuse Gentillettitude.

Détectez-la, dénoncez-la : la gentillette attitude ne passera pas !