Depuis 48h, la rédaction de CineFast est assaillie de demandes d’interview exclusive. Du monde entier, du Magyar Nemzet de Karl Ferenc, de l’Osservatore Romano de Ludo Fulci, on souhaite recueillir l’avis du Professore.
Ses assistantes, Magenta et Columbia, prennent les appels, mais ne savent que répondre : le Professore est injoignable. Il travaillerait à un livre-somme sur Starship Troopers ou à une analyse détaillée de l’influence de Kubrick sur l’art de l’origami au Japon.
La vérité oblige à dire qu’il n’en est rien. Le Professore s’en fout.
Comme de son premier pyjama Star Trek, de ses DVD de San-Ku-Kaï, ou de son 45t de Capitaine Flam dédicacé par Richard Simon.
From day one, le Professore n’aime pas George Lucas. Ce petit voleur à la tire de la SF sans talent, qui a construit son œuvre, tel le Facteur Cheval, en accumulant des bouts du travail des autres (Dune, Flash Gordon, les films de guerre aérienne des années quarante, les Chevaliers de la Table Ronde) pour écrire son petit univers minable de gentils et de méchants galactiques qui a, à notre grand désespoir, conquis la planète, tandis que les chefs d’œuvres de la SF croupissent dans les tiroirs d’Hollywood, attendant une adaptation*…
George Lucas est un escroc. Un bon producteur (Star Wars, Indiana Jones), mais un réalisateur lamentable (Star Wars, le film), un scénariste pitoyable (Star Wars 1-2-3). Les meilleurs Star Wars ont été réalisés par d’autres (Irvin Kershner) et scénarises par d’autres (Lawrence Kasdan).
George Lucas n’a rien fait d’autre après. THX 1138 est intéressant, American Graffiti pas mal, mais en dehors de ça ?
Donc, si vous voulez mon avis (et que vous n’êtes pas encore allez vous réfugier sur Oth, comme toute racaille Rebelle qui se respecte), le rachat par Disney est une BONNE nouvelle. Même pour vous, les lucasseux ! Cette franchise de produits dérivés va enfin produire de vrais films, les premiers depuis L’Empire Contre Attaque. Ça sera toujours aussi sirupeux et passionnant que les amourettes galactiques de Luke Skywalker, mais au moins il y aura une début, une fin, trois actes, des comédiens dirigés, des effets spécieux lisibles, et une musique audible.
Bienvenue dans le cinéma professionnel !
* Je fournis une liste personnelle, au cas où Bob Iger jetterait un coup d’œil à CineFast, une fois fini la lecture de Variety : Chroniques Martiennes, Les Monades Urbaines, La Ruche d’Hellstrom, Croisière sans Escale, Babel 17, L’Orbite Déchiquetée, Ubik, La Grande Porte, Demain les Chiens, Martiens go Home, Les Voyages électriques d’Ijon Tichy , La Guerre Eternelle, Radix, et, en heroic fantasy : Terremer, Le Cycle des Épées, Elric le Necromancien, L’Ombre du Bourreau, Les Neuf Prince d’Ambre…
Case Départ, c’est un peu Retour Vers le Futur aux Antilles. Qui n’a pas la prodigieuse construction de son ancêtre (accumulation d’enjeux jusqu’à l’explosion de rires finale), mais qui n’est pas sans attrait. D’abord le sujet, car il y a très peu de films sur l’esclavage, encore moins français, et encore moins de comédies sur le sujet.
Le pitch déjà est étonnant ; lui aussi : deux noirs d’aujourd’hui, caricatures assumées. Joël (Thomas N’gijol), est un petit voyou, braqueur de vieille dames, père à la ramasse, obsédé sexuel, mais se prétend « victime du racisme », et qui prétend avoir trouvé la rédemption dans l’islam. Une paire de fesses dans un jean trop moulant l’écartera rapidement de cette nouvelle vocation. Régis (Fabrice Eboué) est tout le contraire : un métis très intégré, trop intégré. Conseiller municipal, il se croit obligé de rires aux blagues FN de son maire, et fait la leçon aux africains qui ont le malheur de passer dans son bureau. Marié à une femme blanche moins raciste que lui (Blanche Gardin, qu’on aimerait voir plus souvent et dans d’autres rôles que seconds), il mange du Pont l’Evêque, et écoute Laurent Voulzy.
Un coup de téléphone va les réunir : leur père est mourant. Les voilà demi-frères. Ils se découvrent et, évidemment, se détestent. Sur son lit de mort, Le père leur livre un ultime héritage, le trésor de la famille : le document qui émancipa leur ancêtre en 1780, et en fit un homme libre.
Pour une fois, les frères sont d’accord : cet héritage, c’est de la merde ! Furieux de ne pas hériter d’un vrai trésor en doublons sonnants et trébuchants, les deux compères déchirent le parchemin, au grand dam de leur tante. Pas de chance, celle-ci est une mambo, une sorcière vaudoue. D’un nuage de fumée de sa pipe magique, elle les envoie d’où ils viennent : les Antilles, 1780.
Comment rejoindront-ils leur présent ? Trouveront-ils la rédemption ? C’est le sujet de Case Départ.
La première réussite du film est d’utiliser ses deux caricatures pour traiter, dans les grandes largeurs, les thématiques habituelles du Jamel Comedy Club. Et comme le fit cette nouvelle scène, d’apporter un nouveau souffle à la comédie à la française, en abordant des thèmes jusque là interdits aux comiques français de souche, comme dirait la famille Le Pen. On peut enfin traiter le racisme sous tous ses angles, sans complexe, comme par exemple l’homophobie noire. Gag récurrent de Case Départ (avec un final pour le moins attendu), les deux personnages s’efforcent de démontrer pendant tout le film « qu’ils ne sont pas pédés ». De même, l’épisode des Neg’ Marrons montrent nos personnages prêts à tout, enfin presque.
Le seul regret que l’on pourra opposer à Case Départ, c’est probablement une caricature trop appuyée des blancs, trop gentils ou trop méchants (mais quand on voit le traitement du camp d’en face, difficile d’appuyer trop longtemps cette critique).
Plutôt, on leur reprochera de n’en avoir pas assez fait. Il y avait matière à saturer Case Départ de gags (à l’image du running gag du T-Shirt Scarface), et de pousser ses gags le plus loin possible.
A coup sûr, on guettera les prochaines productions Ngijol & Eboué.