Accumuler les clichés ne fait pas un film. C’est la leçon d’Une Pure Affaire, un film malin, trop malin. Si son histoire est bonne (que feriez vous si vous trouviez un kilo de cocaïne ?), son traitement est raté, en grande partie parce que par Alexandre Coffre hésite en permanence entre le drame social et la comédie de mœurs. Il faut respecter le genre, comme dirait le Professore.
Mais comme Coffre est malin, qu’il filme très bien, que sa musique est jolie, et qu’il a de bons interprètes (Pascale Arbillot, pour l’épouse, Laurent Lafitte, pour le collègue odieux), il se croit tout permis. On imagine les conversations avec le scénariste, c’est-à-dire lui-même :
– « A ce moment-là, on passe à l’acte 2 ; le spectateur doit comprendre le débat moral ; est ce vraiment bien de vendre de la drogue ? Comment illustrer cela mon petit Coffre ?
– Et bien Alexandre, si on mettait ça dans la bouche de l’ado ? Genre renversement des valeurs, les jeunes qui donnent des leçons aux vieux ?
– Pas mal, ça, mon petit Coffre ! Effet comique garanti, et on sent bien le changement d’acte ! Écris-moi ça vite fait coco ! »
Qu’on ne se méprenne pas : ce genre de réflexion existe est indispensable sur n’importe quel film. Ce qu’on reproche à Une Pure Affaire, c’est de s’arrêter là, à ne pas peaufiner son ouvrage, à ne pas travailler son sujet, à se reposer entièrement sur les dialogues, ce qui rend le film peu subtil.
Deuxième fausse bonne idée : François Damiens. Autant le comédien est drôle, autant il peut sûrement, un jour, être utilisé dans un drame, autant là il est faiblard, toujours à mi-chemin entre Les Caméras Planquées et le juriste émouvant qu’il devrait être.
Le symbole en fait, de ce film entre deux chaises qu’est Une Pure Affaire.
PS On ajoutera – une fois de plus – que le monde de l’entreprise est traité dans Une Pure Affaire de façon parfaitement caricaturale, une constante dans le cinéma français.