Sacrés américains ! Quand il s’agit de te saloper une belle idée, ils se posent là ! C’est le cas d’Oblivion : on ne sait que penser devant le monolithe noir de Mr Kosinski*.
Si sa structure est élégante, (une belle et originale histoire de science-fiction, comme il y en a peu), le traitement d’Oblivion est plat comme la terre est ronde. Comme si Tom Cruise et son scénariste (Mr Kosinski lui-même) avaient racheté d’occase situations, bouts de dialogues, et clichés à deux balles.
Car Oblivion est un étalage incroyable de scènes convenues. Comme la belle Olga Kurylenko, qui après une nuit d’amour, remet le vieux pull de son homme et se lève, croisant langoureusement les bras en frissonnant, parce que là, y’a comme un courant d’air. Ou Morgan Freeman, last man on earth, avec sa paire de lunettes eighties, mais le meilleur des cigares cubains, et entouré de ses Guerriers de la Route tous habillés pareils, on ne sait par quel hasard du destin. Cette capacité à citer tout aussi bien Mad Max que La Planète des Singes, Dune, Deep Impact ou 2001, sans parler de La Parenthèse Inattendue*, oui, l’immortelle émission de Frédéric Lopez, qui semble être l’inspiration incontournable d’Oblivion.
On se moque, on se moque, mais pourtant…
Joseph Kosinski, vérifiant le vieil adage fordien qui veut que tout le budget d’un film doit être mis dans sa conclusion (un client qui sort content du restaurant est un client qui revient) arrive inexplicablement à terminer Oblivion en beauté. En quelques scènes, pourtant pas mieux réussies que les précédentes, Kosinski dévoile soudainement sa cathédrale en or massif qui se cachait derrière la cabane au fond du jardin.
De sorte que l’on a l’étrange impression de regarder à la fois une GCA horriblement ratée et un chef d’œuvre en devenir… Pas un film du milieu, non, les deux à la fois. C’est mal joué, ringard dans les situations, insignifiant dans les dialogues, enfilant des clichés à la tonne comme les Tets pompent l’eau des océans, mais cette bouillie fait sens dans les toutes dernières minutes.
A la fin, je touche, dirait Cyrano.
*Déjà salopeur d’une autre belle idée : le reboot de Tron.
** Hé oui, la vraie vie c’est une cabane au fond du jardin.