Il y a des films où vous vous demandez ce que vous y faites, et où soudain, en un plan, en une scène, ils vous happent, vous décollent du siège, et vous relâchent, abasourdis et heureux.
Frances Ha est de ceux-là.
Après une heure et demie, je me demandais si je ne m’étais pas emballé en vous recommandant – sans l’avoir vu – cet autoportrait woody-allenien, new yorkais en diable. Saynètes de la vie quotidienne, marivaudages de trentenaires, escapade à Paris, noir et blanc sublime (mais de rigueur), l’enthousiasme qui m’avait saisi dans Les Berkman se Séparent ne se présentait pas à ma porte.
Il a fallu juste un plan, le dernier, pour que tout se mette en place. Que le propos du film, éparpillé façon puzzle, prenne sens. Que la quête de Frances, cet enfant dans un corps d’adulte, prenne enfin son envol. Tout ce qui précédait n’avait été qu’un apéritif, avec ces histoires de thirty-something qui testaient amitié, couple, naissance, carrière : le cycle éternel de la vie et cette tournure très spéciale qu’elle prend pour vous si vous restez sur le bord de la route, tandis qu’amis et famille se casent… Cette épopée, Noah Baumbach nous la cachait depuis le début, derrière le visage adorablement drôle de sa compagne et co-scénariste, Greta Gerwig.
Il a fallu juste un plan, et nous sommes tombés amoureux…