Pour voir correctement un film, il faut arracher d’un coup de dents rageur le voile tendancieux du buzz. Ici, cela signifie nettoyer de nos lunettes la formule « Lefilmqu’Hollywoodnapasvoulu », le mantra répété à longueur d’interview par Steven Soderbergh, qu’il conclue d’une terrible menace de démission : « Si c’est comme ça, j’arrête le cinéma ! ». Avec tous ces gens qui cherchent du boulot, est-ce bien sérieux de tenir tel langage, mon petit Steven ?
Une fois qu’on a fait la sourde oreille aux geignements de nos merveilleux amis de la scène et du spectacle – geignements de plus en plus en plus insupportables par ailleurs – que reste-t-il de Ma Vie avec Liberace ? Une déco aux petits oignons, deux comédiens extraordinaires (Damon, et Douglas, pas un scoop) et… pas de scénario, évidemment. L’éternel biopic façon Martine à la Plage : Liberace dans son Bain Moussant, Liberace sur Scène, Liberace au Pieu..
Les motivations des uns et des autres, la révolution sémantique qu’apporta Liberace au show biz (Elton John et Lady Gaga lui disent merci) sont à peine esquissées. Quant au destin de gigolo de Damon, il semble inéluctable. Comme disait maitre Hitch : on se moque de ce qui va se passer, on veut savoir comment ça va se passer.
Au même moment, tandis que sombrais dans une douce torpeur au Gaumont Opéra, D8 passait en VF Magnolia, le chef d’œuvre de Paul Thomas Anderson : un concentré d’intrigue, d’enjeux, de personnages…
J’aurais dû rester chez moi. Comme dit Soderbergh, le cinéma ambitieux est désormais à la télé…