lundi 17 février 2014


L’homme au Bras d’Or
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

L’homme au Bras d’Or est un ovni cinématographique. Quand Otto Preminger s’empare, en 1955, du livre de Nelson Algren, la drogue et les drogués sont un sujet tabou aux États Unis. Une seule vision émerge*, celle du dope fiend, le camé, danger pour la société. Il faudra beaucoup de temps, et peut-être L’Homme au Bras d’Or, pour voir les drogués comme des malades et des victimes.

Frank Sinatra avait raté Sur Les Quais, il n’allait pas rater L’homme au Bras d’Or. Avant d’avoir fini de lire le script, il accepte de tourner le film.

Certes, le film est daté, dans sa volonté très Actor’s Studio. Les acteurs en font des tonnes, comme dans Sur les Quais. A commencer par Sinatra qui surjoue la scène de sevrage cold turkey. Son épouse, mythomane en chaise roulante (Eleanor Parker), en fait de tonnes. Sa maîtresse, Kim Novak, sublimement sensuelle, bien plus belle que chez Hitchcock, est aussi un peu too much. Et le dealer d’héroïne à l’air bien propre sur lui. Pas grave, le film marche quand même.

Grâce à Sinatra, impeccable au final… Grâce au fatum, dans lequel tous les personnages semblent englués…. Grâce à la musique jazzy d’Elmer Bernstein, une première au cinéma.

Grâce à Otto Preminger enfin, qui aligne les plans séquence comme d’autres alignent des strike.

Une curiosité à redécouvrir.

* si bien décrite par Burroughs dès Junky