mercredi 30 avril 2014
The Newsroom
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Enfin, elle est là. La série tant attendue du Maître de la Maison Blanche, du génie scénaristique derrière Des Hommes d’Honneur, The Social Network ou Le Stratège, Mr Aaron Sorkin lui-même.
Après la politique américaine (À la Maison-Blanche), après la télé sportive (Sports Night), ou comique (Studio 60), Sorkin va appliquer son implacable désossage pédagogique aux médias américains. Après l’Aile Ouest, la salle de rédaction.
Et là, déception. La série semble avoir trente ans. L’image est moche, c’est filmé comme l’as de pique et les acteurs surjouent, dans un seul et unique open space qui ressemble trop à une scène de théâtre pour être honnête.
Certes, l’argument faut envie. Un PPDA au bout du rouleau reprend goût au journalisme quand revient son ex, bombardée productrice, accompagnée de jeunes journalistes talentueux.
Bon, pourquoi pas. C’est Sorkin, quand même ! On va s’accrocher un peu. Voir où ça mène.
Mais on a très peur.
mardi 29 avril 2014
La Playlist d’avril
posté par Professor Ludovico dans [ Playlist ]
Musique : Far From Any Road, la chanson du générique de True Detective signée The Handsome Family
Série : Friday Night Lights Saison 3, Girls saison 1, House of cards saison 2, The Newsroom saison 1
Livre : Galveston, Nic Pizzolatto
BD : Intégrale Bernard Lermite , de Martin Veyron
lundi 28 avril 2014
House of Cards, saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Après des débuts au réalisme douteux (et qui reste l’épine la plus douloureusement plantée dans la hanche de monsieur Fincher), cette deuxième saison de House of Cards finit en beauté.
Progressivement, après avoir planté consciencieusement le décor (la crise chinoise, les amours de la speaker, les problèmes de couple présidentiels), la belle équipe Willimon – Fincher dénoue le tout avec talent devant nos yeux ébahis.
Formidablement filmé, formidablement interprété, magnifiquement écrit, House of Cards a fini, après quelques embardées, par redresser la trajectoire et tient maintenant la route. Nous voilà dans les coulisses du pouvoir (et cela pourrait se passer n’importe où, en somme), et nous assistons au spectacle de ces grands fauves qui se déchirent pour monter toujours plus haut.
Et tant pis s’il y a quelques dommages collatéraux.
jeudi 24 avril 2014
Girls
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Depuis deux ans, le Snake nous tanne avec Girls, le truc sur HBO qui enterrerait (sic !) Sex & the City. Bon, OK, mais on ne sait pas où il a vu Girls, le Snake. Probablement téléchargé sur quelque plateforme illégale. Ou streamé sur son téléphone, pendant qu’il jouait du piano de la main gauche. Oui, le Snake joue du piano.
Mais bon, le Professore ne télécharge pas, lui. Trop de respect pour la création, les artistes, le travail des studios, le dévouement des chaînes de télé, qui nous apportent chaque jour notre dose de divertissement.
Bref.
Surprise.
Qu’est-ce qui passe sur Canal+, la chaîne du cinéma ? Girls. Eclat de rire de la Professorinette. Ben ouais, jlaidejavu en strimigue, kestucroi ? Cepamal, maijai areté séson 2.
Comme ça va bientôt disparaître de Canal+ à la Demande, on en regarde un. C’est pas mal, en effet. Très moderne. Le genre de truc qui renouvelle son genre, à savoir la sitcom de fille, tout en restant dans la trame connue. La narratrice très moche (Hannah, aka Lena Dunham, on y reviendra), auteur en devenir, éditrice stagiaire vient de se faire couper les vivres par ses parents. Et elle a un petit copain pas mal, mais l’aime-t-il d’amour ? Ou l’aime-t-il de sexe ? Et ses copines, pas piqué des Hamptons : la blonde lubrique et enceinte (Jessa) qui revient de France (forcément !), la très belle fille classe et sérieuse (Marnie), qui voudrait être considérée par son mec comme autre chose qu’un vase en porcelaine, et la quatrième, Shoshanna, petite oiseau à la ramasse, vierge, forcément vierge.
Tout ça serait très commun si il n’y avait pas un incroyable renouvellement de ton. Aride. Cru. Réaliste. Moderne. Vrai.
Car Girls est une série conçue, écrite, interprétée et réalisée par une seule personne : Lena Dunham*. Eh oui, la moche.
Et là, tout s’explique : si HBO a confié les clefs du camion de sa nouvelle sitcom à une parfaite débutante moche, c’est tout simplement qu’elle a énormément de talent.
Eh le Snake, t’aurais pas pu nous en parler plus tôt, de Girls ?
* et produite par Judd Apatow
mercredi 23 avril 2014
The Town
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
On va commencer par ce qui défrise : une trop grande proximité avec le modèle avoué, l’Heat de Michael Mann. Le même argument – éternel – du polar : un gars bien, mais gangster, veut s’en sortir en réalisant un coup ultime. Pour enfin se défaire de ses amis, de sa famille, de ses encombrants protecteurs. Tout ça pour l’amour d’une femme, évidemment. Mais tout aussi évidemment, c’est impossible… Eternel argument du manuel de scenario. Machin veut quelque chose, mais tout concourt à ce qu’il ne puisse l’obtenir.
Si The Town est loin d’accéder à son modèle, c’est qu’appliquant la règle, il ne sait pas y apporter un peu de subtilité, un peu de déviance, qui rendrait le truc à la fois moins prévisible et plus original. Comme en musique, il y a un thème, et il faut jouer avec, pas le reproduire note pour note.
Pareil pour les acteurs : ils sont tous bons, mais Ben Affleck n’ose pas aller trop loin, il ne leur en demande pas assez. Il manque une forme de profondeur qui les distinguerait des archétypes qu’ils sont censés représenter : le gangster intègre (Ben Affleck), l’amour de ma vie (Rebecca Hall), la cagole irlandaise (Blake Lively), le copain embarrassant (Jeremy Renner), le flic déterminé (Jon Hamm), le parrain destructeur (Pete Postlethwaite).
C’est ce qui faisait la différence chez Mann, cette intensité, cette capacité à transformer le polar Heat en chef d’œuvre choral : flics ou voyous avaient une épaisseur, une profondeur, qui les distinguait de clichés en carton-pâte.
Cela étant dit, The Town est un excellent divertissement, parfaitement réalisé. Les acteurs sont bons, parfois très bons. On ne s’ennuie pas une seconde. Et la fin, pour le coup, est originale, en proposant une morale différente de Heat.
lundi 21 avril 2014
Twin Peaks forever
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Séries TV ]
C’était hier, et nous reprenions, après un an d’abstinence*, notre ultime virée dans Twin Peaks land, son RR Café, le bureau du sheriff, la scierie, le Great Northern Hotel, le Jack-N’a-Qu’un-Œil… Ultime, car il n’est pas sûr que la Professorinette ait envie d’aller jusqu’au bout d’une série qui, comme chacun sait, échoua dans la saison 2 tout ce qu’elle avait réussi dans la saison 1.
Bref c’était L’épisode, celui où l’on sait enfin qui a tué Laura Palmer, La Grande Scène.
A vrai dire, je ne m’en rappelais plus. Une scène à la fois absolument terrifiante, uniquement rythmée par le crachotement d’un 33 tours en bout de piste, mais aussi contrebalancée par une autre scène magnifique, juxtaposée, où tous ceux qui ont connu et aimé Laura (Dale Cooper, Donna, Bobby) sont pris d’une horrible mélancolie, tandis que Julee Cruise interprète une chanson d’amour.
Tout Twin Peaks est là-dedans, et tout Lynch, pourrait-on dire : ce que la vie a de plus beau et de plus noir, concentré en une seule scène.
* due à une malencontreuse erreur de manipulation, qui avait révélé à la Professorinette, avec un épisode d’avance, le secret de Twin Peaks
samedi 19 avril 2014
Le test de Bechdel
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Avez-vous entendu parler du test de Bechdel ?
En trois petites questions, il permet de mesurer le niveau de bienveillance d’une oeuvre vis-à-vis de la gente féminine. Par exemple, le film que vous êtes en train de regarder comporte-t-il :
1. au moins deux personnages féminins identifiables par un nom?
2. Ces deux femmes se parlent-elles ?
3. Parlent-elles d’autre chose que d’un homme ?
Cherchez-bien, ça ne court pas les rues…
Et ça ne marche pas toujours : Desperate Housewives remporte le test haut la main. La série est-elle pour autant bienveillante envers les femmes ? Poser la question, c’est y répondre.
jeudi 17 avril 2014
Fincher perd son Jobs
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Hollywood Gossip -
Les gens ]
On l’annonçait, la bave s’écoulant des babines : le duo de choc Social Network, Sorkin-Fincher, était reformé pour s’attaquer au biopic du Commandeur des Croyants, le génial designer de Lisa et du Newton, monsieur Steve Jobs lui-même.
Malheureusement, Fincher a osé demander ce qu’il demande à chaque fois : le final cut*. Ce qui n’a pas plu à monsieur Sony, exit donc David Fincher.
Reste à savoir qui cuisinera la recette Sorkin, une bonne surprise n’étant pas à exclure. Et vu le sujet, il reste de grandes chances qu’on aille voir le film quand même. On n’est pas sectaires.
* Pour Social Network, Fincher avait formulé trois exigences : tourner le scénario tel quel sans y changer une virgule, l’assurance des avocats du studio que le film ne risquait aucun procès de la part de Marc Zuckerberg**, et, évidemment, le final cut.
** Le Zuck, grand prince, invita tout le personnel de Facebook à une projection privée de The Social Network, et se contenta du commentaire suivant : « They got the clothing right. »
mardi 15 avril 2014
Les Garçons et Guillaume, à Table !
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
La cinéphilie est parfois affaire d’opportunité. Des films que vous n’iriez voir pour rien au monde, et qui s’offrent à vous par le plus grands des hasards.
C’est le cas des Garçons et Guillaume à Table. On est au ski, et c’est le seul film potable chargé sur l’iPad. Et puis c’est ça ou subir, ne serait-ce qu’auditivement, les grandes émissions culturelles favorites des enfants : Les Marseillais à Rio ou Les Anges de la Télé-Réalité – Australie.
Le casque bien vissé sur les oreilles, nous entamons donc Les Garçons et Guillaume, à Table !, malgré notre répugnance traditionnelle à regarder un film sur un écran 12 pouces. Après tout ce n’est pas Tree of Life.
Faux, car c’est plutôt bien filmé. C’est ce qu’on retiendra, avec quelques bons choix musicaux (Queen, Supertramp), et Guillaume Gallienne dans le rôle de sa mère, formidable.
Parce que le reste ne fonctionne pas. Ce n’est pas inintéressant, mais ce n’est pas très bon non plus.
Mais Guillaume Gallienne en Guillaume Gallienne, ça ne va pas. Ce qui marche au théâtre ne marche pas au cinéma. Au théâtre, on accepte un certain nombre de conventions, comme Gallienne jouant tous les rôles. Au cinéma, on s’attend à plus de réalisme*. Et pas à Guillaume Gallienne jouant la folle qu’il n’est pas. De là à penser que le succès du film est du à de mauvaises raisons (se moquer des pédés tout en faisaient apparemment preuve de tolérance), il n’y a qu’un pas. Tout comme – à l’inverse -, le succès du film aux César soit dû avant tout un message politique bien pensant envoyé par l’Académie.
Deux pas que le Professor s’empresse de franchir, évidemment.
* On a ainsi beaucoup de mal à accepter le pardon final du fils à la mère tyrannique…
dimanche 13 avril 2014
True Detective, season finale
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
C’est peu dire qu’on attendait beaucoup de True Detective, après un générique fracassant, un casting d’enfer, une complexité séduisante, une intelligence rare, intriqué dans des références cultes.
C’est peu dire aussi, qu’on craignait le pire. Nous étions au septieme épisode et rien n’était réglé. Comment Nic Pizzolatto allait conclure son polar Southern gothic sans decevoir ?
Il déçut, un peu. Car il fallait effectuer quelques virages à 90 degrés pour amener les personnages dans leur posture finale, emprunter quelques raccourcis douteux pour résoudre l’intrigue, et se perdre dans le bayou des questions qui, de toutes façons, resteraient sans réponse. Et tout cela en cinquante deux minutes.
C’est comme si finalement, il avait manqué deux ou trois épisodes à True Detective pour conclure. Un comble, pour une série qui vante son statut d’anthologie (une saison, une enquête, des comédiens différents à chaque fois ).
Et l’on n’est pas tant déçu par la conclusion, mais bien par la forme de cette conclusion, légèrement inférieure au standard proposé par True Detective depuis ses débuts faramineux. L’évolution des personnages et des situations, contractées en si peu de temps, deviennent forcément caricaturales. L’intrigue se résout mais elle est reste absconse si on ne va pas fureter sur les sombres recoins d’ Internet pour éclaircie la solution,
Ce n’est pas grave. Nous avons gouté un festin. Seul le dessert était un peu raté.