Ryan Gosling est un con. Il ose tout, c’est à ça, dit-on, qu’on les reconnait. Mais le Professore Ludovico aime le beau Ryan, et ne comprend pas qu’on lui fasse le procès de jouer comme une huître. Ceux qui disent ça n’ont pas vu La Faille, Half Nelson, ou Blue Valentine.
Mais pire que tout, voilà un acteur, beau de surcroit, qui ose jouer au réalisateur ! Et qui ose, comme on l’a dit, tout. Le film fantastico-onirique, l’œuvre graphique, la fable économique, le thriller lynchien. Bien sûr, tout n’est pas réussi dans ce fatras.
Dans Lost River, le cinéaste débutant arrive pourtant à mélanger description réaliste de l’Amérique en crise et conte initiatique avec dragon (un dinosaure en plastique), un méchant terrifiant (un trafiquant de cuivre) et le Mal, évidemment tapi sous les eaux d’un lac (artificiel).
Comme dans un roman médiéval, un vieux sage au début de Lost River donne ce conseil au héros « Il faut que tu partes, il faudra que tu partes un jour de toute façon ».
Le héros n’est pas sur l’ile d’Avalon, mais dans un Detroit post-apocalyptique comme il est difficile de l’imaginer. Toutes les maisons victimes des subprimes sont au bord de la destruction. Et ceux qui tentent d’y survivre comme le héros (Iain De Caestecker) et sa Mère Courage (Christina Hendricks) doivent se préparer à de nombreux sacrifices. Pour sauver sa maison, l’Empire du Mal (le banquier) propose de « travailler » dans un club très lynchien. Le héros arrivera-t-il à sauver sa mère de cette abysse, à se sauver des griffes du méchant trafiquant de cuivre, à séduire avec la jeune et jolie (princesse) voisine, et à partir comme l’annonce la prophétie ?
C’est l’argument fantasmagorique de Lost River, où sont plaquées, de façon certes un peu désordonnée, les pères cinématographiques de Gosling (Lynch, Malick, Refn)… Au final, Lost River ressemble aux films français des années 80 : 37,2 Le Matin, La Lune Dans Le Caniveau ou Subway.
Certes, il y a des maladresses, mais des films ratés comme celui-là, on veut bien tous les jours…