Certains films vous font attendre la dernière seconde pour en comprendre le sens. Et donc pour décider qu’ils sont réussis. C’est le cas de Maestro, tiré des véritables aventures de Jocelyn Quivrin avec Éric Rohmer. L’acteur français ne rêvait en effet que de voitures et de films d’action ; mais le voilà embarqué en 2007, dans Les Amours d’Astrée et de Céladon, dernier film de d’Eric Rohmer.
Quivrin s’avouera totalement bluffé par sa rencontre avec Rohmer, une véritable rencontre humaine, et il rêvera toujours d’en faire un film. Il écrit même le scenario. Malheureusement, il meurt au volant de son roadster, en 2009, dans le tunnel de Saint Cloud.
Sur la volonté de sa femme, d’Alice Taglioni, son amie Léa Fazer, reprend le scénario et tourne le film : Maestro. Le rêve de Quivrin enfin réalisé, avec Pio Marmaï dans son rôle, et Michael Lonsdale en Rohmer sentencieux.
Évidemment, au départ, (et malgré les recommandations du Seigneur d’Avalon), le CineFaster sort les pop-corn et le Coca, espérant assister à une bonne parodie des Nuits de la Pleine Lune, L’Ami de Mon Amie, L’Arbre, le Maire et la Médiathèque. Films que le Professore Ludovico a vu, au quatorzième degré, avec quelques connaisseurs…
Mais petit à petit, comme le personnage principal, nous voilà sous le charme de Lonsdale/Rohmer. Oui, Rohmer est un vieux monsieur, avec des goûts bizarres (Shakespeare, la littérature française du XVI°…), mais ce sont des goûts d’un homme de son âge… peu à peu, nous voilà pris sous le charme d’un tournage foutraque, dans une extrême économie de moyens, jusqu’à la réplique finale. Maestro séduit par son humour léger, subtil, et tendre pour tous ses personnages. Et au bord de se convertir au cinéma rohmerien, pourtant simpliste et artificiel.
Par la magie du romantisme des tournages à petit budget, perdus dans la campagne : la magie du cinéma, tout simplement.