Il va falloir être résistant. C’est le slogan, très bien trouvé, de la fin annoncée de notre saga Plus Belle la Vie chez les Nazis. Nous sommes en septembre 44, et c’est la Libération, et bientôt l’Epuration. Une période passionnante à traiter, et en fait, on rêverait qu’Un Village Français ne s’arrête jamais, qu’il garde les personnages pour les faire évoluer sous René Coty puis De Gaulle, tant la France d’aujourd’hui est le produit de ces années-là. Mais ce n’est pas le projet de Frédéric Krivine, Philippe Triboit et Emmanuel Daucé, qui comptent bien arrêter au bout de ces six derniers épisodes.
Il est temps, peut-être, de s’arrêter, car les défauts de la première moitié de la saison six sont encore très présents dans ces deux premiers épisodes. A force d’avoir reproché aux auteurs leur manque de technique dramaturgique, ils se sont acheté un manuel de scénario*, et font depuis à peu près n’importe quoi.
On les a encore pris le doigt dans le pot de dramaturgie hier, où les rebondissements s’enchaînaient sans queue ni tête, par exemple, autour du sort des miliciens coincés dans Villeneuve. Avec toutes les astuces possibles (la bombe qui peut se déclencher, les conflits sur la conduite à tenir, l’arrivée mystère d’un personnage disparu depuis des mois, le cliffhanger final, etc.) mais tout ça était si convenu, si annoncé, si mal fait, qu’on avait du mal à reconnaître notre série fétiche. Par ailleurs, on enchaînait les tunnels de dialogue, censé rattraper le temps perdu : trois personnages expliquant dans un long monologue ce qu’ils avaient fait depuis qu’ils avaient disparu de la série, faute de l’avoir montré dans les saisons précédentes.
Pourtant, le propos était là ; raconter les affres de la reconstruction, la France au bord du chaos, sans ravitaillement, sans police, sans état. L’affrontement entre gaullistes et communistes. Tout cela reste comme d’habitude passionnant, et raconté avec subtilité. Dommage que ça ne soit pas le cas de l’intrigue.
A Villeneuve, on le voit, tout a changé, mais rien n’a changé.
* qu’ils exhibent à longueur de générique (Ateliers d’écriture, coordination du scénario, responsable des dialogues…)