1949. Los Angeles. Mickey Cohen.
Qui a lu James Ellroy ou John Fante, ou visité une fois la Cité des Anges ne peut pas résister à l’appel californien de Gangster Squad. C’est l’application pure et dure du Théorème de Rabillon.
Mais pire, on jette un coup d’œil à IMDb (premier indice de l’ennui qui point) et on apprend que Gangster Squad est réalisé par Ruben Fleischer, le mec qui a fait Bienvenue à Zombieland, et qu’on avait promis de suivre comme le lait sur le feu. Donc on continue de regarder, sous le haut patronage de Karl Ferenc Scorpio, qui nous a mis sur écoute depuis longtemps.
Le pitch (en deux mots parce qu’on n’a pas que ça à faire) : face à la corruption généralisée des forces de police à la fin des années 40, le Chef Bill Parker (Nick Nolte) crée le Gangster Squad, une équipe de police undercover prête à utiliser tous les moyens pour faire tomber Mickey Cohen, le baron de la pègre locale, un psychopathe sans foi ni loi (Sean Penn).
Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur de ces promesses. Certes les années 40 de notre Los Angeles de rêve (bagnoles, clubs, et petites pépées) est parfaitement reconstitué. Mais le scénario enfile les perles. Un petit garçon très mignon ? Son père va mourir. Mickey Cohen a l’air magnanime ? Le sous-fifre gaffeur va mourir dans d’atroces souffrances. La femme du héros se plaint, elle-ne-veut-pas-élever-un-enfant-dans-une-ville-corrompue-comme-Los-Angeles (on a déjà entendu ça quelque part, non ??) ; elle va regretter amèrement d’avoir dit ça. Et cætera, et cætera…
De plus, le scénariste Will Beall (qui officiait avant sur Castle, ça vous muscle tout de suite un CV), fait la grossière erreur de s’attaquer à Mickey Cohen et de raconter la fin du grand bandit de manière à la fois ultra classique (duel final au coup de poing, décadence dans la pauvreté d’une prison californienne…) et totalement ridicule. Car un simple clic sur Wikipédia, bien assis au fond du canapé, permet de vérifier que Cohen est tombé pour fraude fiscale et qu’il est mort en liberté.
Mais qui connaît Mickey Cohen aujourd’hui ? Personne. Il aurait suffit de raconter la vie d’un gangster mythique sans nom, et ça faisait le plat pour saucer.
Et sinon, d’où vient cette idée stupide de voir chercher un mec comme Sean Penn, une bonne gueule d’irlandais taillée à coup de serpes, pour incarner le rondouillard Cohen ? En réussissant au passage l’exploit de rater son maquillage ?
À vrai dire, L.A., James Ellroy, Sean Penn, Ryan Gosling, Nick Nolte, et même Mickey Cohen méritaient mieux que ça.