jeudi 31 décembre 2015
Vanilla Sky
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Vanilla Sky reste un des rares exemples de twist réussi au cinéma. Même si le film fait comprendre au spectateur, dès le départ, qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire, il ne donne aucun indice sur la solution. Même si, à la revoyure, on trouve quelques indices, comme par exemple des bruits incongrus qui indiquent où est vraiment le personnage. Mais il faut avoir l’oreille affutée.
Avec James Malakansar, nous avions tellement adoré le film quand il est sorti que nous n’avons jamais osé le revoir. Pour tenter l’expérience aujourd’hui avec de jeunes élèves en cours de rattrapages CineFastiens, il faut s’armer d’un peu de circonspection avant de mettre le DVD dans le lecteur.
La première partie confirme cette inquiétude. Tom Cruise, en cette année 2001, est au sommet de sa popularité et de son pouvoir à Hollywood. Il sort d’Eyes Wide Shut qui lui a donné cette crédibilité artistique qui lui manquait, il a quitté Nicole Kidman pour Penelope Cruz (et ça se voit dans Vanilla Sky !), mais il va plonger dans la scientologie et ruiner pour un temps sa carrière. Ici, il est plus beau, plus souriant, coolissime et plus énervant que jamais.
Mais c’est aussi voulu. Décrire un wonderboy à qui tout sourit, et qui va percuter le mur. Au sens littéral d’ailleurs. Et un film où Tom Cruise se fait tabasser, c’est toujours un bon film. Et un film où Cameron Diaz ne sera plus jamais aussi belle, et un film où Penelope Cruz est déjà très belle.
La morale finale est toujours aussi forte, et rattrape les quelques doutes que nous avions pendant le film. Plutôt que de rêver sa vie, vivons là. Comme le disait le professeur Frank’n’Furter, de la planète Transexual, Transylvania :
« Don’t dream it, be it. »
jeudi 31 décembre 2015
Les Affranchis
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Pendant Noël, les enfants font des devoirs. Ils révisent. Ça ne leur plaît pas trop. Ils préféreraient regarder Orange is the New Black ; des histoires de filles en prison, c’est mieux que les révisions.
Mais bon, c’est pas comme ça qu’ils auront leur Bac C. Le Professore leur a concocté un programme multidisciplinaire : Sciences et Vie de la Terre et des Arachnides, Mélodrame et fiction à twist, et bien sûr, cours de sicilien par correspondance. C’est à dire Starship Troopers, Vanilla Sky et Les Affranchis.
Magnanime, le Professore Ludovico les laisse choisir. La Professorinette prend Les Affranchis. Direct. Elle a bon goût, la Professorinette.
Parce que c’est un film important, Les Affranchis. À qui dirait-on aujourd’hui dans un dîner « Tu me trouves drôle ? Tu me trouves drôle COMMMENT ? » si Joe Pesci ne nous l’avait pas appris ? Et comment engueulerions-nous nos enfants sans l’aide de Bob de Niro : « Whad de matta wif you?? Whad didaille tole you, you fuckine basta?!! »*
Les films, c’est ça qui vous éduque. Qui vous apprend l’histoire ou la philosophie. Le foot américain ou le Texas. La vie dans l’univers ou la Guerre de Sept Ans. Donc pas de question de céder sur l’éducation des enfants. Ce soir, pas de télé, ce sera Les Affranchis. Ça couine, mais au bout de trois minutes, on n’entend plus personne. Il faut dire qu’en trois minutes Papy Scorsese a planté le décor. Et Billy Batts au passage. Un bon coup de pied dans la gueule. Un coup de couteau de cuisine dans le bide, et un coup de pelle sur la tête pour faire bonne mesure. Eh oui les enfants, on n’est pas dans Les Razmokets à Paris !
Et pendant deux heures vingt-six à ce rythme insensé, nous allons suivre Ray Liotta dans ses pérégrinations dans la mafia. Certes, le film est très bavard, mais c’est le prix à payer pour nous raconter tout ça. A tel point que la Professorinette trouve Goodfellas très inspiré du Loup de Wall Street. Rise and fall du narrateur. Regards caméras et voix off. Attention, la Professorinette sait que ce Loup est postérieur, mais ça lui gâche un peu le plaisir de découvrir que c’est le système Scorsese, tout simplement.
Nous, évidemment c’est l’inverse. On trouve que le Loup est une resucée, comme Casino, de ces séminaux Affranchis. Et que malgré ses petits défauts, ces vingt-cinq ans, ces goodfellas marchent toujours du feu de dieu. Parce que Scorsese a cette technique, ces plans-séquences incroyables, et cette scène finale atomique où l’on prépare le dîner, on coupe de la came, on surveille l’hélico, on tire un coup et on se fait bêtement arrêter. Le tout sur un mix musical tout aussi virtuose que le montage**.
La grande œuvre des Affranchis, c’est de nous avoir décillé le regard sur la mafia, et d’avoir ouvert la porte, dix ans plus tard, aux Sopranos. Montrer la Cosa Nostra comme un mode de vie, mais comme un horrible mode de vie, sans gloire, sans honneur, où les petits se font broyer et où les gros s’empiffrent. Loin du Parrain – par ailleurs au Panthéon du Professore – mais qui transformait l’ascension de Michael Corleone en magnifique tragédie shakespearienne. Ici, pas de Macbeth ou de Roi Lear, mais des ouvriers du crime. Et si la violence est omniprésente, elle n’est jamais jouissive. Et, en tout cas, jamais approuvée par le spectateur.
* et plein d’autres répliques cultes :
Tommy DeVito: Oh, oh, Anthony. He’s a big boy, he knows what he said. What did ya say? Funny how?
Henry Hill: Jus…
Tommy DeVito: What?
Henry Hill: Just… ya know… you’re funny.
Tommy DeVito: You mean, let me understand this cause, ya know maybe it’s me, I’m a little fucked up maybe, but I’m funny how, I mean funny like I’m a clown, I amuse you? I make you laugh, I’m here to fuckin’ amuse you? What do you mean funny, funny how? How am I funny?
Ou :
Jimmy Conway: What’s the fuckin’ matter with you? What – what is the fuckin’ matter with you? What are you, stupid or what?
Ou encore :
Jimmy Conway: I’m fuckin’ kidding with you! You fuckin’ shoot the guy?
Henry Hill: He’s dead.
Tommy DeVito: Good shot.
** Jump into the Fire, Memo from Turner, Magic Bus, Monkey Man, What Is Life et Mannish Boy
*** Un sosie de Scorsese fait une apparition. Et Michael Imperioli (qui, dans Les Affranchis, joue le rôle du jeune serveur Spider) lui crie « I love Kundun ! »
dimanche 27 décembre 2015
Amistad
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Bien sûr, Amistad n’est pas le meilleur film de Steven Spielberg. Bien sûr, c’est un feelgood movie. Bien sûr, il y a des moments ratés et bien sûr, la musique de John Williams est un peu superfétatoire. Bien sûr, Steven Spielberg essaie de faire sa Liste de Schindler noire, mais bien sûr aussi, le talent de Steven Spielberg éclate plus d’une fois dans ce film à moitié raté.
Parce que contrairement à tous les films réalisés par les agnostiques du cinéma*, Spielberg sait quoi faire avec une caméra, même quand son film n’est pas très bon.
Amistad commence par une mutinerie, un type de scène probablement filmé des milliers de fois depuis les frères Lumière. Comment la filmer une fois de plus ? Spielberg débute donc par un très gros plan sur un visage dans l’obscurité, d’un noir magnifiquement éclairé de quelques zones bleutées. On se doute (car on ne le voit pas), qu’il s’agit d’une cale de bateau, vu le sujet ; et on croit qu’il pleut. Erreur, ce visage est en sueur, car l’homme arrache un clou. Ce clou peut ouvrir un verrou. Ce verrou va libérer les esclaves. Ces esclaves vont se révolter et massacrer l’équipage de négriers. En partant d’une goutte de sueur, Spielberg a déjà raconté une histoire.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Comme dans tous ses films, Spielberg préfère des métaphores visuelles plutôt que le dialogue. Ainsi une fleur servira de pont entre l’ancien président Adams et l’esclave noir. Une dent de lion sera le symbole du combat que mènent les noirs, en Afrique ou en Amérique.**
Le film a aussi quelques audaces, peu habituelles dans un film Hollywoodien de ce calibre : des dialogues dans les dialectes africains (en VO non sous titrés), engendrant des moments de cocasseries au milieu de la tragédie.
C’est à cela que l’on connaît un grand cinéaste : il n’a pas peur de rester seul avec ses images.
* Un Village Français, Le Gamin au Vélo, Gatsby, Everest, you name it…
**Il faudra d’ailleurs saluer un jour l’immense travail accompli par Spielberg pour la cause noire, lui le petit juif blanc de l’Ohio : La Couleur Pourpre, Amistad, Lincoln.
mercredi 23 décembre 2015
Pauvre Alex Proyas (Gods of Egypt)
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Alex Proyas, le réalisateur de l’imputrescible Dark City (mais aussi de Prémonitions, et d’I, Robot, ce qui aurait dû nous alerter) va peut-être commettre l’irréparable le 24 février en sortant Gods of Egypt, dont la bande annonce, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, nous annonce le nanar absolu. Et rien que pour ça, on va y aller, évidemment. On dit ça uniquement sur la base du Théorème de l’Etiquette de la Bouteille de Vin qui énonce un principe simple : comme un amateur de bon vin, le cinéphile est capable de juger un film sur sa seule bande-annonce, voire sur son affiche.
Ici, on pourrait se tromper, parce qu’il y a une jolie affiche et quelques bons acteurs (Gerard Butler (300), Rufus Sewell (Dark City), Nikolaj Coster-Waldau (notre Jaime de Game of Thrones), Geoffrey Rush (Munich, Pirates des Caraibes), et la jolie Elodie Yung vue dans Les Bleus: Premiers Pas dans la Police). Tout ça pourrait faire un joli péplum avec Ra, Seth et Horus, mais la bande annonce suffit à nous prouver le contraire.
Car si l’on croyait avoir atteint le top du kitch avec 300 (en y passant quand même de très bons moments), on était loin du compte. Le niveau de ringardise atteint ici des sommets inusités. Pyramide dorées, ange-sphinx, décor en carton et figurants en pixels : tout est possible dans Gods of Egypt.
Il faut donc absolument aller voir cette magnifique bande-annonce qui fait passer Les Chevaliers du Zodiaque pour une toile du Tintoret.
Pas de doute, ce sera le journey d’une lifetime.
Et évidemment, rendez-vous en salles : j’ai déjà acheté le pop-corn…
lundi 21 décembre 2015
Questionnaire de Proust-Libé, version musique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Ici on aime bien le questionnaire de Libé, on a même fait deux articles dessus, celui-ci et celui-là. Ils l’ont remplacé par un questionnaire sur la musique, mais on n’est pas sectaires à CineFast ; donc voici les réponses du Professore Ludovico.
Le premier disque que vous avez acheté adolescent avec votre propre argent ?
33t : The Wall. Il est usé jusqu’à la corde. J’ai traduit les paroles sur un cahier, et je les connais encore par cœur. Mais avant, en 45T : Le France de Michel Sardou. Que je connais tout autant par cœur.
Pour écouter de la musique : MP3, autoradio, platine CD, vinyle ?
MP3, depuis que ça existe. Charger des albums sur un lecteur CD est une tâche désormais insupportable pour moi. Et on semble avoir oublié toutes les galères qu’on a eu avec les vinyles ; casse, rayures et nettoyages permanents.
Le dernier disque que vous avez acheté, et sous quel format ?
J’achète encore des CD de musique médiévale et, en général, les artistes que je veux aider à continuer à produire leur musique. Sinon, shame, shame, shame… je télécharge.
Où préférez-vous écouter de la musique ?
Devant mon PC.
Est-ce que vous écoutez de la musique en travaillant ?
Jamais. Je ne sais pas faire deux choses à la fois.
La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?
Le France.
Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?
Les premiers disques des Beatles. Même le correcteur orthographique connait leur nom.
Le disque pour survivre sur une île déserte ?
Dark side of the moon.
Un label ou une maison de disques à laquelle vous êtes particulièrement attaché ?
Attaché, c’est beaucouop dire. Mais je dirais Barclay, parce qu’ils ont fait Sid Bechet et Sid Vicious.
La pochette de disque que vous pourriez encadrer ?
Le premier album de The Clash.
Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?
Time, de Dark side of the moon et Ich will zu land ausreiten, un chant de minnesänger, les ménestrels du moyen âge allemand.
Préférez-vous les disques ou la musique live ?
Les deux. Mais les disques ne vous frustrent jamais. Un concert peut être extraordinaire ou ennuyeux.
Allez-vous en club pour danser, draguer, écouter de la musique sur un bon sound system, ou n’y allez-vous jamais ?
Après n’avoir eu ni les moyens, ni le courage d’y aller, j’ai eu ma période entre 20 et 25 ans. Et – coup de bol – c’était l’époque de la house. La seule fois dans ma vie où j’ai été à la mode. j’aimerais bien aller dans une boite où l’on jouerait encore cette musique…
Le groupe que vous détestez sur scène mais dont vous adorez les disques, et inversement ?
Je ne crois pas que ça existe. Quand j’ai un doute sur un groupe, je vais le voir sur scène, parce que sur scène, on ne ment pas. C’est en allant les voir au Bataclan que j’ai su que je n’achètera jamais un disque d’Oasis.
Les paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ?
Time de Pink Floyd. « Ticking away the moments that make up a dull day… »
Le disque que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?
Hunky Dory, l’un des nombreux « meilleurs albums » de Bowie.
Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?
Les Rolling Stones, évidemment.
La chanson ou le morceau de musique qui vous fait toujours pleurer ?
Ca varie selon les périodes. Peut-être Le France, mais je pleure sur ma jeunesse, pas sur Sardou. Ça a été Love will tear us apart, ça peut être comme aujourd’hui Dulce solum natalis patrie, un carmina burana, Wish you were here, Heroes ou Sister morphine, I’m sorry de Brenda Lee, One way ticket, le disco de Eruption, ou Hurt, la reprise NiN par Johnny Cash.
A vous de jouer…
lundi 21 décembre 2015
Back Home
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Ne jamais tourner un film dans une langue étrangère : c’est ce qu’Hitchcock expliquait à Truffaut il y a cinquante ans. Comment expliquer autrement l’échec de Back Home, le dernier film en date du génial Joachim Trier qui nous avait assommé de son talent avec Oslo 31 août* ?
Comment expliquer, en effet voir autant d’acteurs A-List jouer en dessous de leur niveau ? Si ce n’est que le réalisateur norvégien ne comprenait pas les nuances de l’anglais ? Isabelle Huppert n’est pas crédible en grande photographe de guerre, Gabriel Byrne (le Keaton d’Usual Suspects) dont c’est peut-être la plus mauvaise performance, Jesse Eisenberg qui se cantonne dans son cliché de jeune intellectuel New-Yorkais. Seul le jeune Devin Druid fait un ado tourmenté très convaincant**.
Pour le reste, ce n’est pas très concluant non plus. Si l’on adhère volontiers à la narration déstructurée (entre le passé, le présent, les différents points de vue et même les rêves des protagonistes), on a l’impression désagréable d’avoir le premier montage du film.
C’est dommage, car, à l’évidence, Joachim Trier a des choses à dire sur l’adolescence, la passion, la famille, le deuil.
Mais pas aujourd’hui.
* Chronique manquante, d’ailleurs…
** Ainsi que quelques pointures issues de la télé : notre chouchou Amy Ryan de The Wire et Gone Baby Gone, la belle Rachel Brosnahan de House of Cards, et on a cru reconnaitre Deirdre O’Connell, l’Athena de The Affair, mais IMDb refuse de confirmer…
samedi 19 décembre 2015
Tristesse Club
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Brèves de bobines -
Les films ]
Il y a heureusement des films que les américains ne sauront jamais faire et pour lesquels l’Europe, et en particulier la Grande Bretagne et la France savent parfaitement faire.
Tristesse Club fait partie de ceux-là. Au départ, c’est une des recommandations du Top Ten. C’est-à-dire de tous les films recommandé par les amis en ce froid mois de janvier et dont on se dit, telles les bonnes résolutions à la même période : « Ah zut, on aurait dû aller le voir ! » et puis, une minute après, on demande aux copains « Ça vaut VRAIMENT le coup ? » parce qu’on est pas vraiment sûr de vouloir faire l’effort. Mais comme ces braves gens viennent de vous le recommander, ils ne vont pas se dédire non plus…
Bref ça passe sur Canal, et on jette un œil. En dix minutes, on aura le temps de se faire une idée, et éventuellement jeter la recommandation à la poubelle des bonnes résolutions.
Pas de bol, ces dix premières minutes sont géniales : Laurent Laffitte mate un cul dans la file d’attente de la superette, tape son fils de 13 ans pour régler ses achats et Vincent Macaigne s’entraine à draguer les jeunes filles avec sa secrétaire de cinquante balais.
Le ton, est posé, délirant, et ce n’est que le début, car une bonne nouvelle arrive vite : Papa est mort. Au moment de toucher l’héritage de ce père très absent, pas de cadavre mais une fille, Chloé (Ludivine Sagnier) dont ne sait pas trop si c’est une ex du père ou une demi-sœur.
C’est parti pour 90 mn d’humour décalé et de règlements de comptes aigres-doux. Les acteurs à l’évidence se régalent, et nous aussi.
mardi 15 décembre 2015
Un Village Français, Saison 6, finale
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
C’est la fin des classes à Villeneuve. Après cinq trimestres décevants, UVF s’en tire enfin avec une bonne note pour sa dernière rédaction, sur le thème de la Libération. « A travers votre récit, illustrez les faillites de la Libération de la France, et de l’épuration, la fin de la Résistance et l’émergence du communisme et du gaullisme. Vous avez six heures, mais vous ne devez pas abuser des dialogues. »
A l’école, on nous a appris qu’une bonne conclusion pouvait sauver une rédaction. C’est ce que tente Emmanuel Daucé dans ce dernier épisode, celui des désillusions. La politique reprend ses droits, dans une France meurtrie et au bord du chaos. Les communistes veulent la mairie de Villeneuve. Les gaullistes n’ont pas l’intention de leur laisser. L’union de la Résistance est terminée, c’est l’heure du réalisme, et tous les coups bas sont permis. Parmi les personnages, il y a ceux qui comprennent, et ceux qui ne comprennent pas.
Les auteurs d’Un Village Français, qui avaient stocké les quelques grammes de subtilité qui leur restaient, les ressortent comme un junkie en manque pour cette dernière ligne droite. Et notamment dans cette dernière scène, qui a du se dérouler dans bien des villages français, où un préfet rebaptise la place centrale au nom d’un illustre résistant. Une scène où tout passe par les regards (le rire désabusé du résistant paysan, les regards tristes échangés entre la militante communiste et le jeune gaulliste), alors que les mots sont vains (le discours ampoulé du Préfet), et qu’une Marseillaise de pacotille, chantée faux par les résistants de la dernière heure, résonne.
Comme si, enfin, ce que nous appelions de nos vœux était possible : raconter une histoire en peu de mots, faire confiance à l’intelligence du spectateur, croire au cinéma.
Il est trop tard, au sixième trimestre, pour rattraper sa moyenne. Un Village Français redouble donc, car nous avons appris (au détour de Télérama) qu’il restait encore une saison.
La saison de la rédemption ? En tout cas celle de l’épuration.
lundi 14 décembre 2015
Barbary Coast
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
On poursuit exploration de l’œuvre d’Howard Hawks, avec un film peu connu des années 30 : Barbary Coast. Le pitch est assez simple : un homme (Joel McCrea) tente sa chance à San Francisco pendant la ruée vers l’or. Et évidemment, il y a une femme (Miriam Hopkins) qui essaie de sortir de Barbary Coast, le quartier mal famé et, en particulier, des griffes du terrible Louis Charnalis (Edward G. Robinson). Une fois qu’on a dit ça, on a tout dit de Ville Sans Loi.
La ruée vers l’or est une des obsessions de Hawks, lui qui avait même voulu adopter L’Or de Blaise Cendrars. Probablement parce que cette épopée est un idéal Hawksien : un monde d’hommes, dangereux mais totalement libre, où les audacieux font leur trou comme lui la fit dans l’usine à rêves, l’expression inventé justement par Cendrars pour designer Hollywood.
À vrai dire Barbary Coast est difficilement visible aujourd’hui ; au sens premier du terme, il est flou. Son principal intérêt est d’y retrouver les figures hawksiennes classiques. La femme forte. Le héros un peu mou. Le grand méchant qui rappelle le Lacenaire (Marcel Herrand) des Enfants du Paradis. On y trouve aussi un vieux marrant (baptisé Old Atrocity dans le film) qui n’est interprété par personne d’autre que Walter Brennan, le futur Stumpy de Rio Bravo.
Il y a aussi quelques belles scènes, une très belle pendaison dans la brume et la boue, et une scène d’évasion sur une barque. Tout cela ne nous empêche pas de dormir, mais c’est bon pour la culture générale du CineFaster.
vendredi 11 décembre 2015
Kingsman
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Deux choses qu’il ne faut pas dire aux Professore Ludovico : « Ça ressemble à James Bond en beaucoup mieux », et « C’est hyper bien filmé, ça pète dans tous les sens ». Deux défauts majeurs qui m’ont empêché d’aller voir Kingsman quand c’est sorti au cinéma .
Heureusement, il y a le cinéma dans les avions, cette séance de rattrapage pour cinéphiles fainéants qui permet de revoir tout l’été ce qu’on a refusé ne voulait de voir l’hiver : Connasse, Fast and Furious 7, La Famille Bélier, etc.
Donc on regarde Kingsman entre un Poulet à la Française surcuit au milieu de petits pois décongelés, et une Tarte aux Pommes de ma Grand-mère qui sort de l’usine ; on le termine avec un café lavasse, Air France style.
Révélation : super film, super drôle, supers dialogues. On avait juste oublié que Kingsman: Services secrets était signé Matthew Vaughn , l’immortel auteur ou producteur d’Arnaques, crimes et botanique, Snatch, Layer Cake, Kick-Ass, X-Men: Le commencement ou même L’affaire Rachel Singer.
Kingsman est le concentré de la méthode Vaughn : filmage épique, acteurs au top (Taron Egerton, Colin Firth, Samuel L. Jackson, Mark Strong, Michael Caine) et répliques cultes, dont la réplique finale !
Mea culpa, mea maxima cool pas.