C’est la fin des classes à Villeneuve. Après cinq trimestres décevants, UVF s’en tire enfin avec une bonne note pour sa dernière rédaction, sur le thème de la Libération. « A travers votre récit, illustrez les faillites de la Libération de la France, et de l’épuration, la fin de la Résistance et l’émergence du communisme et du gaullisme. Vous avez six heures, mais vous ne devez pas abuser des dialogues. »
A l’école, on nous a appris qu’une bonne conclusion pouvait sauver une rédaction. C’est ce que tente Emmanuel Daucé dans ce dernier épisode, celui des désillusions. La politique reprend ses droits, dans une France meurtrie et au bord du chaos. Les communistes veulent la mairie de Villeneuve. Les gaullistes n’ont pas l’intention de leur laisser. L’union de la Résistance est terminée, c’est l’heure du réalisme, et tous les coups bas sont permis. Parmi les personnages, il y a ceux qui comprennent, et ceux qui ne comprennent pas.
Les auteurs d’Un Village Français, qui avaient stocké les quelques grammes de subtilité qui leur restaient, les ressortent comme un junkie en manque pour cette dernière ligne droite. Et notamment dans cette dernière scène, qui a du se dérouler dans bien des villages français, où un préfet rebaptise la place centrale au nom d’un illustre résistant. Une scène où tout passe par les regards (le rire désabusé du résistant paysan, les regards tristes échangés entre la militante communiste et le jeune gaulliste), alors que les mots sont vains (le discours ampoulé du Préfet), et qu’une Marseillaise de pacotille, chantée faux par les résistants de la dernière heure, résonne.
Comme si, enfin, ce que nous appelions de nos vœux était possible : raconter une histoire en peu de mots, faire confiance à l’intelligence du spectateur, croire au cinéma.
Il est trop tard, au sixième trimestre, pour rattraper sa moyenne. Un Village Français redouble donc, car nous avons appris (au détour de Télérama) qu’il restait encore une saison.
La saison de la rédemption ? En tout cas celle de l’épuration.