Deux personnages errent dans la vallée de la mort. On a volontairement enlevé les majuscules, puisque c’est bien de cela dont il s’agit : un père et une mère, dans la vallée de la mort. Divorcés, les voilà réunis par les dernières volontés de leur fils suicidé : ils doivent doit se rendre – dans un jeu de piste macabre – dans 7 lieux différents de la Vallée de la Mort (avec majuscules cette fois-ci), et ce, à des heures précises. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’il reviendra d’entre les morts.
Ces parents, ce n’est pas n’importe qui. C’est Gérard Depardieu et Isabelle Huppert. Qui, dans le film, s’appellent Isabelle et Gérard. Guillaume Nicloux joue à fond de cette ambiguïté* ; Depardieu, le vrai, a lui aussi perdu un fils.
A ce drame, qui ne déparerait pas dans une nouvelle de Maupassant, la Death Valley fournit un écrin magnifique. Face aux monstruosités humaines (Depardieu obèse, Huppert ridée), le plus effrayant parc national américain fournit paradoxalement un décor parfait. Le ciel est un éclat bleu, le désert jaune, et les pelouses immanquablement vertes. Pour ceux qui y sont allés, ce n’est pas facile de filmer la vallée comme ça, qui est la plupart du temps jaunâtre.
Les acteurs sont magnifiques, on le savait déjà, mais il y a bien longtemps que Gérard Depardieu n’a pas été aussi bien. Huppert, comme d’habitude, est impériale, même si elle semble jouer son propre rôle.
C’est aussi que tout est fin et subtil dans ce scénario, qui ne s’emberlificote pas dans des intrigues annexes, et qui sait tout aussi bien allonger les scènes pour créer de l’étrangeté ou au contraire s’arrêter vite (1h28) quand le film doit finir. Cette Valley est une réussite.
* citant même des anecdotes proches aux acteurs (Nounours, homme de confiance de Depardieu dans la vraie vie, par exemple) Cette précision est copyright Ludo Fulci, qui m’a aussi conseillé de voir le film….