La malédiction de George Lucas, c’est que Star Wars, conçu par lui comme un aimable hommage aux serials des années trente, ait été pris tant au sérieux. Et que ce couscous improbable, mélange de Flash Gordon et de Buck Rogers, de princesses en bikini et de chevalier arthurien, du Dune de Frank Herbert ou des Robots d’Asimov, soit devenu le maître étalon* de la SF mondiale – en tout cas au cinéma.
Le génie de Gareth Edwards, par ailleurs papa du cultisme Monsters, c’est de garder ce qui marche dans la trilogie, cette simplicité biblique du combat du Bien contre le Mal, ce goût enfantin pour le merveilleux, l’aventure et le courage. Mais aussi de se débarrasser de tout ce qui ne va pas, c’est-à-dire ses costumes en pyjama, ses décors immaculés et ses archétypes obligés.
On passe donc un excellent moment à Rogue One, tout en n’étant pas dupe de ses faiblesses : des personnages tracé à la grosse craie, sans motivation bien définies et aux dialogues très faiblards** ; et une intrigue qui tient sur une boîte d’allumette.
Par ailleurs, on sait déjà comment ça va se terminer, comme dans Titanic, mais justement Gareth Edwards n’ose pas (pas encore ?) faire de Star Wars une simple toile de fond. C’est-à-dire ce que Cameron a fait de la tragédie du Titanic. Gareth Edwards aurait pu utiliser le vol des plans de l’Étoile Noire comme décor, et créer des personnages parallèles à ceux que l’on suit dans Rogue One.
Mais on passe un bon moment dans cet opus décomplexé de la série, et on est tombé amoureux de Felicity Jones, une sorte de jeune Chryssie Hynde perdue dans une galaxie très très lointaine, il y a très très longtemps.
Dommage, on ne la verra pas en bikini danser pour Jabba le Hut.
* ce n’est pas une faute de frappe
** Pas de phrase culte dans un Star wars, c’est rare…