On n’a pas vraiment eu le temps de chroniquer Premier Contact, le dernier film de Denis Villeneuve, futur director de Blade Runner 2046 et Dune, rien que ça. On dira donc juste ceci : Premier Contact est un très bon film, un film qui, comme d’habitude chez Denis Villeneuve, croit dans le cinéma, mais qui en même temps laisse traîner quelques soupçons sur Villeneuve Denis.
Car si on réfléchit deux minutes (et quand on réfléchit au cinéma, c’est mauvais signe), le scénario de ce Premier Contact est très simple. C’est celui, peu ou prou, de Rencontres du Troisième Type. Les ET arrivent, comment discuter avec eux ? Faut-il les craindre ou encourager un dialogue ? Avec ça, Spielberg, qui a rarement pété plus haut que son cinéma, fait un film classique, grand public. Denis Villeneuve se sent obligé de camoufler la faiblesse scénaristique par une mise en scène extrêmement complexe.
Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Nous préférons le Denis Villeneuve de Prisoners, qui avait des choses à dire, que celui de Sicario qui nage dans la même semoule esthétique que Premier Contact. Et dont le scenario brillait encore moins. Sans parler des personnages : Prisoners vous prenait aux tripes, Enemy moins, et Sicario, pas du tout. On peut donc s’inquiéter pour Villeneuve ; si cette pente devenait fatale, on y décèlerait à coup sûr un manque d’ambition.
Récemment, le réalisateur canadien disait être venu aux Etats-Unis convaincu que Prisoners ne serait qu’une étape dans sa carrière (i.e., qu’il ne marcherait pas) et qu’il retournerait ensuite faire ses films au Canada. Pas de bol, le voilà enchaînant les projets de plus en plus en plus prestigieux, à tel point qu’il demande du temps pour se reposer et faire Dune correctement.
Pas sûr qu’on lui donnera.