lundi 26 juin 2017


The Night of
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Quand on voudra analyser les années 2000, les historiens se pencheront sur HBO. Pour comprendre l’histoire des Etats-Unis post-11 septembre, ou de l’Occident en général, il suffira de regarder les Soprano, Sur Ecoute ou The Night Of. En huit épisodes, la série – sous le faux prétexte d’une enquête policière* – trace le plus précis des portraits de notre monde actuel. Un monde gangréné par la peur du terrorisme, la drogue, le racisme, et le fric.

En huit épisodes d’une subtilité incroyable (on est sûr que Nazir n’a pas tué la fille, alors qu’aucune preuve ne vient étayer cette idée ; la série va jouer avec ce préjugé), The Night of traitera tous ces sujets, la vidéosurveillance partout, les avocats des riches et les avocats des autres, Rikers’ Island, le dur boulot de flic ou de la procureure, miné par l’obsession du résultat, la médecine à deux vitesses, etc., etc.

Porté par le meilleur du casting d’HBO, John Turturro, qu’on ne présente plus, Riz Ahmed (Rogue One), Michael K. Williams (Omar de Sur Ecoute), Bill Camp (The Leftovers, Twelve Years a Slave), Peyman Maadi (Une Séparation, A Propos d’Elly), J.D. Williams (Sur Ecoute, Oz), chaque scène est un merveille de réalisme, de subtilité, d’intelligence, portée par des comédiens extrêmement sobres.

La mise en scène est au diapason : jamais spectaculaire, totalement au service du scénario. La base du cinéma, tout simplement : show, don’t tell. Un regard, et Turturro décide d’aider ce gosse perdu dans sa cellule du 21th precinct. Le visage fermé du flic remplissant sa déclaration de retraite : pas besoin d’une ligne de dialogue pour comprendre qu’on ne met pas trente ans de boulot aussi simplement aux archives. Ou la transformation visuelle de Nazir qui vient jeter l’ambigüité sur le personnage et nous obligent tout à coup, peut-être, à réviser nos préjugés sur l’innocence du héros.

The Night of est simplement l’une des plus grande séries de ces dernières années…

* Un jeune américain d’origine pakistanaise a-t-il ou non sauvagement assassiné son coup d’un soir ? Le spectateur comprend vite que ce n’est pas le sujet de The Night of