Phase IV, depuis vingt ans, faisait partie de la todo list du Professore ; un film de SF rare, sur l’invasion à venir des fourmis sur notre belle planète.
Rare, on comprend pourquoi ; Phase IV est une bouse innommable. Décors en cartons, musique sous-Pink Floyd, montage approximatif, et acteurs de seconde zone. On comprend aussi pourquoi c’était culte à l’époque : effet « spéciaux », musique angoissante, préoccupation écologiste, et surtout, impressionnantes images réelles de fourmis… Ce Microcosmos avant l’heure devait faire de l’effet en 1974. Pas un grand succès au box office, mais gagnant à la troisième édition du festival d’Avoriaz.
Saul Bass, designer de générique réputé (allez voir sur Wikipédia, ça fait peur, du Carmen Jones de Preminger à Casino de Scorsese) ne fera pas d’autres films. On comprend pourquoi. A mi-chemin entre La Chose d’un Autre Monde d’Howard Hawks (1951) et The Thing de Carpenter (1982), Bass ne sait rien tirer de ces scientifiques coincés dans leur base (en plus avec une jolie fille). Entourés d’ennemis, dont on sait depuis toujours qu’ils sont de l’intérieur.
De cette psychose qui gagne, du savant fou, de la jeune fille égarée, Bass ne fait rien. Les acteurs jouent donc en ligne droite, pieds nus sur des rails.