C’est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Björn Borg jouait au tennis, et nous aussi. Nous l’aimions car il était cool, calme et gentil. Laurent avait sa coupe de cheveux et son bandeau, et Jean-François sa raquette. Moi, j’essayais d’avoir son revers. Quand à ce petit con de McEnroe, nous le détestions. Parce qu’il était odieux, vulgaire, colérique, et qu’à côté, il y avait le gentil Borg.
30 ans plus tard, le film de Janus Metz vient remettre les pendules à l’heure. Les gentils ne sont pas si gentils et les méchants, pas si méchants.
Ce jour-là, final de Wimbledon 1980, le match était tellement ennuyeux que nous avons pris notre vélo pour faire ce que fait le suédois dans le film : taper contre un mur. Parce que Borg était gentil, mais son jeu était chiant comme la pluie.
C’est le talent du film : se focaliser sur Borg tout en offrant un contrepoint intéressant en la personne de l’american brat. Sans McEnroe, le film ne serait qu’un ennuyeux biopic de plus. De plus, Metz casse un peu la statue. Björn Borg n’était pas calme, il l’est devenu. C’était un psychopathe ; McEnroe l’était aussi. Il faut l’être pour devenir numéro un mondial*. Ces deux animaux sportifs sont formidablement incarnés par Sverrir Gudnason et Shia LaBeouf, ce qui fait beaucoup dans la réussite du film. La partie tennistique reste peu passionnante, comme toutes les tentatives de filmer le sport au cinéma.
* Dans Libé de ce samedi, Noah raconte que Connors, très fair play lors d’un match, était venu le relever après qu’il soit tombé. Applaudissements du public. Puis, in petto, il avait demandé à l’arbitre de disqualifier le français, resté trop longtemps au sol selon lui… Dans le même genre le CineFaster pourra voir Jimbo, l’excellent doc sur Connors.