mardi 30 janvier 2018
La Femme au Tableau
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
La Femme au Tableau est un film sur un sujet compliqué : la restitution des objets dérobés par les nazis pendant la guerre. Compliqué parce que malgré ce qu’on dit en général, et malgré l’horreur de la seconde guerre mondiale, la phrase suivante est difficile à formuler : il est bizarre de vouloir rendre ce qui été volé.
Pourquoi ? Parce que l’histoire de l’humanité est entièrement faite de cela. Il suffit d’aller au Louvre pour comprendre qu’il y aurait beaucoup de choses restituer, et à beaucoup de gens. On pourrait commencer par l’obélisque de la Concorde. Et ce serait sans fin : restituer aux espagnols des objets volés par Napoléon, fabriqués dans l’or volé aux Aztèques ayant eux-mêmes pillé les toltèques ?
Les Américains, qui se préparent très certainement à rendre toutes les terres qu’ils ont dérobées aux indiens, n’hésitent pas à faire la morale au monde entier sur ce sujet. Et Hollywood est en première ligne, notamment via cette Femme au Tableau.
La femme, c’est Adele Bloch-Bauer, peinte par Klimt dans le célèbre tableau La Dame en Or. L’héroïne, c’est Maria Altmann (Helen Mirren), sa nièce. Réfugiée aux Etats-Unis, elle va se battre dans les années 2000 pour récupérer auprès du gouvernement autrichien les peintures possédées par sa famille.
Dans le film, on lui conseille un lointain cousin, avocat falot parfaitement interprété par Ryan Reynolds. Qui refuse au début, puis, évidemment, finit par y aller. Le film entremêle le combat juridique d’aujourd’hui avec la reconstitution de l’époque, des premières persécutions des juifs, à l’exil final. A l’évidence, c’est la partie la plus mal faite du film, qui cherche à provoquer les larmes sans s’en donner vraiment les moyens.
Quand on rentre par la suite dans le film de procès, le couple improbable de la vieille dame et de son cousin se met à gagner des batailles, la dramaturgie décolle, et l’on est emportés par les deux excellents comédiens, dans un film pourtant très faible.
samedi 27 janvier 2018
L’Ultime Razzia
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
L’Ultime Razzia est en salle, c’est un Kubrick, ça ne se refuse pas.
Un des personnages dit dans le film, de façon prémonitoire « On attend la même chose des gangsters et des artistes : qu’ils se plantent ».
Je n’avais pas été impressionné à mon premier visionnage de L’Ultime Razzia ; et je ne le suis toujours pas. Certes, les innovations Kubrickiennes se mettent en place, tout comme quelques thématiques (le masque, les femmes fatales, le couple dysfonctionnel) mais dans l’ensemble, L’Ultime Razzia est un polar traditionnel. Et Kubrick n’a pas encore très confiance dans son art. Une voix off vient raconter ce qui s’est passé avant, mais pourquoi ne pas le montrer ?
L’histoire est assez originale, un casse sur hippodrome, mais un peu alambiqué : tuer un cheval pour créer une bagarre qui distraira l’attention des flics et permettra de s’emparer de l’argent…
Depuis néanmoins certaines scènes ont fait école : les billets qui s’envolent à la fin ressemblent à la fin de Panic Room, le fatum général peut se retrouver dans Heat, etc. Mais il y a d’autres Kubrick plus urgents à voir et à revoir…
mardi 23 janvier 2018
Top of the Lake
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
On était passé, à vrai dire, à côté du phénomène Top of the Lake, malgré les nombreuses recommandations des copains et copines qui ont généralement bon goût. Et puis là, ça passe sur Arte saison deux, et donc on regarde la saison une.
Petite escapade dans les aventures numériques, la série est disponible Arte +7, mais uniquement en VF. Après quelques radineries auvergnates, nous finissons par opter pour Arte VOD, avec un format à 1,99 € l’épisode en VO. Pour découvrir que l’intégrale est disponible pour 8.99€. L’essentiel n’est pas là, mais pour ce prix on a une horrible numérisation, pâle et baveuse, très loin des standards HD. Il y a encore du boulot avant d’être Netflix, les gars…
Mais passé ces petits problèmes techniques, Top of the Lake est une merveille. Et prouve au passage que la distance est faible entre le pâté et le foie gras. Dans les deux cas, c’est de la cuisine ; dans les deux cas il y a du foie, mais ce qu’en fait le cuisinier (le showrunner) change tout. L’histoire, basique, est pour tout dire totalement rebattue. Une petite fille a disparu, des bikers trafiquent de la drogue, une secte s’est installée près du lac, le tout dépaysé non pas dans un pays nordique mais dans son équivalent austral, la Nouvelle-Zélande.
Il y en a des centaines comme ça, des polars soi-disant exotiques, norvégiens ou suédois, qui ne font finalement que ressasser les mêmes thèmes (pédophilie, passé trouble, petite ville aux secrets inavouables) et appliquer les mêmes recettes. Jane Campion, c’est autre chose, elle tord tous les codes du polar. Et en fait en quelque sorte un objet réaliste. Par exemple, la fliquette (formidable – une fois de plus – Elisabeth Moss), s’oppose au chef biker (Peter Mullan) lors d’une perquisition. Elle veut absolument visiter les sous-sols, qui intriguent tout autant le personnage que spectateur depuis le début de la série. Mais le biker lui résiste, sans justification. Dans n’importe quelle série, la fliquette sortirait son arme, son mandat, son supérieur, et obtiendrait satisfaction. Ici, le rapport de force n’est pas en sa faveur. Elle s’incline.
Ce genre de réalisme est tout à fait exotique. En jouant avec les codes, Campion fait travailler le spectateur, habitué aux clichés du genre ; son cerveau se met à partir dans toutes les directions, pour son plus grand plaisir.
Et si la solution n’est pas des plus originales, elle est pourtant parfaitement aboutie. Bien filmé, formidablement joué par ses acteurs, mais sans affectation, Top of the Lake est une réussite.
lundi 22 janvier 2018
Topten 2017
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films -
Playlist ]
Celui qui ne répond pas aux invitations du Prince d’Avallon peut se retrouver coincé pour l’éternité dans ses brumes. Malgré mes faibles dénégations, je fus donc obligé d’honorer le rite annuel du Topten-Galette. Voici donc le résultat de ce rachitique Topten 2017, transformé en Top5 et Bottom3 :
TOPFIVE 2017
1 Certaines Femmes
2 Get Out
3 Dunkerque
4 Une Vie Violente
5 La La Land
BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Tombé du Ciel
3 Alien:Covenant
Quant à mes petits camarades, ils ont classé les films comme suit :
TOPTEN 2017
1 La La Land
2 Le sens de la Fête
3 Coco ex aequo avec
4 Le Caire Confidentiel
5 Detroit ex aequo avec
6 Get Out
7 Au-revoir Là-haut
8 Nocturnal Animals
9 Dunkerque
10 Faute d’Amour
BOTTOMTHREE
1 Nocturnal Animals
2 Marie Francine
3 …et pleins d’autres films ex aequo
Pour la première fois, un film est dans le Topten et le Bottom : Nocturnal Animals. Mais c’est exactement ce que le film mérite !
A l’année prochaine ?
lundi 22 janvier 2018
Le Livre d’Eli, nanar du jour
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Votre journée a été difficile ? Votre entretien annuel ne s’est pas déroulé comme prévu avec votre boss ?
Pas de problème, C8 a pensé à vous en diffusant ce soir, Le Livre d’Eli, le chef d’œuvre des frères Hughes.
Les avis divergeant à l’époque, entre l’eschatologie crypto-chrétienne du Framekeeper et la chronique bouffe-curé du Professore.
Néanmoins, ce Book of Eli reste un must have si vous voulez vous détendre ; rien de mieux en effet que Denzel en prophète chrétien, Mad Max style, se rafraîchissant les aisselles avec des lingettes KFC …
Pour la pizza je recommande une Hawaïenne / Quattro Stagioni avec un Ice Tea…
Le livre d’Eli
C8, 21h
samedi 20 janvier 2018
Full Metal Jacket
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Quand Kubrick, en 1987, lance Full Metal Jacket, il est auréolé du succès de Shining. Pourtant, tout le monde pense qu’il arrive bien trop tard. La vague Vietnam, lancé en 1978 par Le Retour, de Hal Ashby, est en fin de cycle ; tous les grands sont passés par là et ont signé des chefs-d’œuvre : Oliver Stone, Francis Ford Coppola, Michael Cimino.
Comme tous les Kubrick, Full Metal Jacket déçoit donc de prime abord. Pas de jungle, pas d’hélico en furie sur du Wagner, pas de questionnement Nietzschéen, pas de soldat en détresse prisonnier du Viêt-minh. Au contraire, Full Metal Jacket se passe en ville (la bataille de Hue, en 1968) et est bizarrement structuré en deux parties ; une qui suit les huit semaines de classe des Marines, et l’autre où l’on retrouve deux protagonistes au Vietnam, pendant cette offensive du Têt.
Car Kubrick as une idée particulière à l’esprit ; il a détesté Officier et Gentleman, la bluette militaro-romantique de Taylor Hackford et en particulier son sergent dur mais juste. Full Metal Jacket doit régler son sort à cette mythologie.
Sa première mission va être de trouver un acteur crédible dans le rôle. Il a engagé comme consultant un vrai sergent instructeur, R. Lee Ermey, mais celui-ci ne se prive pas de dire qu’aucun des acteurs ne tient la route. D’ailleurs, il pourrait le faire, lui. Selon la légende, Kubrick lui répond gentiment non. Celui-ci lui claque alors un garde-à-vous, hurlant , que quand on parle au Drill Instructor, on se tient debout ! Kubrick, en un réflexe, s’exécute… et le recrute. Il ne le regrettera pas : Ermey est extraordinaire dans le rôle, et prouvera ensuite qu’il est capable de jouer ailleurs (Seven, Meurtres à Alcatraz, Mississipi Burning, Dead Man Walking, Toy Story !)
Le film va néanmoins être un succès et, progressivement, comme les autres Kubrick, devenir un classique tandis que la concurrence s’efface progressivement (Platoon, pour ne pas le nommer). Car comme les autres œuvres, Full Metal Jacket est riche de thématiques fortes. Voir ci-dessous.
La patrouille perdue
C’est comme si, depuis le début, Kubrick faisait toujours le même film. Depuis Peur et Désir, le thème des soldats perdus irrigue son œuvre. Soit en majeur, la patrouille égarée étant le cœur de l’intrigue (Full Metal Jacket, Les Sentiers de la Gloire, Dr Folamour, et même, d’une certaine manière, l’errance d’Eyes Wide Shut …), soit en mineur (un épisode de Barry Lyndon, les astronautes perdus dans l’espace de 2001, les droogs perdus dans la campagne anglaise d’Orange Mécanique …) Mais le thème est là, toujours présent ; des hommes se perdent, au-delà de leur ligne de front, et retournent à la sauvagerie. En se trahissant eux-mêmes (Les Sentiers de la Gloire, Orange Mécanique), ou en se s’oubliant symboliquement (Bill Hartford ou Redmond Barry). Et souvent, le sexe n’est pas loin. Redmond Barry trouve l’amour auprès d’une jolie paysanne allemande, Bill Hartford expérimente sa sexualité, les soldats de 14 des Sentiers s’émeuvent devant le chant d’une prisonnière allemande. Ici, comme dans Peur et Désir, la patrouille s’égare vraiment, et finit dans les brouillards des fumigènes. Et ici aussi, on attaque et on détruit une femme, en une ultime et dérisoire incarnation de la virilité.
La femme violée
C’est présent dès le titre de Peur et Désir ! Et le thème du viol irrigue tout le film : on parle de prendre des femmes dans toute la première partie. Et pour cause : pas une femme à l’horizon dans le dortoir de Parris Island, et pour seul trou, comme le rappelle le Sgt Hartman (« l’Homme bien Dur« ), leur M-16 !*
Le thème revient au Vietnam avec les prostituées, dont l’une refuse de coucher avec un noir à cause de son trop gros sexe, mais qui est forcé d’accepter. Et l’idée revient dans la scène finale avec la sniper vietminh…
Le masque
Il y a beaucoup de masques chez Kubrick, mais ici, c’est au premier degré. Du sergent Hartman qui joue les terreurs, mais qui demande aussi, indice de son fonctionnement, au Soldat Guignol de lui montrer sa « war face », c’est à dire un visage et un cri de guerre. Un masque. La war face de Guignol n’est pas vraiment convaincante, mais elle fera pourtant l’affaire.
Un autre masque est là, c’est celui, beaucoup plus inquiétant du Soldat Baleine. Le « visage du mal » kubrickien, déjà présent dans Shining ou Orange mécanique, c’est ce regard diabolique, vu d’en-dessous, avec son petit sourire satanique. Baleine est passé dans de l’autre côté, il est déjà en enfer. Et porte sur lui le masque du diable.
L’enfer
Le final de Full Metal Jacket est dantesque, dans le sens littéral. Ce n’est pas l’apocalypse selon St Coppola ; quelques marines contre une seule sniper, mais filmé au milieu des flammes, comme si nos personnages débarquaient au beau milieu de la Divine Comédie. Métaphoriquement en enfer, ils vont presque mourir, puis avoir à prendre une décision hors de la vie, hors de la morale. Il est facile de tuer à 100m, au bout d’un fusil, mais achever quelqu’un à bout portant n’est pas aussi simple. Ce que va apprendre Guignol à ses dépens.
Paint it, black
La chanson finale des Rolling Stones n’est pas innocente. Kubrick expliquait à l’époque à Première, qu’il avait, comme dans ses autres films, traité très attentivement la musique et essayé d’éviter les anachronismes. C’est donc de la musique de 1968, de la chanson patriotique country Hello Vietnam au Paint it black final. Mais cette chanson est bien plus importante, tant elle s’applique à toute l’œuvre kubrickienne : peindre, mais en noir.
Des bas-fonds Angelinos de l’Ultime Razzia, aux désarrois sexuels de la haute bourgeoisie newyorkaise, de l’homme conquérantdans les espaces infinis, au roturier au coeur de la lutte des classes du XVIII°siècle, Kubrick n’aura fait que peindre l’humanité en noir. Son obscurité terrible (Shining), ses bassesses (Barry Lyndon), sa bêtise crasse (Dr Folamour), son absence de repères moraux (Orange Mécanique). Kubrick, c’est l’œuvre au noir. Comme il se plaisait à le dire, la vie n’est pas comme dans les films de Frank Capra.
L’Idiot
Il y a beaucoup d’idiots chez Kubrick : George Peatty, le cocu de l’Ultime Razzia, Humbert Humbert de Lolita, le Général Turgidson de Dr Folamour, ou les parents d’Alex dans Orange Mecanique. Mais Joker est une incarnation plus subtile de la bêtise, de l’inconscience humaine. Si Joker est le pire des idiots, c’est parce qu’il est avant tout un garçon intelligent et cultivé, qui s’engage librement là où tant d’autres sont obligés d’aller à la guerre. Par goût de l’aventure, lui qui veut – moitié sérieux, moitié provocateur – découvrir une grande civilisation et être le premier de son quartier à avoir un mort à son actif.**
Mais Full Metal Jacket peint aussi une forme de résilience amorale. Joker devra affronter la réalité lors de la scène finale, et sera rattrapé par sa bêtise, mais il n’en tirera aucune rédemption. C’est le miroir inversé de la scène de la jonque dans Apocalypse Now.
Willard est le chœur grec de la tragédie du Vietnam. En achèvant un blessé, à la stupéfaction des GIs qui l’accompagnent, il est l’acteur conscient du chaos mais il en tire pour autant une morale, à la fois pour eux (« Je vous avais bien dit de ne pas vous arrêter ») et pour le spectateur (« Je vous avais dit de ne pas vous engager dans cette guerre stupide»). Joker, lui, est l’idiot utile. Il voulait rester un observateur narquois et distant, mais voilà que ses hommes l’obligent à mettre les mains dans le merdier : il devra achever personnellement la sniper vietminh, aux dépens de sa santé mentale, mais sans en tirer un quelconque enseignement moral.
Et par conséquent, dans le final, dantesque lui aussi (des ombres marchent à la surface incendiée d’un monde détruit) Joker sera, tel l’Alex d’Orange Mécanique, guéri.
Retourné à l’âge d’enfant, il pourra chanter tel un boy scout, la marche de Mickey Mouse aux doubles sens guerriers***. Qu’est-ce que l’armée, qu’est-ce que la guerre, sinon l’autorisation donnée aux grands garçons de retourner à une forme de bêtise enfantine ?
Joker pourra désormais vivre « dans un monde de merde », mais il sera vivant.
Et il n’aura plus peur.
*« Tonight, you pukes will sleep with your rifles. You will give your rifle a girl’s name because this is the only pussy you people are going to get. »
** « I wanted to see exotic Vietnam… the crown jewel of Southeast Asia. I wanted to meet interesting and stimulating people of an ancient culture… and kill them. I wanted to be the first kid on my block to get a confirmed kill! »
*** « We’ll have fun, we’ll meet new faces.
We’ll do things and we’ll go places.
All around the world were marching.
Who’s the leader of the club,
That’s made for you and me?
M-I-C-K-E-Y M-O-you-S-E!
Forever man has held a banner
High, high, high. High! »
vendredi 19 janvier 2018
La Terre des Pharaons
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Il faut bien l’admettre, La Terre des Pharaons, c’est Howard Hawks, et pourtant, c’est pas génial. D’ailleurs, ça n’a pas marché non plus en 1955. On voit bien que le film n’est qu’un prétexte pour aller tourner en Egypte aux frais de la Warner. L’anglais Jack Hawkins en pharaon Khéops est à peu près aussi crédible que si on castait Isabelle Huppert dans Les Hommes préfèrent les Blondes.
Et le film met du temps à décoller car il ressemble – très en avance pour le coup – à un docudrama sur la construction des pyramides, avec la belle voix fifties du doublage français (« Mââââlheur à toââââa, reine d’Egyyyypte !!! »)
Mais voilà, la deuxième partie arrive et le film commence : une nouvelle épouse, un complot. Avec une jeune débutante, belle comme un astre, et méchante comme une pie : Joan Collins.
La princesse Nellifer veut l’or du pharaon ; le pharaon veut garder cet or pour l’au-delà. C’est-à-dire enterré avec dans sa tombe. Le complot est vite éventé et la vengeance sera terrible dans la dernière scène du film.
C’est à vrai dire le seul souvenir que j’avais la Terre des Pharaons version Eddy Mitchell / Dernière Séance. Et aussi une anecdote, qui vient probablement de l’excellent Hollywood sur le Nil, le récit du tournage par Noel Howard. Les soldats égyptiens, qui faisaient office de figurants, en avait marre de tracter des fausses pierres en chantant à la gloire de Pharaon sous 40° Celsius. Mais il fallait une phrase pour simuler le chant. « Fuck Warner Bros » fit rapidement l’unanimité…
lundi 15 janvier 2018
Catherine Deneuve
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
« Oui, j’aime la liberté. Je n’aime pas cette caractéristique de notre époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner. Une époque où de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique. Un acteur peut être effacé numériquement d’un film, le directeur d’une grande institution new-yorkaise peut être amené à démissionner pour des mains aux fesses mises il y a trente ans sans autre forme de procès. Je n’excuse rien. Je ne tranche pas sur la culpabilité de ces hommes car je ne suis pas qualifiée pour. Et peu le sont.» […]
« Non, je n’aime pas ces effets de meute, trop communs aujourd’hui ». […]
« J’ai enfin signé ce texte pour une raison qui, à mes yeux, est essentielle : le danger des nettoyages dans les arts. Va-t-on brûler Sade en Pléiade ? Désigner Léonard de Vinci comme un artiste pédophile et effacer ses toiles ? Décrocher les Gauguin des musées ? Détruire les dessins d’Egon Schiele ? Interdire les disques de Phil Spector ? Ce climat de censure me laisse sans voix et inquiète pour l’avenir de nos sociétés. »
Dans Libération, aujourd’hui
dimanche 14 janvier 2018
Southland Tales
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
On se demandait pourquoi Southland Tales, le film du génie qui nous avait donné Donnie Darko et The Box, était resté lettre morte alors qu’il avait fait l’ouverture du Festival de Cannes. Il semble pourtant que le Snake nous avait alerté : simplement parce que Southland Tales n’est pas bon. Il a raison le Snake, le film est raté, complètement raté.
C’est intéressant a posteriori de voir ce genre de film pour comprendre que le nanar n’est jamais loin du chef-d’œuvre. Car l’ambition de Richard Kelly est immense, dans ce film ou ailleurs.
Dans Southland Tales, il veut raconter une histoire à la Philip K. Dick. Le temps a été déréglé par une nouvelle source d’énergie, et il est possible que deux avatars de votre petite personne en même temps. Kelly y agrège toutes les obsessions californiennes : fin du monde/porno/extrême droite.
Même si tout cela est très brillant, même si la fin fournit une forme de compréhension générale, le reste est bien trop abscons pour qu’on y prête attention. On saisit aussi l’intention humoristique, mais ça ne marche pas, car on n’arrive pas à s’accrocher à un personnage ou à une histoire.
On attend le prochain, Richard ?
dimanche 14 janvier 2018
El Presidente
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Quand on cherche à démontrer ce que le cinéma doit être, il y a El Presidente (La Cordillera en argentin). Une pure merveille de cinéma, caché dans un film argentin, coincé dans les profondeurs du programme du MK2, entre Coco, Paddington2 et Pitch Perfect3.
On n’y serait pas allé si le Prince d’Avalon ne nous y avait fortement invité, avec une prestation all-inclusive VTC-ciné-resto : on vient vous chercher, on vous emmène au restaurant et on vous redépose après. Avec une telle proposition, on aurait volontiers accepté La Promesse de l’Aube.
Mais peu importe, s’il s’agit de cinéma. Le cinéma, un art qui semble s’être perdu au début du XXIe siècle, qui collait côte à côte des plans et demandait aux spectateurs de réfléchir à que ça pouvait bien vouloir dire.
Dans El Presidente, l’intrigue est épaisse : on part sur une histoire de plombier, et ensuite on passe au bureau du président argentin Hernán Blanco (le chouchou Ricardo Darín). Au spectateur de se débrouiller avec ça. Et puis nous voilà au Chili, au sommet de la cordillère, pour… un sommet des pays d’Amérique du Sud. Et puis une fille du presidente qui ne va pas bien.
Évidemment le cerveau du cinéphile, complotiste comme chacun sait, cherche à relier les fils : la fille ? L’ex-gendre ? La conseillère ? La fille dans la chambre ? Et les Américains dans tout ça ? Et le plombier ? Pendant deux heures, le cerveau fonctionne à plein régime ; on ne peut pas dire ce soit le cas des films qu’on va voir ce moment. Et comme tout est sans couture apparente (jeu des acteurs, mise en scène, cadrages, musique, toute la technique reste invisible), Santiago Mitre, le réalisateur, a tout loisir de jouer avec nos nerfs. Le président est au bord d’une falaise : il va se faire pousser dans le vide ? Au bord d’une fenêtre ? Les Américains vont le tirer comme un lapin, comme à Dallas ? À chaque fois, Mitre s’avance. Profite de tous ces films qu’on a vus et qui propose des solutions au mystère. Et il s’arrête, pile au moment où ça pourrait devenir plus sérieux. Et met les spectateurs en tension jusqu’à la conclusion finale.
Jouer avec le cerveau du spectateur, ça s’appelle simplement le cinéma…