Le pitch d’El Bar est simple et rigolo : des gens que tout oppose se retrouvent enfermés dans un bar populaire de Madrid. Le hipster barbu et branché, et la pépète sexy qui va à un rancard, la vieille joueuse de loto, etc. Enfermés pourquoi ? On ne le dira pas, parce que le film tutoye plusieurs genres à la fois.
Mais à partir de cette situation de départ minuscule, Iglesia lance son train fantôme à toute berzingue. Rebondissements à la chaîne et répliques cultes s’entrechoquent. Mais deux choses viennent amoindrir ce beau programme : un manque de confiance dans le cinéma. Tout est dit, répété ; il y a beaucoup trop de dialogues. Iglesia est très habile de sa caméra*, et pourtant beaucoup plus pourrait être dit cinématographiquement. En fait l’ennui point, car on perd vite intérêt pour ce babillage, même brillamment écrit, même brillamment filmé.
Deuxièmement, si El Bar démarre très fort (par un très beau plan séquence d’exposition), une fois les personnages rassemblés, l’explication est vite connue. Or on est habitués, dans ce genre de films, à plusieurs rebondissements, à plusieurs twists. Donc on guette jusqu’à la fin une autre explication qui ne viendra pas.
Ce n’est pas très grave car El Bar est un joyeux divertissement, et c’est déjà pas mal…
* On comprend alors ce qui a plu au seigneur Ostarc, toujours avide d’images bien léchées et de film bien foutu, et qui nous avait fortement incité à voir El Bar. A moins que ce ne soit la passion de Bianca Suarez pour l’huile d’olive ?