L’intention est louable, mais les bonnes intentions ne font pas forcément les bons films. Ici, on veut démontrer – sous la forme d’une fable – qu’une petite insulte peut dégénérer en guerre civile, ou même, que la guerre civile qui ravagea le Liban explique le caractère irréconciliable de la situation des palestiniens, des juifs et des arabes dans ce pays. Il y a là toute la matière pour une tragédie ou une comédie.
Mais si L’insulte atteint bien ses objectifs-là, ce n’est pas un film. C’est un devoir pédagogique, qui fait irrémédiablement penser… à un film français*. Pas assez de personnages, trop de dialogue, pas assez de cinéma. C’est ultra pédagogique, mais peu subtil. Le film oscille parfois vers la comédie, avec des situations absurdes et irréalistes (le président libanais essayant de résoudre lui-même le conflit de voisinage) mais revient vers le tragique (les révélations sur le passé des protagonistes). Le réalisateur ne semble pas savoir vraiment le film qu’il veut faire ou le fait mal (l’accident du livreur, qui arrive trop rapidement).
Et comme les films français, on essaie de générer artificiellement de l’émotion via un personnage neutre : par exemple, l’entrepreneur arabe, la femme du garagiste ou la femme juge, qui vous disent régulièrement ce qu’il faut penser.
Dommage. Car le propos, lui, n’est pas commun…
*L’insulte est un film franco-libanais