Au risque de me brouiller avec la Professora, posons la question qui fâche : « Que trouve-t-on exactement à Peau d’Ane ? » Ce film est en bonne place dans le patrimoine cinématographique français et pourtant, les décors sont nuls, les chansons sont nulles et tout le monde joue – et chante – comme un pied.
Probablement, ce qui s’appelle enfance, c’était dire découvrir pour la première fois la féerie du cinéma : le manteau magique, les personnages du roi en bleu, le Prince charmant en rouge et le chat blanc. Et oui, Catherine Deneuve est d’une beauté à couper le souffle, tout comme Jacques Perrrin. Et comme tout conte de fées, il apprend aux filles à ne pas être trop proche de leur papa.
Mais si on n’a pas eu cette enfance-là, c’est trop loin et c’est trop long.
Bon. On est peut-être un peu amoureux d’Amy Adams, mais s’il y a un pilote qui déchire en ce moment, c’est bien celui de Sharp Objects. Cet Episode One est si formidable qu’il vous hante immédiatement, et on pense aussitôt à True Detective, dont la phrase finale “Start asking the right fucking question…” nous avait laissé pantelants, accros dès le premier shoot, à la drogue de monsieur Pizzolatto.
Nous ne sommes pas dupes pour autant : dans six ou sept épisodes, nous serons peut-être en train de nous lamenter sur les ambitions perdues de Sharp Objects. Mais là, tout y est : ambiance poisseuse du Sud, meurtre atroce, journaliste alcoolo… Et les souvenirs qui remontent comme des vieilles godasses à la surface d’une mare croupie. Tout cela est formidablement incarné par une mise en scène nerveuse de Jean-Marc Vallée, déjà le magnifique co-créateur de Big Little lies. Faut-il désormais être québécois pour bien filmer l’Amérique ? En tout cas, Vallée semble prendre un malin plaisir à jeter des brandons ardents sur les plaies purulentes du personnage principal.
A suivre, donc.