Le Dernier Film. Rarement film n’aura aussi bien porté son nom, puisque The Last Movie est le suicide artistique, et donc le (quasi*) dernier film de Dennis Hopper, l’un des surdoués d’Hollywood, un esthète, mais aussi une tête brûlée, comme seule l’Usine à Rêves sait en produire …
Après le succès – aussi phénoménal qu’incompris – d’Easy Rider, le nouvel Hollywood était prêt à dérouler, à l’aube des années 70, le tapis rouge à Dennis Hopper. The Last Movie est un film maudit, mais aujourd’hui on sait pourquoi. Il passe à la Filmothèque, et le cinéphile a l’occasion de comprendre l’échec tant critique que public.
The Last Movie est en effet totalement incompréhensible dans son histoire comme dans son propos. On finit par saisir, par bribes, que le film raconte l’histoire d’un tournage de western au Pérou et ses conséquences la population locale. En l’occurrence – la belle idée du film – que les locaux, découvrant pour la première fois le cinéma, décident d’en poursuivre la magie après le tournage, en bricolant avec des roseaux des simili- caméras, simili-projecteurs et tutti quanti. Dennis Hopper, qui assure aussi le premier rôle, reste sur place, participe au simili tournage et manque d’être sacrifié, finit par chercher de l’or, couche avec une petite amie prostituée puis avec une grande bourgeoise américaine insatisfaite. Bref, tous les clichés seventies sont là, mais n’est pas Antonioni qui veut. Les frustrations de l’époque peuvent donner tout aussi bien Théorème que Persona.
On se peut s’empêcher, bizarrement, de penser à Apocalypse Now … Si les histoires n’ont rien à voir, il y a des similitudes thématiques ; l’intrusion de l’occident et de sa technologie chez des peuples paysans, la frustration sexuelle, l’utopie, etc. Les conditions de tournage furent dantesques dans les deux cas… Mais à la fin, il y avait Coppola, et il avait quelque chose à dire, ce qui manque cruellement à The Last Movie.
* Les suivants seront faits tardivement, sous haut contrôle des majors, mais pas inintéressants : Hot Spot, Colors, sans l’innovation de ses premiers films