vendredi 14 septembre 2018
The Guilty
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Recommandé une fois de plus par Notre Agent au Kremlin, mais également par le fameux Rabillon, on finit par aller voir ce coupable. Encore un titre inutilement traduit en anglais, puisque le film est danois. Mais peu importe, car The Guilty est très réussi. Avec un dispositif minimal (un bureau, un personnage, un téléphone), Gustav Möller arrive à nous tenir en haleine pendant 1h30.
Le Pitch : Asger, policier à Copenhague, plutôt désagréable, et dont on comprend qu’il a été puni, travaille au 112, le service des urgences. Travail monotone : accident de vélo, rixe dans un bar, fêtard aviné à la dérive… Asger prend l’appel, reroute vers un policier de terrain, et déborde même un peu en commentant, goguenard, les méfaits de ses interlocuteurs. Quand soudain un appel plus sérieux se présente ; une femme, visiblement kidnappée. Que va-t-il faire ? On n’en dira pas plus, car tout le film est là, dans cet effet de transfert qui met le spectateur dans le même état d’impuissance que le héros. En un mot, la base même du cinéma.
Il faut beaucoup de talent pour faire ça, d’autant plus que Den Skyldige est un premier film. Gustav Mölle use donc de toutes les ressources que le cinéma, et le hors champ propose.
Et au moment où cela pourrait tirer un peu trop sur la corde de la dramaturgie, le film, intelligent, s’arrête.
vendredi 14 septembre 2018
Fantastic Mr Fox
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
On avait raté le seul Wes anderson qui manquait à notre collection. Une nouvelle rediffusion télé nous a permis de combler ce terrible déficit, et faire la preuve de l’efficacité, une fois de plus, de la recette Anderson : traitement enfantin pour des sujet sérieux (les pères défaillants, l’écologie, l’avidité des hommes), casting All-Star (George Clooney, Meryl Streep, Bill Murray…) et réalisation au cordeau…
Comme d’habitude, à ne pas rater.
mercredi 5 septembre 2018
Under the Silver Lake
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Que dire d’un film pareil ? Qu’il est incroyable ? Pas complètement réussi ? Ambitieux mais désordonné ? Passionnant mais trop long ? En tout cas, on ne voit pas ce genre de films tous les jours, encore moins « aujourd’hui, comme le dit un de ses personnages, au milieu de la production Hollywoodienne actuelle de blockbusters où Monsieur Propre sauve le monde ».
Under the Silver Lake est même difficile à décrire. Les mots buttent. Un Mulholland Drive comique ? Un Inherent Vice moderne ? Le Grand Sommeil meet La la Land ? En deux mots, on dira qu’un trentenaire à la ramasse, Sam (Andrew Garfield) dont on ne sait pas trop bien ce qu’il fait, mais qui travaille à Los Angeles, donc dans la musique ou le cinéma, tombe amoureux de sa jolie voisine blonde. Qu’il la mate à la jumelle de sa fenêtre. Et qu’évidemment elle disparaît.
Ça y est. On déjà cité deux Hitchcock : Fenêtre sur Cour et Une Femme Disparaît. Et ce n’est pas fini. Hitch, Lynch, Chandler, vont apparaitre en filigrane des tribulations tragi-comiques de notre héros.
Le film est long (trop, sur la fin), mais il est aussi éclatant d’intelligence. Dans cette nouvelle ode à la grande ville incomprise qu’est Los Angeles, babylone tentaculaire et magique, on pense aussi au Londres de From Hell, au Paris psychogéographié par Guy Debord, au Paris secret et magique de ses catacombes. Car c’est de cela dont il s’agit : les codes secrets des initiés, les forces obscures qui nous entourent, la passion et la raison. Lynch n’explique rien, et montre. David Robert Mitchell joue avec son escape game à hauteur de ville. Il ne sert donc à rien de vendre ce film : soit vous ferez ce voyage, soit vous n’êtes pas fait pour Silver Lake…
Et si vous avez adoré It Follows, le film précédent de David Robert Mitchell, beaucoup plus abouti, beaucoup plus musclé, celui-ci est aussi à voir. Comme une promenade dans Los Angeles où vous accepteriez de vous perdre.
Et soudain, dans la nuit, la Cité du Quartz.
mardi 4 septembre 2018
El Clan
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Perdu sur une île au milieu de l’Atlantique, surprise ! le Professore Ludovico tombe sur Dans Ses Yeux et force immédiatement la Professora à découvrir le chef d’œuvre de Juan José Campanella. Mission accomplie, on s’apprête à se coucher quand soudain Arte nous prévient que, dans le cadre de sa soirée « cinéma argentin », on va nous passer El Clan, recommandé de longue date par un cinefaster dont on a oublié le nom (écrire à la rédaction, qui transmettra). Comme quoi le dieu des cinéphiles fait parfois bien les choses.
Nous voilà donc obligé d’aligner deux films de suite, ce qui ne se fait pas, vous en conviendrez. Mais ce Clan est pourtant très bien. Passionnant de bout en bout, El Clan est un BOATS proprement hallucinant sur la famille Puccio, dans l’Argentine post-dictatoriale. Ou comment le patriarche, Arquímedes Puccio, un ancien barbouze du régime, aidé de sa femme et ses cinq enfants, a séquestré, puis rançonné quatre personnes avant de les assassiner froidement.
Les personnages sont bien esquissés, du fils joueur de rugby des Pumas sous la domination du père, de la mère, discrète mais semant la terreur, des frères et des sœurs qui n’en peuvent mais. Pablo Trapero tisse avec dextérité la toile d’araignée de sentiments contradictoires qui obligent chaque Puccio à commettre l’irréparable ; l’intérêt, la fidélité, la peur…
Bien évidemment, c’est le genre de BOATS qui marche particulièrement ici, puisqu’on ne connait rien, nous, de cette lamentable histoire. A voir, donc.