Dix années avant Gods & Generals, Ted Turner avait déjà sorti son portemonnaie de Civil War buff, sorti sa collection de soldats de plomb Bluues & Grays, et pour 20 millions de dollars, reconstitué in situ la plus grande bataille américaine : Gettysburg.
Rappelons-en le pitch : Lee, le grand stratège virginien, veut s’emparer de Washington pour faire plier Lincoln alors que la cause sudiste est de plus en plus mal en point. Il opère un grand mouvement dans la vallée de la Shenandoah, mais le général nordiste, Meade, l’attend à Gettysburg. Au bout de 3 jours, et suite à une (rare) grossière erreur de Lee, les sudistes sont défaits. Gettysburg, et ses 50 000 hommes perdus, est le tournant de la Guerre de Sécession. Quelques semaines plus tard, Lincoln fera son célèbre Discours : « à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre. »
Gettysburg, initialement prévu comme une minisérie fut repris et financé par Ted Turner. Il fit évidemment un four au Box-office (voir plus bas) mais connut beaucoup de succès sur le câble et devint un film scolaire, c’est à dire ce qu’il est foncièrement.
Mais voilà, si dans Gettysburg, tout est authentique, jusqu’à l’emplacement exact des canons confédérés, il n’y a pas de film. Pas de personnages, pas d’histoire. On pourrait gagner une heure rien qu’en enlevant les scènes de salut au garde-à-vous, une autre heure quand les canons tirent, et encore une heure quand les fusils tirent… Le seul intérêt réside dans le personnage de Joshua Chamberlain, le jeune colonel héros de Little Round Top (Jeff Daniels), chargé de représenter le point de vue nordiste et d’incarner le bon officier, généreux et attentionné. Mais comme tous les officiers sont vénérés par la troupe (même quand ils les envoient dans une boucherie sans nom), il n’y a aucune aspérité dans le film. Anecdotique pour le passionné, Gettysburg est totalement inutile au néophyte.