Bloodline n’est au départ qu’une série du milieu, c’est-à-dire un produit de grande consommation plutôt bien fait, comme ceux que Netflix sort à la pelle. Il s’agit en effet de l’énième resucée du trauma familial, de la fratrie qui se déchire, trois frères et une sœur et les clichés habituels du loser, du bon petit gars et de la chaudasse…
Si l’on est vite séduit par la qualité de la fabrication de Bloodline*, plus on s’enfonce dans les épisodes, plus cette qualité devient fondamentale. Car le thriller fonctionne sur l’accumulation progressive d’intrigues et d’enjeux, qui, au bout de compte, peuvent finir par sonner creux. Comment tant de malheurs peuvent arriver à tel ou tel personnage de Prison Break, ou de 24 ? Mais ici, dans la Floride étouffante de Bloodline, chaque intrigue est parfaitement liée à la personnalité de chacun des protagonistes. Et c’est le secret de son succès.
Ces intrigues, assez classiques (trafic de drogue, magouilles locales et vieilles histoires familiales) ne brillent pas par leur originalité. Mais c’est le cadre de ces intrigues, un magnifique hôtel d’Isla Morada, villégiature luxueuse des Keys, et l’éternel recommencement des conflits familiaux -emmaillotés en une terrifiante matrice -, qui fait l’incroyable attrait de Bloodline. Le père et le fils, la mère et la fille, les frères et les sœurs et leurs inavouables (et pourtant si communs) secrets.
C’est là que c’est se niche le cœur battant de Bloodline, dans ses personnages formidablement conçus, et remarquablement Interprétés (Kyle Chandler, Ben Mendelsohn, Linda Cardellini, Norbert Leo Butz, Sissy Spacek, Sam Shepard, Jamie McShane, Chloë Sevigny).
Car ce sont nos frères, nos sœurs, nos parents et nos enfants.
Des fois, la fiction est une chose facile.
* par les auteurs de Damages