« On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens », disait François Mitterrand (à moins que ce ne soit le Cardinal de Retz). C’est exactement ce qui arrive à Bodyguard.
Très ambiguë, extrêmement intéressant pendant quatre épisodes, la série sombre dans la pire mièvrerie dans les deux derniers. Pourquoi ? Parce que la série se voit obligée d’expliquer tout ce qu’elle a caché depuis le début. Et quand on relie les fils, évidemment ça pique un peu les yeux.
Cette maladie commune au thriller, comment l’expliquer ? D’abord par la surenchère. En voulant exciter les spectateurs, on y arrive : après 200 mn d’enjeux bombardés ici et là, nous voilà évidemment tout émoustillés. Mais quand il faut résoudre ces enjeux, on n’a pas forcément ce que Bodyguard semblait promettre.
Le deuxième problème, c’est ce qu’on pourrait appeler la physique du film. Dès les premières scènes, on installe un climat, un niveau de réalisme, que la série est censé tenir dans la durée. Soit on est dans James Bond, soit on est dans 24, soit on est dans La Taupe. Ici, on penche plutôt sur la Taupe, intrigues sordides entre services, coups fourrés, vengeances politiques, etc. Mais quand le final se dirige plutôt sur 24, on lâche l’affaire.
Enfin, Bodyguard court deux lièvres à la fois ; l’intrigue de thriller politique, et l’étude de caractères entre le Body (la ministre de l’intérieur esseulée (Keeley Hawes) et son guard (Richard Madden ). La love story potentielle rebondit très bien avec le thriller, Eros et Thanatos se bagarrant à chaque épisode. Cette partie est très réussie, car les personnages sont émouvants, et les acteurs, sexy. Mais quand une partie est résolue, le château de cartes patiemment construit s’écroule.
Et notre intérêt avec.