vendredi 30 août 2019
Once Upon a Time in Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Rien de changé sous le soleil de Tarantino : à nouveau, un
film moralement répugnant, et une quantité inimaginable de talent gâché à tous
les étages.
Rien de changé non plus à la critique française : Quentin Tarantino, comme Woody Allen ou Clint Eastwood, a la Carte : il beau défendre dans ses films des positions que Trump ne désavouerait pas (par exemple, quiconque entre chez moi par effraction mérite la mort), il passe entre les mailles du filet de la critique bien-pensante. Des mailles pourtant assez fines pour faire la moue devant patriotisme Spielbergien du Soldat Ryan, l’enthousiasme fifties de Zemeckis (voir ici) ou le fascisme supposé de Jerry Bruckheimer.
Non seulement Tarantino se repait de la violence sans la moindre distance, mais il a, depuis quelques films, une fâcheuse tendance à réécrire histoire : sauver l’Europe du nazisme (Inglorious Basterds), venger les noirs de l’esclavage (Django), ou ici, réécrire le meurtre abominable de Sharon Tate. Bizarrement, c’est plus choquant cette fois-ci. Peut-être parce qu’ils sont encore vivants, peut-être parce qu’ils sont directement incarnés ; on n’aimerait pas être à la place de Polanski et de la famille.
Pour autant Once Upon a Time in Hollywood ressemble à tous les autres Tarantino ; depuis Réservoir Dogs, on sait que c’est un cinéphile ; Tarantino aime authentiquement le cinéma, c’est indiscutable. Mais son cinéma s’arrête à cette cinéphilie.
Tarantino ne fait que découper des morceaux de ses films préférés, et, comme un scrap-book, les coller ensemble pour en faire d’autres sur ce modèle. Ce cinéma de copier-coller est fait avec beaucoup de talent, mais que de talent(s) gâché(s) ! Le génie de Di Caprio, la coolitude absolu de Brad Pitt, mais aussi des chefs déco, des éclairagistes, des cameramen et bien sûr, de Tarantino lui-même. Il sait raconter une histoire, il sait monter une scène (la ferme). On comprend qu’il attire les acteurs, car il ne leur donne que du caviar à jouer, comme la scène où Di Caprio joue un acteur qui joue un cowboy qui rate sa scène puis la recommence, le tout en plan séquence.
Tout cela est magnifique et passionnant mais malheureusement cela tourne à vide : Tarantino n’a rien à dire. En visite sur les lieux du crime, le Professore a vu le film au Cinerama Dome, 6360 Sunset Boulevard… Mais le soir, repassait sur une obscure chaîne du câble, entrelardé de pubs, le Boogie Nights de Paul Thomas Anderson.
Toute la différence entre un auteur et un faiseur.
mercredi 28 août 2019
20/20
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -
Playlist ]
Les stats, c’est rigolo. Le Professore Ludovico est allé
voir les films auxquels il a mis la note maximale, dans son tableur de
maniaco-dépressif où il consigne les films, livres, concerts qui font sa vie.
9 films ont 20/20 et, le moins qu’on puisse dire, c’est
que c’est éclectique :
- Apocalypse Now
- 2001: a Space Odyssey
- Alien
- Citizen Kane
- Monty Python and the Holy Grail
- Y’a-t-il un pilote dans l’Avion!
- Le Chagrin et la Pitié
- The Rocky Horror Picture Show
- Shoah
Il y a d’abord des évidences (le chef d’œuvre de Monsieur Coppola – final cut ou pas final cut – élu au panthéon du Professore « Plus Grand Film de Tous les Temps » ; 2001, Citizen Kane, chefs d’œuvres pour le coup plus unanimement reconnus, ou encore Alien, chef d’œuvre de la génération « nouvelle cinéphilie eighties », i.e. Starfix ou Rockyrama …)
Suivent deux films idiosyncratiques : Le Rocky, Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion. Même après 22 (et 9) revoyures, ils restent intacts, gravés dans le panthéon du cœur. Idem pour Shoah : revu par bouts, il n’a jamais déçu. C’est le genre d’examen que devrait repasser le Chagrin et la Pitié, ou même Citizen Kane dont on n’a pas vraiment réévalué l’usure du temps.
Au contraire de Sacré Graal, revu récemment, dont la note va être revue à la baisse. Le comique des Monty Python, qu’on croyait imputrescible, a fini par vieillir…
mardi 27 août 2019
Au Poste !
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Il y a toujours quelque chose d’intéressant chez Quentin Dupieux. Si on cherche vainement l’intérêt d’ Au Poste ! pendant 45 minutes (le film dure 1h20 !), tout d’un coup, le charme arrive. Un sens inné de l’absurde, du pas de côté, qui fait la marque de ce cinéaste.
Le début fera rire une autre génération, celle du Palmashow dont vient Grégoire Ludig, le héros, mais ce n’est pas la came du Professore Ludovico. Et on est loin de Rubber (bizarrement pas chroniqué dans CineFast)…
Mais la fin y ressemble, dans la capacité qu’a Dupieux de passer poétiquement, et comiquement, du coq à l’âne.
dimanche 25 août 2019
Un Peuple et son Roi
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Avec Un Peuple et son Roi, on assiste à un spectacle assez étonnant : un réalisateur doué, Pierre Schoeler, aux convictions républicaines assumées, admiré ici pour L’Exercice de l’État, et qui dirige ici la moitié de l’élite actuelle du cinéma français (Gaspard Ulliel, Louis Garrel, Adèle Haenel, Laurent Lafitte, Denis Lavant, Izïa Higelin, Olivier Gourmet, Noémie Lvovsky…) sur un thème porteur : la révolution de 1789, la république, le peuple.
Et au final, un OVNI. Moitié film scolaire pour collégiens, moitié film expérimental d’une incroyable vanité, le tout ne ressemble à rien, et ce n’est pas un compliment. C’est comme si le on n’avait pas su par quel bout prendre cette affaire, et tout est raté : les éclairages, les dialogues, les comédiens : rien ne marche. On aimerait avoir les tenants et les aboutissants de cette histoire pour comprendre cette incroyable ratage.