lundi 12 juillet 2021


Sound of Metal
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

On a failli partir plusieurs fois, et puis on est resté, notamment pour Riz Ahmed. Pas tant que le film était si mauvais, mais qu’on avait l’impression d’y être comme la compagne du héros (Olivia Cooke), confortablement assise dans un camping-car, et dévalant ces autoroutes qui sillonnent les Etats-Unis en de longues lignes droites.

Derek Cianfrance et Darius Marder nous avaient pourtant habitué à bien mieux dans The Place Beyond the Pines. Ici, malheureusement, chaque scène s’enchaine sans surprise à la précédente, déclinant comme un mantra les douze étapes du Voyage du Héros : Le handicap, la colère, la rédemption*… Les premiers progrès, et l’inévitable rechute…

Le monomythe n’est certes pas l’apanage des Star Wars et autre Avengers, mais Sound of Metal l’applique de façon si scolaire, à un genre par essence lourdingue (le film de handicap), que c’en est horriblement monotone…

Mais c’est au moment où l’on croit que le film va se vautrer jusqu’à la fin dans ce gloubi-boulga rédemptionnel et résiliental, que l’action du film est bizarrement téléportée à Paris (filmé à Anvers, sacrés ricains !).

Une scène de fête, une scène sur un banc, et Sound of Metal finit en beauté, c’est-à-dire sur le malheur.

*Obligatoirement à la campagne, parce la campagne c’est bien, la ville c’est le mal.
** Qui te garantit a minima une nomination aux Oscars (Rain Main, L’Éveil, My Left Foot, Le Temps d’un Week-End… la liste est trop longue)
***Si vous allez quand même voir le film, emmenez avec vous les douze étapes du Voyage du Héros :

Le héros dans son monde ordinaire : il s’agit d’une introduction qui fera mieux ressortir le caractère extraordinaire des aventures qui suivront.

L’appel à l’aventure, qui se présente comme un problème ou un défi à relever.

Le héros est d’abord réticent, il a peur de l’inconnu.

Le héros est encouragé par un mentor, vieil homme sage ou autre. Quelquefois le mentor donnera aussi une arme magique, mais il n’accompagnera pas le héros qui doit affronter seul les épreuves.

Le héros passe le « seuil » de l’aventure, il entre dans un monde extraordinaire, il ne peut plus faire demi-tour.

Le héros subit des épreuves, rencontre des alliés et des ennemis.

Le héros atteint l’endroit le plus dangereux, souvent en profondeur, où l’objet de sa quête est caché.

Le héros subit l’épreuve suprême, il affronte la mort.

Le héros s’empare de l’objet de sa quête : l’élixir.

Le chemin du retour, où parfois il s’agit encore d’échapper à la vengeance de ceux à qui l’objet a été volé.

Le héros revient du monde extraordinaire où il s’était aventuré, transformé par l’expérience.

Le retour dans le monde ordinaire et l’utilisation de l’objet de la quête pour améliorer le monde (donnant ainsi un sens à l’aventure).