Le film de Hitchcock commence par une surprise, lui qui préférait plutôt le suspense : des plans bucoliques, un gamin, trois coups de feu, et un cadavre.
Le film bascule alors dans la folie douce : quatre personnes vont découvrir ce cadavre et… ne pas s’en émouvoir une seconde ! Un chasseur sexagénaire pense l’avoir tué par accident, une vieille fille vient draguer le chasseur, un artiste tirer le portrait dudit cadavre. Cherry on the cake : une jeune femme (le premier rôle de Shirley McLaine) affirme que c’est son mari : bon débarras !
Le débat entre ces personnages va alors tourner autour du cadavre ; faut-il le dissimuler à la police ? (Ne me demandez pas pourquoi, Hitch s’en fiche aussi). Au bout d’un quart d’heure, on a accepté cette situation loufoque pour se concentrer sur le reste : le sexe !
Car c’est un des films les plus chaud-bouillants du Grand Hitch, et pas forcément le plus subtil. Pas de tunnel-métaphore façon La Mort aux Trousses, pas de chignon torsadé façon Marnie, ou de fantasme blonde/brune à la Vertigo, mais plutôt des dialogues bourrés de sous-entendus égrillards…
On dissertera donc sur la bonne taille d’une anse de tasse à café « pour hommes », sur la reproduction des lapins, « comme pour les éléphants », sur le mariage « une façon agréable de passer l’hiver », sur l’état de conservation d’Unetelle « les conserves sont faites pour être ouvertes un jour »… et sur le Shirley McLaine, évidemment, jeune rousse aux seins en obus, qu’il faut embrasser doucement, « parce qu’il ne faut pas grand-chose pour y mettre le feu* »… On le voit, on ne nage pas dans la finesse…
Mais Qui a Tué Harry ressemble en fait à une comédie de boulevard ; c’est sa force et sa faiblesse. Au-delà du ping-pong salace, il n’y a pas vraiment de dramaturgie. Un type est mort. On se fiche de savoir qu’en faire… Quant à savoir qui l’a tué, on s’en fiche encore plus.
* « Lightly, Sam. I have a very short fuse. »