Une fois passée la polémique, BAC Nord passe sur Canal et on peut enfin regarder le film dans l’apaisement… Car au final, beaucoup de bruit pour rien : on ne peut pas dire que BAC Nord soit un film politique, mais on ne peut pas prétendre non plus qu’il ne le soit pas. Le point de vue de Cédric Jimenez est clairement du côté de la police qu’on suit dans des scènes intimistes et dans des scènes d’action, toutes très réussies…
Malheureusement, BAC Nord fait partie de ces films qui ne savent pas où ils habitent. Partant sur un mode réaliste (le difficile quotidien des flics dans les zones ravagées par le deal*), Cédric Jimenez nous emmène en terrain connu : Baltimore, McNulty, faire du chiffre à tout prix… On se croit parti dans une critique à l’os de notre système politico-judiciaire. Mais au mitan, BAC Nord bascule dans un tout autre film : l’assaut de la cité des dealeurs. Séquence survitaminée, ça tire dans tous les coins, hors-bords et poursuite en voiture, à la façon des meilleurs Michael Bay. Jimenez est d’ailleurs très bon à la manœuvre… Mais, voilà, on était dans The Wire, on est maintenant dans l’exagération du film d’action, façon The Shield.
Cédric Jimenez confirme, après HHhH, qu’il fait du cinéma adolescent. Un cinéma qui a des idées de cinéma, mais qui ne réfléchit jamais à ce qu’il filme. Un cinéma qui pioche dans les clichés pour illustrer une idée (par exemple, le désespoir des flics en prison), sans se dire une seconde que ce désespoir est un peu ridicule (ils ne sont qu’en détention provisoire)…
En revanche, les acteurs sont bien : François Civil (qu’on n’aime pas beaucoup), révèle l’étendue de son talent, Karim Leklou et Adèle Exarchopoulos sont très convaincants. Seul Gilles Lellouche en fait des tonnes, en Vin Diesel mal rasé.
Il faut dire qu’il n’est pas aidé par des dialogues sottement explicatifs, alors que tout le monde avait compris.
* La vraie affaire est là : l’emballement politique et médiatique autour d’une petite affaire (la plupart des policiers ont été relaxés)
** Illustré par les trois intournables : je hurle, je tape dans la porte jusqu’au sang, je me laisse glisser le long de la porte, la tête dans les mains…