samedi 29 octobre 2022
You shake my nerves and you rattle my brain
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens -
Playlist ]
Too much love drives a man insane
You broke my will, but what a thrill
Goodness, gracious, great balls of fire
I laughed at love ’cause I thought it was funny
You came along and moved me honey
I’ve changed my mind, your love is fine
Goodness, gracious, great balls of fire
Kiss me baby, woo feels good
Hold me baby, well
I want to love you like a lover should
You’re fine, so kind
I want to tell the world that you’re mine mine mine mine
I chew my nails and I twiddle my thumbs
I’m real nervous, but it sure is fun
Come on baby, drive my crazy
Goodness, gracious, great balls of fire
lundi 24 octobre 2022
Illusions Perdues
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
On découvre le cinéma français. On découvre Xavier Giannoli. Devant l’unanimité critique et copinesque, on a fini par craquer pour Illusions Perdues. Et là, c’est le choc : un film très beau, très bien construit, qui croit au cinéma, avec des acteurs au top niveau. Cécile de France lumineuse, Benjamin Voisin déjà vu dans Un Eté 85 mais qui explose ici, Vincent Lacoste enfin dans un autre rôle, Xavier Dolan, Jeanne Balibar, Salomé Dewaels et même Depardieu comme on l’a pas vu depuis longtemps.
Dans une construction simple mais efficace (The Rise and Fall of Lucien de Rubempré), le film use intelligemment de la voix off (souvent la jambe de bois des films qui ne tiennent pas debout). Mais il use de tout le cinéma sans souci d’esbrouffe. La reconstitution est belle, mais pas envahissante. Les effets sont là, mais à bon escient. On est avec Lucien, puis on le déteste…
Ne parlez pas d’une adaptation de Balzac, c’est bien d’un grand film dont il s’agit.
vendredi 21 octobre 2022
Rings of Power/House of the Dragon
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Pour qui s’intéresse à la fantasy, il est intéressant de regarder en même temps Lord of the Rings: Rings of Power, et House of the Dragon. Le Professore Ludovico ne le souhaitait pas, mais le Professorino l’y a obligé. Si la génération Millenials se fout un peu de ce qui sort au cinéma, il est hors de question d’être en retard à Game of Thrones.
Le Seigneur des Anneaux / Game of Thrones, c’est en effet la différence entre high fantasy et low fantasy. En gros, beaucoup de magie dans Le Seigneur des Anneaux, et juste un petit peu dans Le Trône de Fer.
Mais ce qui est intéressant ici, c’est qu’il s’agit de deux prequels. La Maison du Dragon se déroule 200 ans avant GoT, Rings of Power des milliers d’années avant. Les deux séries seront évidemment regardées à l’aune de leurs glorieux ancêtres. L’une vient de se terminer (GoT), l’autre accuse ses vingt ans d’âge. Revue de paquetage…
Pas la peine de lambiner, tout le monde le dit, The Winner Is… House of the Dragon. Malgré des décors plutôt moches bourrés de CGI, la saga de la famille Targaryen est musclée, character-driven, et, on oserait dire : au-dessus de son ainée ! Mais il est vrai que l’on compare 8 épisodes à 73. Centrée sur une seule intrigue, l’éternelle problématique de la succession médiévale, HoD a tout compris du Moyen Âge, de ses enjeux et de ses passions, et des drames intimes qui s’y nouent autour du trône maudit.
Les Anneaux de Pouvoir, eux, déçoivent : beaucoup plus longs, beaucoup plus kitsch, et malheureusement, beaucoup plus cons ! Si au départ, la série s’attache elle aussi à créer des enjeux (une héroïne rebelle, un couple interracial, une amitié en péril…), elle le fait d’une manière si conventionnelle, si grossière, si clichetoneuse, que le jeu est de terminer les dialogues à la place des acteurs… Seul point positif : quelques moments fugaces rappellent la magie spécifique de cet univers (l’Aube, l’Automne, la Lumière…).
Pour le reste, c’est d’un intense mauvais goût. Là où Game of Thrones a toujours su plonger son inspiration dans les racines réelles du Moyen Age (décors et formidables acteurs européens*), Rings of Power s’inscrit elle dans cette odieuse esthétique US, à coup d’elfes manucurés Avlon et d’hobbits zadistes. Dommage…
*dont la performance hallucinante de Paddy Considine, jamais vu à ce niveau…
jeudi 20 octobre 2022
Vive la crise !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
En 1984, une émission d’Antenne2 fit grand bruit. Yves Montand, l’homme de gauche entre tous, aidait le pouvoir socialiste à faire passer la pilule du tournant de la rigueur, en animant une émission pédagogique sur le sujet. On reprend le titre, et l’intention, car il y a en ce moment une crise du cinéma français.
La semaine dernière, une table ronde organisée par France Inter opposait Nicole Garcia, réalisatrice, Jérôme Seydoux, tout-puissant président de Pathé, et Nathanaël Karmitz, président de Mk2. Chacun était dans son rôle : Garcia défenseure de la liberté fondamentale de la création, Seydoux promoteur d’un marketing « Avengers à la française » et Karmitz en avocat bayroutiste du En Même Temps.
De toute part – de Variety à Hollywood Reporter -, on demande l’avis du Professore. Etonnamment, le Ludovico se sent bien en peine de répondre, alors qu’il a beaucoup quelques idées sur l’utilisation des batteries de 155 CAESAR sur le saillant de Kherson.
Mais voilà : crise il y a. Pour une fois, la réponse n’est pas évidente, entre la tentation américaine du tentpole, film événement qui tient le cirque du studio pour l’année (Batman, Jurassic World, Top Gun : Maverick…) et la posture habituelle de l’artiste mendiant des subsides à l’État.
Jérôme Seydoux est évidemment dans le sillage Hollywoodien : événementialisons le cinéma, vendons des places plus chères, en offrant plus : des films spectacles, des innovations (3D, 4D, 5D, Odorama…), de la restauration, des services, etc. Malheureusement, rien n’est moins sûr dans cette industrie que de réussir un film événement. Buzz L’Eclair, basé sur une franchise en béton, vient d’en faire la démonstration… Proposer un cinéma-évènement, ça veut dire aussi événementialiser les sorties ciné, et donc, quelque part, y aller moins, surtout si c’est plus cher. Le cinéma reste le seul loisir fédérateur des classes populaires, loin devant le foot, les concerts, etc. Les ados peuvent y aller et manger le McDo de rigueur, les retraités se faire leur toile une fois par semaine, etc. Pas sûr qu’un cinéma à 25 euros soit la solution…
De l’autre côté, la tentation d’un art mieux soutenu par l’Etat est une plaisanterie. Le cinéma français est déjà sous totale perfusion étatique, en se finançant sur les taxes du cinéma US. Il est normal que des films mauvais (français ou pas) ne marchent pas ! Aider encore plus les films, quelle que soit leur qualité, c’est vider bêtement le panier, déjà percé, de la culture. Que faire alors ?
Le cinéma, en réalité, a déjà connu des crises : le Krach de 29, d’abord, qui avait vidé les salles de son public populaire, aux Etats-Unis puis en France. La télé, dans les années 50, qui avait volé les thèmes basiques (love story, famille, enfants, …) et obligé Hollywood à réagir avec un cinéma à grand spectacle (Western, Peplum). Dans les années 80, la VHS, puis le DVD, avaient d’abord été une menace pour devenir une opportunité. Puis la TV par câble, HBO et les autres dans les années 90, avaient remplacé la niaiserie des family values des grands réseaux (ABC, NBC, CBS) et permis à un public adulte de voir revenir les thèmes sérieux et matures sous formes de series ambitieuses (Oz, les Sopranos, Sex and the City…)
Les plateformes de streaming sont désormais le dernier défi, cumulant les avantages de précédents : un coût faible, un catalogue illimité, des séries pour tous les goûts, de l’enfant à l’adulte. Et surtout, le choix à portée d’un simple clic.
Pourtant, il n’y a pas de doute que le cinéma survive à cette nouvelle épreuve. Il reste le loisir populaire entre tous, et rien que pour cela, le cinéma continuera d’exister. Mais il doit forcément se réinventer.
Vive la crise !
mardi 4 octobre 2022
Athena
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -
Les gens -
Pour en finir avec ... ]
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Il en va de même pour le cinéma. Athena, de Romain Gavras, fait partie de ces films-là. Le cinéaste s’y enivre de sa propre virtuosité, sans réaliser que son œuvre a oublié son âme au passage.
Au début, le film semble très clair : après la mort d’Idir – un jeune maghrébin tué, paraît-il, par des policiers –, ses trois frères réagissent différemment alors que la colère gronde dans la cité Athena. Abdel, militaire de carrière, tente de ramener le calme, alors que Karim, son cadet, dirige la révolte. Le troisième, Mokhtar, est un gangster et espère tirer les marrons du feu.
Le propos, lui aussi, est limpide : la misère des banlieues additionné au complotisme d’extrême droite mène tout droit à la guerre civile. C’est très clairement dit, on ne peut le nier*. Mais plus le film se développe – via des plans séquences étourdissants, comme on en a sincèrement jamais vus au cinéma -, plus Romain Gavras oublie l’essentiel, c’est à dire l’image qu’il renvoie de la banlieue : des jeunes sauvageons, à qui seul la colère anti-flic est accessible. Des familles apeurées, qui fuient leur propre cité sans réagir. Des CRS qui n’ont d’autre solution que mener l’assaut, façon siège médiéval.
Si le film était fun (on pense souvent à un film de zombies), tout cela serait très excitant. Mais Athena se veut un film politique sérieux. Sa description « réaliste » de la banlieue produit l’effet inverse : on est terrifiés par les « héros » d’Athena, et on ne souhaite, comme l’extrême droite, que leur éradication pure et simple. Ce qu’accomplit le film, dans l’explosion finale de l’immeuble.**
Filmer cela sans y réfléchir, c’est grave. Et pour une fois le Professore Ludovico est d’accord avec la critique de la Sainte Trinité, unanime :
« Ce tour de force technique, si impressionnant dans la forme, se révèle particulièrement embarrassant sur le fond »
Télérama
« Romain Gavras assomme le spectateur avec une désinvolture politique qui force l’irrespect »
Libération
« Faux brûlot d’un vrai fétichiste de violences urbaines »
Les Inrocks
« Déluge de violence stylisée, personnages inexistants », « Romain Gavras assomme le spectateur avec une désinvolture politique qui force l’irrespect »
Libération
Sans parler de l’avis – définitif – du Professorino : « Romain Gavras n’arrive pas à se résoudre à l’idée qu’il n’est qu’un blanc privilégié et petit-bourgeois. »
C’est bien le problème d’Athena.
* Dans le making of disponible sur YouTube, le cinéaste parle de la Cité d’Athènes, de la poésie, de la violence, etc. Ce n’est pas interdit, d’autres l’ont fait. Apocalypse Now, La Ligne Rouge se sont aussi enivrés eux aussi de la beauté de la guerre. Mais ces films n’oublient jamais leur but.
** Par un ancien islamiste revenu de Syrie : cherry on the cake