mardi 30 mai 2023
Héritage de Succession
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Pour en finir avec ... -
Séries TV ]
Peut-on enfin mesurer l’incroyable succès artistique que représente Succession, désormais un des 8000 télévisuels après cette season finale d’exception ? Là où il n’y a plus beaucoup d’oxygène pour les series faiblardes, mais en bonne place à côté des autres Everest que représentent Sur Ecoute, Mad Men ou Les Soprano ? C’est-à-dire une série parfaite de bout en bout, sans accroc, ni failles ?
Sur le papier, pourtant, Succession accumulait les tares. Une série sur le monde de l’entreprise, très rarement filmé correctement par nos amis du Monde Merveilleux de la Scène et du Spectacle. Au cinéma, le travail est souvent ridiculisé. Les cadres sont stupides, les ouvriers opprimés… Succession a évité ce premier écueil en proposant des personnages tous aussi horribles les uns que les autres, évoluant dans un cadre réel : un conglomérat de la presse et de l’entertainment. Ce qu’ils font n’est pas idiot, ils constituent des empires, les défont, les revendent : en un mot, ils travaillent.
Le deuxième récif était de faire un Biopic. On ne peut s’empêcher en effet de penser aux Maxwell, aux Murdoch*, et aux Lagardère. Mais en choisissant justement de ne pas traiter un sujet en particulier – faiblesse du Biopic – Succession devient universel en passant du particulier au général. Et fait œuvre.
Troisième point d’achoppement possible : la description du luxe. Si Hollywood, pour des raisons évidentes, est plus à l’aise sur le sujet, il fallait néanmoins soigner le réalisme de chaque détail, à l’aune desquels la série serait jugée**. Yacht, hélico, montres de luxe, vins fins, niveau de langage : tout sonne juste dans Succession.
Après, la série a les qualités habituelles des grandes œuvres : un propos fort, et des personnages solides extrêmement bien joués, sans fausse note aucune. Aussi bien le Front Row (le père et ses quatre enfants, Brian Cox, Jeremy Strong, Kieran Culkin, Alan Ruck, Sarah Snook) que les personnages annexes, Tom et Greg (Matthew Macfadyen, Nicholas Braun), le CODIR Waystar (Peter Friedman, Dagmara Domińczyk, David Rasche) et les vautours qui les survolent (Arian Moayed, et le toujours génial Alexander Skarsgård). Casting parfait, qualité HBO : à simple titre d’exemple, on notera la présence de J. Smith-Cameron, une habituée HBO, dans le rôle de la directrice des affaires juridiques. Elle incarnait quelques années auparavant, une white trash louisianaise dans True Blood.
Dernier succès et non le moindre, avoir su tirer une histoire d’un ensemble de rebondissements répétitifs. Chez ces Atrides de new-yorkais, on s’aime, on s’allie, on se trompe et on se trahit… Pourtant le spectateur n’a jamais l’impression que la série se répète, tant elle est capable de renouveler ces jeux d’alliance (le frère et la sœur, le père et le frère, l’ami et le traitre, etc.), tout en dévoilant petit à petit les fractures intimes des personnages. Roman Roy, interprété par le fabuleux Kieran Culkin, en est le plus vibrant exemple.
Il y a enfin la capacité du showrunner à bâtir, à partir de ces intérêts particuliers, un propos plus vaste. Comme cette saison 4, où les déchirures familiales peuvent potentiellement amener à l’élection d’un clone de Trump.
On constatera l’impact, au sens physique du terme, de ces décisions puériles sur la vie de ceux-là mêmes qui auront créé ce chaos…
* Inspiration originelle de Jesse Armstrong, qui voulait d’abord ne réaliser qu’un film…
** Un contre-exemple possible étant l’adaptation indie – donc fauchée – de l’American Psycho de Brett Easton Ellis par Mary Harron. Pour que le film marche, il fallait des restaurants luxueux, des appartements gigantesques, ce que la production ne pouvait s’offrir.
jeudi 25 mai 2023
Tina Turner (what’s love got to do with it)
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
La reine est morte. Pas celle qui joue dans The Crown, non, la vraie. La Reine de l’Acide, la Reine du Dôme du Tonnerre…
Les souvenirs, c’est quelque chose de spécial pour le cinéphile. On ne se rappelle pas forcément sa vie, on se rappelle des films de notre vie…
Tina Turner, malgré sa carrière musicale dans les années 60 puis 80, c’est avant tout, pour le CineFaster, Aunty Entity, la Thunderdome Queen, le seul point fort, en vérité, de Mad Max 3. Tout de cote de maille vêtue, la vieille (elle avait 46 ans !) emportait le morceau. Elle était belle, elle faisait peur… Dans Tommy, elle jouait et chantait Acid Queen dans un registre plus proche : sexe, drogue et rock’n’roll.
Bref, la Reine est partie, et c’est un bout de notre vie qui s’en va…
mercredi 24 mai 2023
Perry Mason
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
On a oublié de dire à quel point Perry Mason était une excellente série. Seul HBO pouvait avoir cette idée folle de réactiver le procedural des années 50 (271 épisodes sur CBS), et d’en faire un prequel sur les débuts de Perry Mason ? On imagine mal Canal+ réaliser une série sur la jeunesse du Commissaire Moulin…
Mais voilà, c’est la qualité HBO. Acteurs au top (Matthew Rhys, Juliet Rylance, Chris Chalk, Shea Whigham, John Lithgow, Sean Astin, Justin Kirk…) musique jazzy classieuse signée Terence Blanchard, décors aux petits oignons, réalisation soignée (comme d’hab’), mais surtout la Cité des Anges, Los Angeles, notre Los Angeles, L.A. Noire, les Années 30, la Grande Dépression, Dashiell Hammett et John Fante, Hollywood et les tar pits de La Brea…
Après une première saison centrée sur l’enlèvement d’enfant et la montée religieuse, le show tourne cette saison autour du pétrole et des casinos clandestins au large de Catalina. Les passionnés d’histoire angeleno liront en sous texte l’enlèvement de Marion Parker, la scandaleuse évangéliste Aimee S. McPherson, et le Pétrole ! d’Upton St Clair. Autant dire que le CineFaster boit du petit lait. Et qu’il attend la saison 3 – s’il y en a une – avec impatience.
lundi 22 mai 2023
La Série Hamburger
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Encore un nouveau concept ? Le CineFaster va finir par se lasser. Pourtant si, il y a une idée derrière tout ça.
Qu’est-ce qui caractérise McDonald’s ? A Bangkok, New York ou Bourgoin-Jallieu, un BigMac aura toujours le même goût. Steak haché, bun au sésame, pickles, laitue, oignon, cheddar… Pas de mauvaise surprise, pas de bonne non plus…
Il existe en matière de série le même concept. A chaque épisode de Vampire Diaries, on sait ce qu’on va trouver, comme dans un BigMac : un peu de vampire, un peu de romance, une juste dose de frayeur (pas trop gore) et un peu d’humour. Les intrigues seront toujours les mêmes : vie du Lycée, Jocks & Nerds, BFF et teen bitch. On peut prévoir à l’avance ce qui va arriver, tout comme on peut avoir quelques minutes d’inattention ; on retombe forcément sur ses pieds dans la Série Hamburger. C’est le principe, décliné en très grande majorité, tous genres confondus : NCIS, Colombo, Les Têtes Brulées, Joséphine Ange Gardien, The Expanse…
Certes on peut préférer les séries qui « dérangent » le spectateur, lui demandant un effort d’attention ou le sortant de ses certitudes (A La Maison Blanche, Friday Night lights, Game of Thrones…), mais en réalité ces séries usent (de manière infiniment plus subtile) de la recette du hamburger. Pas de Game of Throne sans scène de fesses, pas de Friday Night Lights sans teen romance, pas de Maison Blanche sans engueulade du Président Bartlet).
On pourrait trouver ça dommage, mais c’est le contraire… Une petite envie de vampire, d’humour et de romance ? Ce soir, il y en aura !
dimanche 21 mai 2023
Showing up
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Retour à Portland, dans le KRCU, le Kelly Reichardt Cinematic Universe. En terrain connu, donc : petite maison de bois, héroïne ronchonne, bruits sourds de la ville, ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle. Pas de doute, on est à Portlandia, terre d’adoption, terre d’élection, de la floridienne Kelly Reichardt, ce qui se fait de plus doué dans le cinéma indépendant US aujourd’hui.
On a envie de dire – comme on dit des frères Coen – que même quand c’est raté, Kelly Reichardt, c’est quand même pas mal… Quelque chose manque en effet dans Showing up. Le pitch était pourtant très excitant sur le papier : Lizzie, sculptrice revêche, va bientôt exposer ses œuvres, mais elle recueille un pigeon blessé et son chauffe-eau est en panne ! On imagine tout le parti qu’aurait pu tirer un Tony Scott ou Michael Bay de tels prémisses !
Chez Kelly Reichardt, comme toujours, on patauge pendant vingt minutes. Qu’est-ce qu’on est venus faire là ? N’est-on pas les victimes consentantes de notre snobisme, à chercher du talent dans le vide apparent de Showing up ? Ou veut-elle en venir ? Aussi bien sur le plan de l’histoire que celui du propos, on reste happé dans le vide Reichardtien. C’est oublier qu’à chaque fois la dame prend son temps. Et qu’elle installe toujours ce vide fertile que le spectateur va remplir. A partir d’arguments minuscules, elle fait des films construits et intelligents*.
A la fin, on aura compris. Non seulement pourquoi Lizzie est une cocotte-minute vivante, mais aussi ce que raconte le film – peut-être le plus personnel – de Kelly Reichardt. car on peut imaginer que derrière cette artiste frustrée, coincée dans une famille dysfonctionnelle, sous-estimée autant par ses pairs que par sa parentèle, il y a un peu de Miss Reichardt.
* Un couple essaie de fuit le Dade County (et n’y arrivent jamais) (River of Grass), une jeune femme cherche son chien (Wendy et Lucy), deux hommes se lient d’amitié pour faire des gâteaux (First Cow)
mardi 16 mai 2023
The Fabelmans
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Depuis le début de CineFast, on vous dit de vous méfier de la Valse à Trois Temps. Steven Spielberg, lui le cinéaste honni, trop américain, trop patriote, vilipendé par Le Canard Enchaîné, Libération, Télérama, oui Steven Spielberg devait devenir un jour leur cinéaste préféré. C’est fait avec The Fabelmans. Libé n’y consacre pas moins de cinq pages, en ayant l’outrance de faire amende honorable. C’est donc là, maintenant, qu’il faut se méfier.
The Fabelmans est un film raté, et raté par l’unique faute de Spielberg. Kubrick disait qu’il ne se sentait pas capable de réaliser A.I. Intelligence Artificielle ; il préférait que son ami Steven le fasse, parce que lui serait capable de filmer les bons sentiments.
C’est ici le contraire : The Fabelmans prétend explorer les traumas d’enfance qui ont fait de Steven le Spielberg que nous connaissons. Mais le cinéaste des Dents de la Mer* n’est pas assez méchant pour régler ses comptes avec des parents qui l’ont trahi. Car c’est bien de ça dont il s’agit ; une mère qui l’abandonne (virtuellement puis réellement) pour un autre homme ; un père impuissant – dans tous les sens du terme – qui ne sait pas quoi faire de son fils…
Ce trauma était connu depuis longtemps**, mais Spielberg veut le montrer lui-même pour la première fois. Il veut aussi pardonner à ses parents*** . Tout le film est donc plein d’une empathie assez niaise : où est le trauma, alors ?
Spielberg réussit comme par hasard une seule scène, une scène sans dialogue où le jeune Fabelman-Spielberg découvre à la table de montage la magie du cinéma, qui sait montrer les choses cachées : en l’occurrence, que sa mère trompe son père.
Le reste est interminable, insupportable de bon esprit, même face à l’antisémitisme Californien. C’est tout le contraire qu’il aurait fallu montrer, mais qui a la capacité d’interroger son propre passé, et ce, aussi consciemment ? Certains le font à leur corps défendant (Kubrick excluant l’antisémitisme de Rien qu’un Rêve, la nouvelle originelle d’Eyes Wide Shut). D’autres se refusent à la psychanalyse, comme Lynch. Ses traumas alimentent de visions dantesques ses films depuis quarante ans.
Spielberg est de ceux-là, ses blessures irriguent une œuvre protéiforme qui ne cesse d’étonner. Tout est déjà là, des nazis d’Indiana Jones aux parents défaillants de Jurassic Park…
Il n’y avait pas besoin d’en faire un film…
* Si on était lacaniens, on aurait appelé le film Les Dents de la Mère (mais on n’est pas lacaniens…)
** Un article de L’Express sur Rencontres du Troisième Type l’évoquait déjà en 1978.
*** Il a même fait valider le film par ses sœurs.
lundi 15 mai 2023
La langue étrangère de Succession
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Au-delà de l’incroyable succès de Succession, ce Game of Thrones contemporain, ultra-réaliste, sur les milliardaires et leurs querelles d’héritage, le premier épisode de cette ultime saison nous a fait remarquer un particularisme jusque-là ignoré : la langue. En effet, ces dialogues incroyablement écrits… ne veulent rien dire ! La plupart du temps, on a du mal à comprendre de quoi parlent ces êtres vils. Chaque personnage s’exprime par métaphore, chacun dans son style : obscène et vulgaire pour Roman, le puîné priapique, bullshit entrepreneurial 2.0 pour Kendall, le pseudo manager, et anglais procédural pour Shiv, la décevante cadette.
Dans la scène d’ouverture de ce S04e01, nos héros essaient de monter un site web, c’est-à-dire – pour la première fois – travailler réellement : « The Hundred », site d’info, évidemment disruptif. Mais une autre opportunité se présente, un conglomérat à racheter, à coups de milliards : c’est plus simple. Et c’est encore mieux : c’est l’entreprise que Papa convoite…
Aucune discussion réaliste ne sera envisagée sur la valeur réelle de cette entreprise. Ces affaires-là se règlent à coups d’enchères téléphoniques, comme sur le marché aux poissons de Trouville-sur-Mer*.
Les dialogues, écrits le showrunner Jesse Armstrong, virevoltent comme d’habitude dans Succession. On se perd à saisir les allusions, les jeux de mots vernaculaires et à y comprendre quelque chose. En réalité, il n’y a rien à déchiffrer, si ce n’est le caractère des personnages. Ces enfants sont vides ; leur père, lui, ne l’est pas, même si c’est une ordure castratrice. Leur langue est complexe, châtiée, mais vide. Lui s’exprime par borborygmes, assaisonnés de fuck tonitruants, mais ce qu’il dit est clair, et net.
La scène finale, par opposition, vient démontrer ce propos ; deux personnages se séparent, et pour la première fois, parlent normalement. Et ils pleurent…
Humains, après tout.
* Pour s’en convaincre, il suffit de lire Milliardaires d’un Jour : Splendeurs et Misères de la Nouvelle Economie, l’incroyable livre de Grégoire Biseau et Doan Bui. Les auteurs racontent, avec force détails, comment Caramail, Lycos, ou Libertysurf ont roulé dans la farine des vieux crabes expérimentés comme Bernard Arnault, François Pinault, ou Jean-Marie Messier. Et vendu pour des milliards des entreprise qui ne valaient rien.
jeudi 11 mai 2023
Scream VI
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films ]
Année après année, décennie après décennie, la saga Scream poursuit son chemin. Après avoir méta-analysé les films d’horreur, les copycats des films d’horreur, les médias, les réseaux sociaux, cette dernière itération ne s’intéresse à rien de moins que la mort d’Hollywood.
C’est à vrai dire le seul intérêt de ce film, dont la qualité décline : acteurs moins connus, moins bons, dialogues chétifs… Mais il reste toujours quelque chose à piocher dans Scream.
Ici, c’est la scène finale qui se tient dans un vieux cinéma désaffecté… transformé en musée, vous voyez la métaphore ? Dans ce hangar abandonné, toute une memorabilia de la saga. Photos, affiches, couteaux encore sanglants des véritables meurtres, et, évidemment, la collection complète des Ghostfaces, ces masques terrifiants qui signent le tueur, de film en film.
Il ne faut pas prendre la saga Scream à la légère. Les six films sont quelque part l’annonce du monde qui vient. La gadgetisation de la terreur, le rôle délétère des médias, l’omniprésence des réseaux sociaux : derrière d’aimables et terrifiants divertissements, Scream a toujours dit des choses sérieuses, sans avoir l’air d’y toucher.
Or, depuis quelques mois, Hollywood enchaîne les films de nostalgie Hollywoodienne : Babylon, The Fabelmans, Scream VI. Ce que dit celui-ci, c’est qu’Hollywood est mort, enterré sous le poids de ses propres franchises (dont Scream fait partie) …
C’est évidemment un sentiment que nous partageons ici. Depuis les années 2000, Hollywood est incapable de créer de nouvelles franchises originales qui ne soit pas inspirées de livres ou de comics*. Comme dans les années 50, où la télé prenait le pouvoir, et ne sortaient que des péplums ou des westerns… Hollywood is dead, et c’est peut-être une bonne nouvelle.
*Hormis de rares exceptions (Fast & Furious, Pirates des Caraibes), et des sagas d’horreur (Conjuring, Saw, American Nightmare, Rec, Insidious…)
mercredi 10 mai 2023
The Vampire Diaries
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Séries TV ]
Le Professore Ludovico a fait un pari stupide. Il s’est engagé à regarder Vampire Diaries, huit saisons, 171 épisodes, si la Professorinette se mettait enfin à réviser The Wire, ce qu’elle promet de faire depuis dix ans.
Aussitôt dit, aussitôt fait : après avoir eu la confirmation que la demoiselle savait qui était Snot, on a attaqué la série teen-com, vampire bit-lit de CW.
À vrai dire c’est une expérience intéressante. D’abord en tant que Rôliste… The Vampire Diaries a tous les codes de la Mascarade, le code de ce que font les vampires, ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, les coutumes et la la hiérarchie vampirique, et les différentes façons de les tuer… En clair tout ce qui a été défini par Ann Rice et le jeu de Mark Rein-Hagen, Vampire : The Mascarade. Ces vampires ne viennent clairement pas de Twilight, dont la série se moque à plusieurs reprises.
Et puis il y a le plaisir de regarder une série légère, dont on se fout un peu ; argument avancé par la Professorinette elle-même. On peut regarder The Vampire Diaries en faisant la vaisselle, parce que de toute façon un truc va vous être répété trois fois, au cas où vous n’auriez pas tout compris… On peut même écrire la chronique CineFast de The Vampire Diaries en regardant The Vampire Diaries, c’est dire… Tout cela choquera le cinéphile hardcore, mais c’est le concept même de la Série Hamburger. La Série Hamburger ? Un concept sur lequel nous reviendrons bientôt…
mardi 9 mai 2023
L’étoffe des rêves
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les films ]
L’étoffe dont sont faits les rêves. Quelle plus belle définition du cinéma ? C’est pourtant du Grand Bill, William Shakespeare lui-même, que vient cette expression, tirée de La Tempête*.
Cette phrase a eu une belle postérité au cinéma. C’est une des répliques culte du Faucon Maltais, et même sa conclusion morale. De quoi est faite cette statue de faucon qui accumule la convoitise – et les morts ? Réponse de Bogart-Sam Spade: « The, uh, stuff that dreams are made of** ».
Mais La Tempête a eu aussi d’autres adaptations, dont la plus étonnante est probablement Planète Interdite, avec Leslie Nielsen. Oui le futur Flic pour Sauver la Reine ! L’argument est lointain mais semblable, un vaisseau spatial arrive sur Altaïr, une planète habitée par un seul savant et sa fille, comme Prospero et Miranda. Mais la planète est aussi peuplée de rêves, qui prennent une forme très physique.
Le Ludovico a vu La Tempête récemment, dans une toute petite salle, La Huchette, avec trois acteurs pour jouer tous les rôles***. C’était magnifique. Le metteur en scène, Emmanuel Besnault, n’avait gardé que la moëlle, et avec deux planches et trois bouts de chiffon, reconstituait une île, des bateaux échoués, une grotte…
Le théâtre, c’est aussi l’étoffe dont on fait les rêves.
* « We are such stuff dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep » : « Nous sommes de la même étoffe que les songes et notre vie infime est cernée de sommeil. »
** Une anecdote rigolote en direct d’IMDb : il existe encore 3 statuettes du film de John Huston, et elles valent 1M$ chacune, soit trois fois ce qu’a coûté le film, et en fait au passage l’un des accessoires le plus chers du cinéma…
***La Tempête, de William Shakespeare
Mise en scène d’Emmanuel Besnault
Avec Jérôme Pradon, Marion Préïté ou Juliette Marcaillou, Ethan Oliel