Lola Montès est un film maudit : encensé à sa sortie, mais bide complet en salles. Remonté, charcuté à la demande du producteur, il fut restauré en 2008 dans son montage, ses couleurs, et sa bande-son d’origine.
C’est la version diffusée récemment sur Arte qui amène la chronique ci-jointe.
Lola Montès est un régal pour les yeux, et un étonnement pour l’esprit. Prétendant raconter l’histoire de la plus célèbre courtisane du XIXème siècle, Max Ophuls explose les conventions du biopic. Caricaturant la fin de la vie de Lola, il l’imagine dans un cirque, cornaquée comme un singe de foire par un M. Loyal pragmatique (Peter Ustinov).
Les saynètes de la « vraie vie de Lola Montès, mesdames et messieurs » s’enchainent, avec force clowns et acrobates, et basculent sous la main de Max Ophüls vers les souvenirs réels de Lola : son enfance, son amour avec Franz Liszt, sa rencontre avec Louis Ier de Bavière…
Ophuls ne cherche pas la facilité : il entremêle plusieurs niveaux d’histoires, de dialogues, les plans eux-mêmes sont surchargés de détail du premier à l’arrière-plan. Une partie du dialogue est volontairement mezza voce, à la limite de l’inaudible. Mais ça marche, et on renonce vite à tout comprendre, estomaqué par une telle profusion de sons, de couleurs, de costumes, de décors, et abasourdi par un tel génie de la mise en scène, et par cet enchaînement élégiaque de plan-séquences périlleux.
*Wikipedia, c’est trop génial : j’apprends que Lola Montès est l’inventrice de la formule « Whatever Lola wants, Lola gets », titre aussi d’un film réalisé par Nabil Ayouch en 2008.