Nous ne pensons pas grand bien de Christopher Thompson : acteur médiocre, le plus souvent cantonné à des rôles chez sa talentueuse mère (Danièle Thompson), il n’a pas vraiment impressionné la pellicule jusqu’ici.
Avec Bus Palladium, il signe son premier film, qui, loin d’être parfait, se révèle pourtant prometteur. Car s’il enchaîne les clichés plus rapidement que Desperate Housewives, Bus Palladium brille par son absolue sincérité.
Pour les moins de vingt ans, rappelons ce que fut le « Bus » : un club branché de la rue Fontaine, qui connut son heure de gloire dans les années 60, puis les années 80, en hébergeant la scène rock française. Thompson raconte l’odyssée d’un de ces groupes, et ça sent le vécu. On suivra ces quatre copains au travers de ce biopic rock classique : deux têtes pensantes (chant-guitare) qui se rencontrent, le copain sans talent qui s’improvise manager, les repets, les premiers contacts avec une maison de disque, la tournée, la drogue, etc.
Le premier coup de génie de Thompson est de suivre les théories de McKee, le ponte du scénario américain, et (et sûrement les conseils de sa mère), c’est à dire de ne partir que de son expérience personnelle, même si vous écrivez une histoire d’extraterrestres. Au lieu d’essayer de raconter Téléphone, Trust ou Taxi Girl, Thompson parle de Lust, un faux groupe, mais qui sonne vrai. L’histoire est bien bâtie, sur un traditionnel flashback, les comédiens sont excellents (Marc-André Grondin, Arthur Dupont,
Jules Pelissier, Abraham Belaga), jouent vraiment des instruments (ce qui apporte beaucoup à ce genre de film). On reprochera donc seulement au réalisateur ses scènes à l’emporte-pièce, ses emprunts grossiers (la cravate de The Big Chill, la citation de Jagger), l’irréelle maturité de ses personnages adolescents.
Mais à la fin du film, on en veut plus, ce qui est si rare au cinéma… On guettera donc la prochaine œuvre de Mr Thompson…