Depuis des années, ce film m’intriguait. Beaucoup d’amis m’avaient conseillé de le voir, mais personne ne m’abjurait de le voir. La différence est de taille, car en matière artistique, les gens sont rarement tièdes. « T’as vu The Artist ? C’est vraiment génial ! » Inside Man appartient à un autre territoire, sur la médiane : « Tu as vu Radiostars ? C’est paaas maaaaal !! » Notez qu’il faut bien faire trainer les A, pour prendre cette distance de sécurité indispensable, au cas où le film ne plairait pas au collègue-ami-voisin.
Eh ben voilà, merci TF1, le film de Spike Lee passe dimanche. Bon, rien de Spike Lee dans Inside Man, ni en bon ni en mauvais. Juste un petit film de commande pour faire bouillir la pasta…
Inside Man, c’est le bon film de braquage, ce sous-genre du polar comme le film de sous-marin l’est du film de guerre. Peu de violence, mais cette utopie bizarroïde du vol idéalisé, auréolé – on ne sait pourquoi – de nobles motivations. L’Affaire Thomas Crown, Le Cercle Rouge, tous ces films improbables sur des gangsters vus comme des seigneurs médiévaux.
Ici aussi, on cherche à comprendre ce qui se passe, comme nous l’exhorte Clive Owen dans les premières secondes du film, et c’est ce puzzle qui est plaisant.
Non, l’originalité du film de Spike Lee, c’est sa posture, sa distance. On n’est jamais proche du flic héros (pourtant c’est Denzel !), les méchants ne sont pas méchants (Clive Owen, Jodie Foster, volontairement castés chez les acteurs préférés du grand public), les situations tournent à la farce (la bimbo albanaise, le chewing gum) ; tout laisse à penser que personne ne croit vraiment à cette histoire.
C’est ce qui fait sa force, mais c’est aussi ce qui nous retient de l’aimer vraiment.