Jacques Audiard s’échine, depuis Regarde les hommes tomber, à filmer la réalité. Toute crue, la réalité, celle de nos arrières-cours, les décharges, les HLM de Sur Mes Lèvres, les prisons de Un Prophète.
Le programme, somme toute, des frères Dardenne, sauf qu’il réussit. Et pour une bonne raison : il travaille.
Dans De Rouille et d’Os, chaque plan est travaillé à l’extrême, comme chez Malick. Les comédiens, probablement très bien dirigés, sont parfaits, et Marion Cotillard, pour qui j’ai d’habitude peu d’admiration, signe là le meilleur rôle de sa carrière. Toute en retenue, là où bien d’autres aurait surjoué ce rôle à Oscar, Cotillard est parfaite. En face c’est tout aussi bien (Matthias Schoenaerts), en brutalité pure et en bêtise involontaire.
Cette histoire de dressage d’un homme rustre par une femme handicapée, qui amène la Bête à l’humanité, est splendide.
Pourtant, je suis resté en deçà. La sensation la plus horrible du cinéma, quand vous « sentez » la salle, les gens autour de vous, et la lumière « Sortie de secours » qui clignote au fond à droite. Pire, vous n’êtes pas dans le film, mais vous voyez bien que c’est vous, le problème, parce que le film, il est parfait.
C’est la magie du cinéma : même avec le plus grand des magiciens, parfois le tour ne marche pas.
11 juin 2012 à 21 h 49
Peut-être le plus beau film de Jacques Audiard, qui sait ?
En tout cas, la plus belle chronique de Cinefast (et je les ai toutes lues) !
27 janvier 2013 à 15 h 36
[…] Starbucks 2 Argo 3 Margin Call 4 ex ae De Rouille et d’Os Anonymous Cloclo 7 Jusqu’à Ce que la Fin du Monde nous Sépare 8 Les Adieux à la […]