dimanche 30 décembre 2007


La Nuit Nous Appartient
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Au risque de me fâcher avec toute la critique post-moderne qui rôde aux alentours, sur le net ou dans la presse, La Nuit Nous Appartient est un film raté. Et la déception est d’autant plus grande qu’avec un type comme James Gray, on est dans la Premiere League, et pas chez un obscur tâcheron sorti des griffes de Miramax. James Gray, c’est Monsieur Little Odessa, Monsieur The Yards (déjà un peu en dessous). Mais là, pscchhttt !, comme on disait avant la sarkosie.

Précisons tout de suite que c’est superbement filmé et photographié, on se croirait chez William Eggleston, la musique est superbe, les acteurs géniaux. Y’a juste deux problèmes, le scénario et les dialogues.

L’argument n’est pas ridicule : Bobby (Joaquin Phoenix) est propriétaire d’une boîte branchée à la fin des années 80. Il se défonce et s’éclate avec sa girlfriend portoricaine (Eva Mendes). Mais il est vite sommé de prendre parti : soit rester avec les malfrats et plonger dans le trafic de drogue, soit rejoindre sa famille (son père et son frère sont policiers) et devenir un indic. Il optera finalement pour la seconde solution et finira même par… vouloir s’engager dans la police (Sic) qui… l’accepte (re-sic !) On file un badge à l’ex-drogué, au bad boy, et il se met quasiment à diriger l’enquête ! Déjà, quand le père – parti à la retraite – avait repris l’enquête, on avait froncé les sourcils, mais là ça commence à piquer les yeux… Sérieusement, on ne peut plus faire des films comme ça ! Le Justicier dans la Ville, les premiers Eastwood, passe encore. Mais aujourd’hui, ce n’est plus acceptable, c’est du cinéma de papa !!! Il n’a pas la télé, James Gray ? Il n’a jamais vu un épisode des Sur Ecoute? De NYPD ? Des Experts ? Il ne sait pas qu’on ne devient pas flic en 48h ? Que tous les truands russes ne sont pas obligés d’être tous habillés avec des cuirs noirs et de queues de cheval ? Qu’on n’invite pas un type qu’on ne connaît pas dans son labo où il y a toute la réserve de coke ?

Tout ça ne serait pas un problème si on était dans Batman : Robin a vu la scène du crime, le Commisioner Gordon lui fait jurer sur la Bible serment d’allégeance à la Police de Gotham City et hop, dans la Batmobile ! Mais là, on est loin de « l’opéra crépusculaire », le « drame shakespearien » que nous promet la hype parisienne depuis deux mois :

« Ce drame cornélien emprunte à nouveau le langage du polar mais aussi ceux du western et peut-être du film de samouraï, (…). Il constitue une éclatante leçon de mise en scène, mêlant réalisme et exacerbation formelle » POSITIF

« De la tragédie grecque aux récits bibliques, les paraboles du bon et du mauvais fils sont ici traduites en vertiges, ponctuant son affaire de scènes d’anthologie » L’HUMANITE

« les tourments psychologiques (…) sont exprimés par des acteurs parfaits (…) la mise en scène de James Gray (…) transcende ce polar aux relents de tragédie grecque. » LE MONDE

« Le brio du film est surtout d’avoir parfaitement transposé l’aspect shakespearien de cette histoire de rivalité et de loyauté dans un contexte précis » TELERAMA


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