L’enfer est pavé de bonnes intentions, et Bobby en est la démonstration.
Bobby, c’est d’abord la réunion de tous les acteurs hystériquement démocrates d’Hollywood : Sharon Stone, Demi Moore, Martin Sheen, et Emilio Estevez, le fils de Martin Sheen, qui réalise. Objectif (louable) : réaliser un film choral sur ce 5 juin 68 où le Bob se fit descendre. « Où étiez vous ce jour-là ? » semble demander le film. Et d’aligner numéros d’acteurs sur numéros d’acteurs, ce qui fait le sel du film : Sharon Stone en coiffeuse trompée, Demi Moore en starlette alcoolique, Shia Lebeouf en drogué débutant, le tout étant censé fournir une fresque représentative des sixties.
Mais le film, justement, pêche par là ; trop lourdement démonstratif, trop appuyé, pas assez subtil sur le racisme, la libération sexuelle, le consumérisme.
Et aussi, a-t-on a rarement vu film aussi hagiographique sur son sujet, démontrant par là-même, l’espoir fantastique qu’avait suscité sa candidature, et la fascination tenace des américains pour la famille Kennedy, même 40 ans après. « Notre Famille Royale », disait fort justement Jamais Ellroy. Rien dans Bobby sur le côté obscur des Kennedy : les liens avec la mafia, le père nazi, les deux frères queutards, non, rien de rien : Saint Bobby meurt dans les bras de son épouse, comme le précise le très respectueux générique de fin, illustré de photos de la Sainte Famille. S’il n’était pas mort, il aurait évité le Vietnam, résolu les conflits raciaux et amélioré la situation économique, rien de moins…
Malheureusement, comme disait Kubrick, « la vie n’est pas comme dans les films de Frank Capra »…